Pinky Promise -J.PK

XV

- Recule. 

Je ne rigole pas, à présent. Un pas de plus et je n'hésiterai pas à frapper là où ça fait mal. Plus sérieusement, je n'ai qu'à attendre que Jimin arrive et tout ira bien. Et pour être honnête, quand je regarde la carrure du brun, je sais que même si je le frappe, deux secondes plus tard il sera sur pieds. Il faut que je trouve comment gagner du temps. Mais quelque chose me dit que ça ne va pas être chose facile. 

Il n'est qu'à à peine cinquante centimètres de moi. Beaucoup, mais dans une situation pareille, ça me paraît si peu. Il se fiche de mes menaces et s'approche de plus en plus, son parfum aux odeurs si complexes qu'il a dû coûter très cher envahit mes narines. Ce n'est pas apisant, ça ne fait qu'affoler mon coeur un peu plus. 

Finalement, il m'attrape le poignet et me pousse contre le mur. Il est maintenant si proche de moi que son haleine percute mon visage. Je ferme mes yeux avec force et détourne la tête, priant pour un miracle. J'avais prévu de me défendre, mais cet être perfide ne m'en a pas laissé l'occasion. A croire qu'il est habitué à faire des trucs pareils. Me dire que je ne suis pas la première ne me tranquillise absolument pas. Au contraire, ça augmente mes chances de ne pas en sortir indemne. 

Le brun appuie son bassin contre le mien et ça me donne envie de vomir. En y pensant... ça serait une bonne façon de se défendre... Mais je pense qu'il n'apprécierait pas la blague. 

Je sens sa main contre ma cuisse, qui remonte petit à petit et se glisse entre les deux bouts de tissus fendus de ma robe. Je crie, j'essaie de me débattre, je hurle si fort qu'il finit par poser une main sur mes lèvres. Je doute qu'avec la musique à fond dans le restaurant et l'écho des voix qu'on puisse m'entendre. 

Sa main arrive près de mon sous-vêtement, joue avec le tissu, puis suit la couture. Je dois avoir des yeux si apeurés... Ca n'a l'air de rien lui faire. Mes larmes coulent lentement et viennent s'écraser sur la main qui m'empêche de crier. 

Je perçois de légers éclats de voix à l'extérieur, mais le connard a l'air si occupé dans ses affaires qu'il n'entend rien. Ses lèvres prennent d'assaut mon cou, me le martyrisant presque. Sa main me touche. Je veux dire, me touche vraiment. Mais je n'y ressens absolument aucun plaisir. Je hurle dans sa main, mais rien à faire. Je suis toujours aussi seule face à lui. 

Soudain, la porte s'ouvre à la volée, ce qui fait tourner la tête du brun tout autant que la mienne. Jimin se tient dans l'encadrement de la porte, son torse s'abaisse et se soulève très vite alors qu'un regard meurtrier s'installe sur sa figure lorsqu'il baisse les yeux vers la main du salaud sous ma robe.

- Putain de... il se jette sur Joshua et tout deux tombent au sol. Le grisé commence à lui frapper le visage, si fort que moi-même j'ai mal. Mais je n'ai aucune pitié. En fait, là, je ne ressens rien. Le choc? Peut-être. En tous cas, c'est vide en moi. Je sens encore ses mains là, en bas, et je me dirige vers les toilettes les plus proches. Je régurgite toute la nourriture de la journée, alors que j'entends les cris du brun juste à côté. Je pars dans des sanglots incontrôlables sur le sol froid, me demandant ce que j'ai pu faire de mal. Etait-ce la robe? Ou alors mon maquillage? Peut-être mon décolleté... La fente sur le côté qui laissait entrevoir ma jambe a dû susciter chez lui trop de choses. 

Une main se pose sur mon épaule dénudée de tissu et je sursaute si violemment que je me prend la cuvette dans le dos. Un élancement se propage dans toute ma colonne vertébrale tandis qu'à travers mes larmes j'essaie d'apercevoir qui tente de s'approcher de moi. Jimin. Je saute dans ses bras pour enfouir mon visage dans son cou. Il me berce, passant sa main de haut en bas de mon dos et m'offrant des baisers légers comme des papillons dans les cheveux. 

- J'aurai jamais dû mettre cette robe.

Il m'écarte lui avec force, scandalisé de mes mots.

- Ce n'est en rien ta faute, c'est clair? Est-ce que toi, juste parce qu'un homme va être torse nu dans la rue, tu vas te jeter sur lui? Non. C'est la même chose dans ce cas-là. Tout ce qui est arrivé est entièrement de sa faute. N'ose même pas penser le contraire. 

- J'ai essayé de me défendre, je chuchote.

- Attends, t'as vu déjà juste la taille de ses bras? On dirait mes cuisses! C'est déjà hyper courageux de ta part d'y avoir songé.

Il est si mignon et si réconfortant. 

- Pourquoi tu me regardes comme ça? me fait-il en souriant, une fossette apparaît sur sa joue droite.

- Je t'aime. C'est tout.

Il reste un instant choqué, paralysé, la bouche entrouverte et les yeux brillants et ronds comme des billes. Ses joues se teintent peu à peu d'une délicate couleur rouge alors qu'il baisse son regard vers mes mains qui entourent les siennes.

- J'ai vu quelque chose il y a pas longtemps... dans un livre peut-être? Je sais plus. Ca disait ça: "Je t'aime avec un amour plus profond encore que ce que n'importe quel coeur d'être humain est pu connaître. Je t'aime avec une âme qui a vécu des milliers de vies, en attendant toujours de te rencontrer une nouvelle fois. Donc je peux promettre de t'aimer et d'être tien pour toujours."

- C'est très beau. Tu lis des livres, toi? je dis pour le taquiner. Et aussi détendre un peu l'atmosphère.

Face à ma provocation, il se contente de lever les yeux au ciel et de m'attirer une nouvelle fois vers lui. Je me love contre son torse et écoute la mélodie de son coeur si parfaite à mes oreilles. 

On resta longtemps comme ceci. Deux jeunes gens, amoureux l'un de l'autre, enlacés sur le sol froid des toilettes. Les yeux fermés, humant l'odeur de l'autre. Tout ce qu'ils voulaient, c'était pouvoir vivre une vie magnifique. Mais lorsque le destin a quelque chose en tête, rien n'y fait. L'histoire se finira forcément comme il l'aura décidé.