Chapitre 6

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Nico se réveilla en sursaut. Il plissa les paupières en voyant la lumière inonder son lit. Il fit rouler ses épaules endormies et sa nuque, courbaturée d'avoir dû supporter le poids de sa tête toute la nuit. Il grimaça en sentant ses muscles protester alors qu'il tentait de se redresser un peu mieux. 

Machinalement, il se tourna vers la place que Will avait occupé, pour ne découvrir que des draps froissés. Son cœur se serra, et un goût rance envahit sa bouche ; le lit lui paraissait étrangement disproportionné, trop grand maintenant qu'il n'y était plus. Avec un soupir, le brun se renfonça sous les couvertures, à la plus grande joie de ses muscles raidis.

En déverrouillant son téléphone, posé sur la table juste à côté de lui, il s'aperçut qu'il avait plusieurs nouveaux messages. Après un instant d'appréhension, il réalisa qu'ils venaient de son cousin Jason, et non de Percy, comme il l'avait d'abord imaginé. Il était gentil, bien sûr, mais Nico ne se sentait pas à l'aise avec lui. Cela dit, il n'était pas non plus spécialement proche de Jason, malgré les efforts de ce dernier. En bref, la famille était un peu trop compliquée à son goût.

Néanmoins, il lu les messages reçus, juste par politesse — ignorer quelqu'un n'était pas dans ses habitudes. 

De : Jason
Salut Nico ! Percy m'a apprit que tu étais à l'hôpital. Tout va bien ? Si tu as besoin de quelque chose, je serais ravi de te l'apporter. Tu peux m'appeler quand tu veux, je ne travaille pas cette semaine. Bon courage !

Encore un soupir de la part du noiraud. C'était dur de ne laisser personne proche de lui, alors qu'ils étaient tous aussi conciliants. Pourtant, le mécanisme de défense de Nico lui interdisait de baisser sa garde pour quiconque. Ignorant la petite voix qui lui disait qu'il avait déjà commencé à le faire pour un certain infirmier, il commença à pianoter une réponse.

De : Nico
Bonjour, merci pour ton message. Ne t'inquiète pas pour moi. Je n'ai besoin de rien. Bonne journée.

Un peu sec, s'aperçut-il en relisant le message. Pourtant, il appuya tout de même sur le bouton d'envoi. Il n'avait pas envie de voir son cousin, qui pensait toujours à bien mais qui fourrait son nez dans ses affaires. En fait, il n'avait envie de voir personne. Si possible, il aurait aimé fusionner avec son matelas et dormir pour plusieurs jours sans se réveiller. 

Alors qu'il était en train d'imaginer les implications techniques de ce plan prometteur, la porte s'ouvrit, laissant entrer Will. Nico ne leva même pas la tête. Il avait deviné, simplement en prêtant attention au bruit des pas du nouvel arrivant, de qui il s'agissait. Il leva tout de même la main pour le saluer, mais garda les yeux plongés dans le vide.

— Bonne nouvelle pour toi ! s'exclama le blond en guise de réponse. Tu vas pouvoir sortir demain soir.

Surpris, le noiraud se tourna vers lui. Il détailla presque malgré lui le visage de l'infirmier, cherchant une trace qui lui prouverait qu'il plaisantait. Pourtant, à part ce qui lui parut être de la déception, il ne trouva rien de tel.

— Vraiment ?

— C'est ce que mon chef a dit. Je suis pas vraiment d'accord, ajouta-t-il après quelques secondes en passant sa main dans ses cheveux ébouriffés. Je t'aurais bien gardé quelques jours de plus ici. Pour surveiller ta santé, évidemment, ajouta-t-il un peu précipitamment.

Nico leva un sourcil, un peu moqueur. Pourtant, il ne releva pas, trop occupé qu'il était à tenter de ravaler la vague de chaleur qui se propageait dans son torse étroit.

— Je t'avais dit que j'étais en pleine forme !

Ce fut au tour de Will de lever un sourcil. Nico leva alors les mains, ricanant.

— Bon, je me rends, t'avais raison. Ô, Grand Infirmier Solace, je m'excuse d'avoir douté de votre grand savoir !

— Je préfère te prévenir : je risque de prendre goût à ce surnom. Je vais me faire renommer comme ça maintenant, je répondrais plus à Will.

— Prends pas trop la grosse tête non plus.

— Faudra que tu me fasses redescendre sur terre si jamais ça arrive.

— L'atterrissage risque d'être un peu brutal alors.

— Tu oserais abîmer mon joli visage ! répondit-il avec une expression volontairement outrée;

— Ça serait bien mérité. On aura qu'à dire que ça sera ma vengeance pour m'avoir retenu prisonnier ici aussi longtemps.

Will leva les yeux au ciel, s'appuyant à une des machines. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que la machine avait des roulettes. Face au poids du jeune homme, le chariot glissa joyeusement loin de lui. Le pauvre infirmier ouvrit grand les yeux en sentant le vide s'ouvrir sous lui et battait l'air des bras en une vaine tentative de se raccrocher à quelque chose. Il échoua misérablement, et s'écrasa au sol avec un bruit mat. La machine s'était arrêtée un peu plus loin, parfaitement intact.

Face à ça, Nico ne put se retenir et éclata de rire. Il n'était pas sur ses gardes et ne put donc retenir le rire qui sortait de lui en cascade libératrice. Il sentit ses muscles se détendre et ses yeux se plisser agréablement. Lorsqu'enfin il reprit son calme, le fantôme d'un sourire flottant toujours sur ses lèves, il s'aperçut que Will le dévisageait, bouche-bée.

—  Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux ma photo ?

—  Oui. Euh, non, enfin oui, mais non, je voulais juste dire... C'est la première fois que je t'entends rire, ajouta-t-il d'un ton étrange.

— Tu devrais pas t'y habituer alors, grommela l'italien en se retournant dans son lit.

Son cœur battant la chamade, il cacha son visage sous les draps, feignant d'avoir froid. Très convaincant, Nico. Il doit faire trente degrés dehors. Quel jeu d'acteur. 

—  Enfin voilà. J'étais venu te partager la nouvelle. Je repasserais plus tard ?

—  A bientôt alors. Bon courage pour la journée.

—  Merci. 

Nico ne se rassit que lorsqu'il entendit la porte claquer. Il enfouit son visage dans ses mains, tâchant de refroidir ses joues brûlantes. Lorsqu'il fermait les yeux, il voyait la manière dont Will l'avait regardé. Qu'il aimait se voir ainsi dans ses yeux... 



Fight me [Terminé]Where stories live. Discover now