II

55 6 16
                                    

Bordel. J'en ai pris un de plus. Mais que je suis bête! 

Je m'accroche désespérément aux bordures des lavabos d'un blanc éclatant. Mes muscles me paraissent soudain fatigués, sans aucune force... et ce vertige qui ne finit pas! Je ferme mes paupières quelques instants en priant pour ne pas m'évanouir. Il ne manquerait plus que ça... Si ça doit se réaliser, mon image de femme froide et sûre d'elle serait complètement déchiquetée. Et les quarantenaires ne manqueraient pas cette occasion formidable de me prouver à grands renforts de mots compliqués qui n'ont aucun sens que je ne suis pas faite pour ce travail. 

Mes mains tremblent tout autant que mes jambes et une sorte de bourdonnement grandit de plus en plus dans mes oreilles. J'ai envie de lâcher, de me laisser attirer par ce sommeil qui m'appelle de tout son être, mais j'essaie de lutter un minimum. 

- Mademoiselle, tout va bien? demande une voix masculine depuis l'entrée des toilettes pour femme. 

Je n'ai même plus assez de force pour articuler ne serait-ce qu'un "oui ". 

- Je vais entrer, reprend l'homme. 

C'est ce moment-là que choisit mon corps pour dire "stop, maintenant je lâche, t'es soûlante à vouloir t'accrocher, là". J'entends faiblement le son sourd que produit mon corps contre le carrelage noir et froid des toilettes alors que des mains viennent tenir ma tête avant qu'elle ne se cogne violemment contre le sol. 

***

Quelques instants plus tard, me revoilà dans le monde du conscient, la lumière artificielle des toilettes agresse mon regard un peu perdu. Soudain, une petite tête empêche à l'éclairage de réduire encore plus mes pauvres yeux en cendres tandis que je reconnais la bouille d'enfant du jeune chef de l'unité.

- Ca va un peu mieux? me demande t-il inquiet avec néanmoins un air sérieux et professionnel accroché à sa figure. 

J'apporte ma main encore un peu tremblante à mon front recouvert d'une fine couche de sueur tandis que j'essaie tant bien que mal de me redresser. 

- Je pense que oui, je réponds alors qu'à peine sur mes pieds, je flageolle. 

Il enlace mon bras entre ses petites mains, au cas où je retomberai dans le magnifique pays de l'inconscient. 

- Vous savez à quoi ça est dû?

- Je ne suis pas sûre.

- Bien, il semblerait que vous ayez fait une chute de tension. C'est souvent dû à des choses comme une déshydratation, une surdose de médicaments ou alors, étant donné que vous êtes une femme, la période de règles. Etes-vous dans votre cycle? fait-il en fronçant les sourcils. 

- Hm, non. Je crois que j'ai pris un médicament en plus. 

- Vous suivez un traitement?

- Effectivement.

- Alors faites attention, Mademoiselle. Il n'y aura pas toujours quelqu'un pour empêcher une commotion cérébrale sur ce sol. Vous devriez vous sentir mieux d'ici quelques minutes. Sur ce, bonne journée, conclut-il en souriant de toutes ses dents, tellement que je n'aperçois plus ses yeux bruns. 

- Bonne journée, je chuchote en retour alors qu'il repasse les portes des toilettes. 

A peine me suis-je retournée pour mouiller mon visage que ma secrétaire débarque à son tour. 

- Julian vous fait savoir que vous pouvez prendre une journée de congé.

- Non.

- Mais...

Pinky Promise -J.PKजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें