Chapitre 6 : Cabanon

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Une erreur. Venir n'était qu'une erreur.

~*~

Marinette

La fête ne pouvait que bien se passer. J'avais prévu de mettre un terme à mon ancienne relation avec Adrien, tout allait bientôt n'être plus que de l'histoire ancienne. Alors pourquoi, paniquais-je ? Si tout allait aussi bien que je le disais, il ne devait pas y avoir de problème. Mes mains ne devraient pas être aussi moites et mon corps aussi chaud.

L'idée qu'Adrien puisse à nouveau me toucher, embrasait dans le fond de ma poitrine, une flamme qui m'anéantissait un peu plus le peu de raison que le ciel m'avait accordé à la naissance. J'essayais de paraître calme, d'avoir l'allure la plus sure possible, de ressembler à une femme, mais en réalité l'enfant que j'étais continuait de briller dans mes yeux. Et l'innocence de mes erreurs illuminait encore et toujours l'ardeur de ma passion pour celui que j'avais regretté d'aimer.

Pour ce soir, de ma -notre- dernière nuit, de ma -notre- dernière danse, je m'étais vêtue vraiment très simplement. La couleur rose satin de ma robe laissait à désirer et quant à mes sandales à talons noires ouvertes, elles ne rendaient pas le tout aussi harmonieux que je l'avais imaginé. Pourtant, la tenue m'allait. Elle n'était guère farfelue et ne reflétait que la pure et stricte vérité de ma personnalité. Simple et douce. Ancrée à son passé et pourtant bien présente pour son présent, c'était tout moi.

Un peu brûlante, j'inspirais une dernière fois l'air des environs transpirant le parfum des fleurs et enclenchais le pas vers le cabanon au fond du jardin. Adrien devait déjà m'attendre à l'intérieur, j'avais quelques minutes de retard. Mais cette fois, mon absence était volontaire. Puisqu'à plusieurs reprises, je m'étais détournée pour fuir la fin de mon histoire d'amour. Bien trop apeurée à l'idée de perdre la seule personne qui n'avait été qu'une question de vie et de mort à mon sujet pendant une période. J'en tremblais, terrifiée.

Mais aussi n'était-ce pas sans compter sur l'appuie fidèle du regard porter sur moi de la part d'Alya que je m'étais à nouveau retournée pour fixer d'un œil dubitatif et lubrique la petite cabane non loin de la grande maison de Nino. Emprisonnée dans la forêt, le cabanon était, à moi et Adrien, un ancien repère dans lequel nous nous retrouvions pour laisser nous échapper nos limites...

Et j'avais décidé, tout naturellement, que cet endroit, qui avait autant compté pour nous, devrait être le dernier à voir nos corps fusionner à nouveau, pour la dernière fois.

Plus j'encaissais les pas, et plus la distance s'effaçait. Me ramenant à mon point de départ, j'accumulais une boule dans mon ventre qui n'était autre que le souvenir de nos ébats. Enveloppée dans une bulle grotesque et transparente, je revoyais nos corps se soulever au rythme de nos respiration. Et de sa peau transpirante contre la mienne, alors que nous atteignions l'extase infini du bonheur de la passion d'un amour propre.

Des frissons apparurent sur la chaire de ma fleur intime ainsi que de mes avant-bras. J'allais faire l'amour et rompre ainsi le marché qu'il, que nous avions conclus avec les Peacocks -le plus grand gang de toute la ville. Mayura, leur grand et ultime chef, n'était qu'une personne assoiffée de douleur et de haine. Elle n'aimait rien d'autre que le sang. Et n'idolâtrait que la terre foulée par une seule goutte écarlate étalée sur le textile. C'était une -grande- malade. Une folle aux allures simples, qui d'un point de vue extérieur, ne ressemblait aucunement au monstre qui se logeait dans son âme. Et aux démons qui l'enivraient d'un parfum d'argent, trop fort pour elle et ses sens.

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