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Le soleil d'après-midi projette ses rayons contre le parquet noir sur lequel je suis assise. Mes doigts s'entrelacent avec les fils épais du tapis crème tandis que la chaleur du soleil me réchauffe les joues. 

Soudain, mon téléphone, posé pas très loin de moi, se met à vibrer, et c'est avec surprise que je découvre le numéro de ma secrétaire à la crinière de lion.

- Allô? Que se passe t-il?

Je sais que si elle m'appelle alors qu'elle sait mieux que personne que je suis en congé pour une semaine pour cause de surmenage, c'est que quelque chose ne va pas. 

- Le Bureau a besoin de vous, c'est urgent. Julian en personne vous demande. 

- Mais... Pourquoi?

- Une mission urgente, là, tout de suite. L'unité Alpha est déjà sur place.

- Où ça?

- En Amazonie, Mademoiselle.

- Mais je...

- Maintenant! 

Et elle décroche, me laissant dans l'incompréhension la plus totale. Je suis la patronne! J'ai droit à plus d'informations que ça! Mais si Jimin est déjà là-bas, c'est que quelque chose de grave est arrivé. Mais qu'est-ce que ça peut être?  
Je m'habille rapidement d'un jogging et d'un sweater, consciente que ce n'est pas une tenue de travail très approprié mais est-ce utile de dire que JE SUIS EN CONGÉ.
Lorsque j'arrive au Bureau, une tension indescriptible prend d'assaut mes épaules. Juste à cette sensation, je sens que la fin de journée va être dure et longue.

Je me dirige vers la salle de contrôle, là où les ordinateurs et les caméras sont plus nombreuses que les êtres humains qui les dirigent. La porte qui claque derrière moi alerte tous les vieux qui m'attendent sûrement. Qui attendent mes ordres. Un sourire narquois s'épanouit sur mes lèvres à cette pensée. Ils auront beau dire quoique ce soit, c'est moi qui suis au-dessus. 

- Drôle d'accoutrement, Campbell, grogne justement un d'eux.

- Je vous remercie.

L'homme aux cheveux blancs qui m'a jeté cette remarque inutile lève ses sourcils, aussi choqué que si je l'avais insulté vulgairement. 

- Campbell! Venez par ici! me crie Julian.

J'adresse un geste d'au revoir au vieux en faisant mon sourire le plus hypocrite puis rejoins le directeur, histoire de savoir de quoi il en retourne. 

- Quel est le problème, directeur?

- Le PCC. 

Un frisson me parcourt l'échine. Et Jimin est là-bas? Qu'il revienne tout de suite! J'essaie tant bien que mal de ne laisser transparaître aucune émotion. Tout va bien. Jimin est entraîné. 

- Qu'ont-ils encore fait?

- Comme vous le savez, le Premier Commando de la Capitale agit beaucoup dans les prisons. Un massacre de cinquante-sept détenus a été annoncé dans une prison d'Altamira. Et dix-neuf d'entre eux ont été décapités. Les autorités ne savent plus quoi faire, alors elles ont demandé de l'aide aux Etats-Unis. Et c'est là qu'on intervient. Il est temps d'arrêter ces massacres.

- Pourquoi les avoir tués?

- Les cinquante-sept? j'hoche de la tête. Parce qu'ils font partis d'un gang adverse, concurrent par rapport à certains trafics.

- Ce ne sont pas nos affaires.

- Campbell... Julian me lance un regard d'avertissement. C'est de l'entraide entre nations alliées. Ca va bien au-delà d'un gang surpuissant qui massacrent des gens. On a là une question aussi d'entretiens de relations avec les nations voisines. L'entretien de la paix. Vous pensez qu'il se passera quoi si on refuse, hm? 

Je me contente de pousser un soupir lasse. Ce n'est pas lui qui se tape des heures en plus alors que je meurs de fatigue. Même si je dois l'avouer, la nuit passée avec Jimin m'a reposé. 

- Donc, arrêtez-moi ça. L'unité Alpha est déjà sur place. Elle attend vos ordres. Le plan était de rentrer dans la base principale du PCC et de neutraliser ses dirigeants ainsi que les autres présents. 

- Et tout ça avec seulement six hommes? Génial, je fais avec ironie. 

- Six hommes qui en valent le double. Ne l'oubliez pas. 

Non, Jimin vaut beaucoup plus. 

Le directeur me tend une oreillette qui est, je suppose, reliée à celles des militaires. Lorsque je lève la main pour l'attraper, je remarque les tremblements qui la secoue, alors je me dépêche de la saisir avant que Julian ne remarque quoique ce soit. 

La première chose que j'entends quand je l'enfile, ce sont les six respirations synchronisés et les bruits de pas qui retentissent contre le sol dur de la forêt. Puis vient l'image, retransmise directement depuis les caméras de chaque casque de l'unité. Ils courent à travers les hautes herbes tropicales et les arbres gigantesques. La végétation est si dense qu'on ne voit rien à un mètre devant nous. Depuis la caméra d'Aaron Smith, je vois Jimin, juste devant lui, qui avance en courant, l'arme pointée vers des ennemis invisibles. 

- Vous êtes maintenant en connexion avec Phoebe Campbell, elle vous donnera les prochains ordres. 

D'une main, je rabat ma capuche sur mon visage puis demande une chaise. Un employé me l'apporte et, tandis que je m'assois, j'aperçois un fil. A un mètre devant Jimin. 

- Jimin! Stop! 

Il s'arrête immédiatement et regarde autour de lui.

- Qu'est-ce qu'il y a Phoebe?

- Regarde devant toi. A quinze centimètres du sol environ, il y a un fil épais en travers du chemin. 

Deux minutes plus tard, aidé par ses hommes, il l'aperçoit enfin. 

- Cowell et Moore, suivez le fil et dîtes-moi ce que c'est. 

Jimin confirme mon ordre auprès des deux militaires qui se lancent en trottinant, ne perdant jamais le câble des yeux. Environ cinq mètres plus tard, l'armoire à glace et le métisse s'arrêtent d'un même geste devant une fourrée inhabituelle pour les lieux. Du bout de son arme, Moore écarte lentement les fougères et montre aux yeux de tous un boîtier marron. Une mine antipersonnel. Si les hommes ou moi ne l'avions pas vu, ils seraient morts. Jimin serait mort. 

- Ca veut dire que vous êtes proches, Moore, Cowell, revenez avec les autres. 

Les revoilà au complet, et il est inutile de dire que durant tout le temps où les autres suivaient le câble, je ne lâchais pas des yeux Jimin. On ne sait jamais. 

Dix minutes passèrent sans qu'il y est grand chose d'alarmant. Juste de moins en moins de végétation. Puis soudain, sorti de nul part, un immense trou. D'une superficie de deux terrains de football environ, l'endroit est rempli de tentes de couleurs naturelles et de nombreux véhicules tout-terrain. L'unité se cache rapidement derrières les fourrées, réduisant leurs légers essoufflements à un simple bruissement d'air. Même moi je ne l'entends presque pas.

- On y est, chuchote Brown. 

- T'es sûr que c'est eux? lui demande Jimin.

- Obligé, intervient White. Regardez! 

Les six caméras se braquent dans une même direction, tandis qu'on aperçoit un homme traversé le camp à grandes enjambées, pressé, accompagné de deux armoires à glace armées. 

- Marcola... laisse échapper Julian.

Je me tourne vers lui, lui demandant d'un regard d'être plus clair.

Marcos Willians Herbas Camacho, le chef du PCC. Dis-leur qu'ils peuvent y aller, c'est le bon camp. 

Je transmet les nouveaux ordres à l'unité en leur demandant une dernière fois d'être prudent. 

- Je reviens vivant Phoebe, je te le promets.

Pinky Promise -J.PKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant