Chapitre 9

699 75 36
                                    

— Dépêche-toi, elle va nous rattraper !

Hors d'haleine, Will et Nico sortirent en courant du café, riant comme des bossus. Lorsqu'ils déboulèrent en plein soleil, le noiraud ralentit, plissant les yeux pour s'habituer au brusque afflux de lumière. Il faillit d'ailleurs trébucher. Will ne lui en laissa pas la chance, l'attrapant par la main pour ensuite l'entraîner à sa suite dans sa course folle. 

Les deux jeunes hommes continuèrent à se précipiter entre les passants, tentant d'échapper à leur poursuivante. Finalement, au bout de quelques minutes à bousculer des gens et à s'attirer leurs regards noirs, ils ralentirent, pour se réfugier dans un parc voisin. Nico jeta un coup d'œil par dessus son épaule, toujours souriant, avant de se retourner vers le blond.

— On dirait qu'on l'a semée !

Will regarda aussi dans la direction d'où il venait, avant d'acquiescer, et de rire à nouveau en repensant à la course-poursuite. Lui et Nico s'était fait chasser du café par une serveuse très en colère. A sa décharge, ils s'étaient laissés emporter par un débat (à savoir : quelle créature était la plus dangereuse dans le très connu jeu de cartes Mythomagic) et avaient fini par déranger tout les usagers. Mais se faire rappeler à l'ordre une fois ne leur avait pas suffit : après être retournée leur demander un peu de silence, elle avait finit par les expulser du café afin qu'ils laissent les autres clients un peu en paix. 

— On devrait se trouver un autre endroit. Pourquoi pas dehors, pour profiter du soleil ? proposa Will.

Nico se contenta de hausser les épaules.

— Je suis pas du type lézard, mais ça me va.

— Comment ! Toi, pâle comme la mort en personne, tu n'aimes pas le soleil ! Mais quelle révélation.

Nico lui décocha un coup de coude, refrénant un sourire alors qu'ils se dirigeaient vers le parc. Will avait un effet magique sur lui, qu'il ne parvenait pas à expliquer. Lorsqu'ils étaient ensemble, le noiraud se sentait bien, heureux presque, à sa place, comme si tout allait bien. Il parvenait toujours à le faire rire, même si Nico ne l'aurait jamais admis. 

— Et toi, comment ça se fait que tu aimes tant le soleil ? Tu passes la moitié de ton temps dans un hôpital, mais tu arrives quand même à bronzer. Je suis sûr que c'est pas naturel et que tu mets de l'autobronzant. Will, c'est pas bien de tricher.

— Je sais pas, j'ai toujours aimé être dehors. L'idéal pour moi serait d'être hors de la ville. La nature en général m'apaise, et le soleil me fait me sentir en forme. Après avoir passé un peu de temps à l'extérieur, je me sens toujours mieux qu'avant, que ça soit physiquement ou mentalement. Plus tard, j'aimerais pouvoir m'éloigner de la ville, pour pouvoir continuer à exercer mon métier, mais tout de même pouvoir aussi profiter de ce repos.

Nico sentit son cœur se serrer d'une émotion qu'il avait du mal à qualifier. Les mots de son ami faisaient écho en lui, trouvant une résonance qu'il ne soupçonnait jusqu'alors pas. 

— Je vois tout à fait, ajouta-t-il à voix basse. Le calme, et la paix.

Will lui adressa un sourire en coin, et Nico sentit son cœur louper un battement face à ce qu'il pensait y lire. Il y avait de la douceur, de la compassion, une compréhension mutuelle, de l'appréciation, mais aussi quelque chose qu'il n'avait pas vu dans les yeux de quiconque depuis bien longtemps, surtout pas envers lui. De l'amour.

Il devint soudain très conscient de leur proximité, de son propre corps, qui lui paraissait lourd et gauche. Nico réalisa qu'il devait avoir l'air encore plus pâle que d'habitude une fois exposé au soleil, surtout en contraste avec le teint hâlé de Will. Son regard s'attardait sur les mains de ce dernier, et Nico sentit ses yeux s'écarquiller, ainsi que ses joues brûler.

Will suivit son regard, et eut la même réaction. Après lui avoir saisi la main pour l'entraîner lors de leur course, il ne l'avait pas lâchée. Pire encore, leurs doigts étaient maintenant entrelacés, et Nico ne put s'empêcher de remarquer à quel point ils s'emboîtaient bien ensemble. Pourtant, ses réflexes de survie établis au cours de longues années prirent le dessus, et il dégagea sa main. Immédiatement, une sensation de froid et de vide l'envahit.

Le blondinet ne dit rien, observant toujours l'endroit où s'étaient trouvés les doigts de Nico. pendant un instant, ce dernier eut peur de l'avoir contrarié, mais Will braqua à nouveau ses yeux dans ceux de Nico. Son regard s'était fait sérieux, et Nico s'effraya d'avoir fait quelque chose de mal. Il était déjà prêt à s'excuser, mais son ami le coupa dans son élan. 

— Ecoute... Je vais pas te mentir, Nico, je t'apprécies un peu plus que bien. Je te trouve vraiment génial, et j'ai l'impression que c'est réciproque. Je ne veux pas te brusquer, si tu penses que c'est trop rapide, mais... j'aimerais bien te revoir après aujourd'hui.

Nico sourit intérieurement malgré sa surprise. Même s'il avait aimé passer du temps avec Will, il ne se doutait pas que c'était réciproque. Forcément, l'entendre de sa bouche ne pouvait que le rendre heureux. 

— Moi aussi, j'aimerais bien te revoir. J'aime bien passer du temps avec toi.

Will lui décocha son fameux sourire Ultra White, qui rendait les genoux de Nico un peu mous.

— Super. Vraiment, super ! J'ai hâte. Ecoute, je dois filer à l'hôpital, mais je te rappelle. Ou envoie un message. Enfin bref, tu as compris. A bientôt !

Nico agita la main en le voyant disparaître, toujours avec son sourire aussi large. Même s'il était un peu déçu qu'ils aient dû se déparer aussi vite, il était aussi heureux. Ils allaient se revoir.

Fight me [Terminé]Where stories live. Discover now