ch.10 Hisoko

60 5 0
                                    

PDV Hisoko

Tout le long du trajet en voiture pour rejoindre ma mère, je ne cessais de ressentir une boule au ventre atroce, qui, de temps en temps me faisait souffler de douleur. Après de longues minutes, j'arrivai enfin au bar où ma mère m'avait donné rendez-vous. Je poussai la porte d'entrée avec hésitation, tournai la tête de droite à gauche afin de la voir, quand soudain mon regard se posa sur quelqu'un. Mon cœur se mit à battre drôlement vite et mon souffle s'accéléra. Je vis un sourire se dessiner sur son visage puis elle me fit un signe de la main. Elle portait une robe noir à fleurs comme à son habitude, ainsi qu'un rouge à lèvres rose qui habillaient ses fines lèvres. Je m'approchai vers elle lui renvoyai son sourire et sans même comprendre je me retrouvai dans ses bras.

-Ho mon enfant comme ça fait longtemps, tu n'imagines même pas comme je suis contente de te voir! Dit-elle toute excitée.

Je ne répondis rien en laissant un malaise s'installer entre nous tout en la repoussant gentiment.

-Assied toi donc. Dit-elle.

Mes yeux ne savaient plus où regarder. J'étais si mal à l'aise que j'en venais à m'enfoncer dans la banquette comme si j'allais réussir à disparaître. Je redoutais déjà le moment où elle me poserait des questions sur ma vie sentimentale. Alors pour ne pas lui laisser une chance d'y arriver, je lui demandai:

-Alors le boulot comment ça va? 

Elle me regarda d'un air blasé. Je savais très bien que sa vie professionnelle se passait à merveille car elle m'envoyait chaque semaine un message pour me dire que tout allait très bien et que la seule chose qui n'allait pas, était notre relation "mère fils". 

- Tu sais très bien que tout va bien Hisoko. Parlons de toi. On ne se voit plus depuis ta dernière rupture...

Mon estomac se noua sur ses derniers mots. Un souvenir me revint en tête. J'essayai à tout prix de ne pas m'en rappeler mais j'étais faible, trop faible face à cela. Je sentis la main de ma maman se poser sur la mienne comme pour me rassurer. Et bizarrement mon souffle reprit un rythme régulier. Elle me lança un petit sourire tout en serrant doucement ma main.

-Tu sais que je suis là. Si tu as besoin de parler. Dit-elle tranquillement.

J'eus l'envie soudaine de me blottir contre elle comme quand j'étais petit et que l'orage nous menaçait, et de tout lui raconter. Mais je ne pouvais pas.

-Tout va bien. Répondis-je sèchement.

-Tu en es sûr? 

C'était à ce moment précis que je commençais à regretter d'être venu. Je la connaissais très bien. Ma mère n'était pas le genre de personne à abandonner rapidement. Elle pouvait passer toute la nuit ici dans ce bar jusqu'à ce que je réponde à sa question.

-Ne t'en fait pas. Je n'ai jamais été aussi heureux. Dis-je faussement.

Elle se rapprocha de moi et ouvrit ses bras pour venir m'envelopper tel un cadeau. Je me sentis tout à coup bien. Comme si depuis tout ce temps, je n'étais pas vraiment moi. Je ne m'étais jamais sentis aussi bien qu'à cet instant précis. J'eus l'impression, le temps d'un instant, que j'étais revenu en arrière. Suite à cette pensée je me retirai brusquement de ses bras et me levai de table.

-Je... Je suis désolé maman, il faut que j'y aille.

Elle me regarda ahuri. 

-Mais qu'est-ce qu'il te prend? Demanda-t-elle inquiète.

Je ne pris même pas la peine de lui répondre ni de la saluer. Je me précipitai dans ma voiture et démarrai sans réfléchir. Il fallait que je rentre où ma tête allait exploser.

Une fois arrivé, je m'empressai d'ouvrir la porte et de la refermer directement derrière moi. Une larme coula le long de ma joue. Elle avait réussi à me faire revenir en arrière et à me rendre à nouveau faible. Je chassai cette pensée de ma tête tout en séchant mes larmes. Un silence pesant s'était emparé de la maison. Aucun signe de vie. Je n'avais même pas pris le temps de voir si Akio n'avait pas essayé de sortir de sa chambre.

Après de longues minutes assit sur le sol, je décidai de monter à l'étage pour voir si Akio allait bien. En ouvrant la porte de la chambre je le vis dans un coin de la pièce, une couverture sur lui. Je m'approchai alors, afin de savoir pourquoi il s'était mis ici. 

-Pourquoi tu n'es pas assis sur ton lit? Dis-je en m'accroupissant devant lui.

Il leva la tête et nos regards se croisèrent. Ses joues et son nez étaient tout rouge. Pour la deuxième fois je sentis un sentiment d'empathie envers lui. Il n'y avait que lui qui arrivait à me faire ressentir ces choses là et je ne savais pas pourquoi. Je pris sa couverture que je déposai sur son lit, puis je tendis ma main afin de prendre la sienne. Il regarda ma main, puis il me regarda. Le silence avait pris possession des lieux. Je n'avais jamais vu quelqu'un hésiter autant. J'avançai légèrement ma main vers la sienne afin qu'il m'agrippe, et finalement il se leva sans me toucher. Je me retirai sans râler. Je n'avais pas envie de m'énerver ce soir. 

-Je descends me faire un chocolat chaud, tu en veux un? Lui demandai-je.

Il secoua légèrement la tête de bas en haut pour me dire oui. Alors sans attendre une minute de plus, je me dirigeai vers la cuisine tout en étant suivi d'Akio...

Je lui tendis la tasse afin qu'il la prenne.

-Attention c'est chaud. Dis-je.

Il me remercia et prit une gorgée. Je me sentais presque aussi bien que dans les bras de maman. J'étais content qu'Akio n'ait pas essayé de sortir mais une question me trottait dans la tête depuis peu.

-Akio.

Il s'arrêta de boire tout de suite, et déposa la tasse sur la table. 

- Pourquoi tu étais par terre quand je suis arrivé dans ta chambre?

Il hésita à me répondre, puis après quelques seconde il dit:

-J'avais froid et c'est le seul endroit où le chauffage passe dans ma chambre.

Mon cœur se serra tout à coup. Décidément Akio était très doué pour me faire ressentir des choses, en particulier  de l'empathie.


Avant toiWhere stories live. Discover now