ch.11 Akio

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PDV Akio

Nous avions fini notre chocolat chaud et Hisoko m'avait ramené dans ma chambre mais contrairement aux autres jours, cette fois-ci il avait laissé la porte grande ouverte. Je m'assis sur mon lit sans bouger. Ma tête me disait de franchir la porte et de courir le plus loin de cette maison, mais mon corps ne répondait pas. J'avais beau me dire que ma chance de m'enfuir était juste en face de moi, mes jambes étaient enracinées dans le sol. J'avais si peur qu'il m'ait tendu un piège et qu'il ait fait exprès de laisser la porte de ma chambre grande ouverte afin de voir si je m'enfuirai. Mais cette éventualité s'effaça de mes pensées car à vrai dire, depuis son retour, il avait l'air tranquille, avec une petite mine, comme s'il avait pleuré. Il avait dû surement la laisser ouverte par erreur. J'entendis des pas se rapprocher de moi, alors je tournai la tête. Je vis Hisoko avec un gros carton entre ses bras qu'il déposa au pied de mon lit. Il ne dit rien puis il ouvrit le carton. Je me reculai tout en me demandant bien ce qu'il pouvait cacher dans ce foutu carton. Je m'imaginais déjà le pire. Un cadavre ? Des couteaux ? Des armes ? Pleins d'objets de ce genre me traversèrent l'esprit.

-J'espère que tu auras moins froid avec ça. Dit-il, en sortant du carton un chauffage.

Mes yeux s'écarquillèrent. Pourquoi prenait-il soin de moi tout à coup ? Un chocolat chaud me paraissait déjà louche. Il n'était plus le même depuis son rendez-vous. D'ailleurs je me demandais bien qui avait voulu le voir. Personne ne se doutait une seule seconde que derrière cette image de gentleman s'y cachait une monstrueuse personne.

Il brancha le chauffage et repartit. Il avait une seconde fois oublié de fermer la porte, lui qui contrôlait toujours trois fois si j'étais bien enfermé... Quelques minutes plus tard il revint les bras chargés à nouveau.

-Et voilà. Dit Hisoko en posant deux grosses couvertures sur mon lit.

Je regardai les couvertures sans les détacher du regard. Je ne comprenais plus rien. Il y a encore quelques heures sous la douche il m'avait... Et là, il prenait soin de moi comme au premier jour.

-Merci Hisoko. Dis-je difficilement.

Il poussa légèrement les couvertures afin de s'asseoir à côté de moi sur le lit. Un calme de campagne s'était installé paisiblement dans la maison.

-Je suis désolé, ça ne devait pas se passer comme ça. Dit-il tout en mettant ses mains sur son visage pour le cacher.

Je ne répondis rien.

-C'est à cause de lui. S'écria-t-il soudainement

Je fronçai les sourcils tout en m'écartant.

-Je suis ce que je suis uniquement par sa faute. Continua Hisoko.

Plus il parlait et moins je comprenais ce qu'il me disait.

Il se rapprocha de moi. Nos regards se mélangèrent. Nous étions si près que je pouvais sentir son souffle se poser sur mon visage. Il prit ma main tout en continuant de me fixer du regard. Il avait beau me faire du mal tous les jours et me séquestrer chez lui, j'eus à cet instant précis comme une sensation inexplicable dans mon ventre. Comme si une nuée de papillons venait tout juste de s'emparer de mon estomac. Je détachais mon regard du sien afin de briser ce contact puis je me concentrai sur sa main, qui depuis peu tenait la mienne. Sa chaleur corporelle me donna tout à coup des frissons. Je retirai brusquement ma main de la sienne. Je me sentis sale et une douleur atroce accapara mon ventre. Je me précipitai vers les toilettes sans même demander sa permission. Mais j'eus à peine le temps de me lever qu'il me prit par le bras et s'écria :

-Tu comptes aller où Akio ?!

-Je ne me sens pas bien, je voudrais juste aller aux toilettes.

Il me regarda quelques secondes avant de lâcher son emprise sur moi afin de me libérer. Je couru aux toilettes et me jetai la tête la première dans la cuvette. J'avais l'impression de me vider sans aucune raison. J'eus à peine le temps de me relever et me dire que c'était fini, qu'un haut-le-cœur me reprit et je plongeai à nouveau dans les toilettes.

-Tout va bien ? Demanda une voix derrière moi.

Je ne répondis pas. J'étais bien trop concentré à ne pas me vider une énième fois. Il s'avança vers moi et déposa sa main sur mon épaule. Son contact me fis vomir à nouveau. Chaque son, chaque geste de sa part envers moi me donnaient la nausée. Et j'avais beau me frotter tous les soirs sous la douche jusqu'au sang, je sentais encore son odeur sur moi. Sa peau au contact de la mienne ne cessait de hanter mes pensées.

Je relevai difficilement la tête tout en appuyant mon dos sur le mur. J'essayai de respirer tranquillement pour ne pas devoir y replonger. Mes épaules se relâchèrent et je laissai ma tête tomber légèrement en arrière. Une perle salée s'échappa de mon œil. Je m'en fichai du regard d'Hisoko. Je le détestais de toute mon âme et personne ne pouvait me faire changer d'avis.

Je me mis en boule. Un sanglot me prit sans même que je ne pusse le contrôler. Je me rendais compte que quoique je fasse je ne sortirai jamais d'ici.

-Tiens.

Je levai la tête et regarda Hisoko. Il agita légèrement un mouchoir devant mon visage. Je reniflai un bon coup et dis :

-J'en veux pas de ton mouchoir.

Un froid glacial s'installa. Je regrettais d'avoir agit ainsi. Mais parfois mon caractère bien tremper prenait le dessus. Il ne broncha pas et resta devant moi, toujours le mouchoir à la main. Je le regardai puis après quelques secondes je le pris.

-J'étais comme toi il y a quelques années. Je me rends compte à quel point j'étais minable. Dit-il de sa voix rauque.

Il se rapprocha, s'accroupi afin de se mettre à la même hauteur que moi puis il mit sa main sur ma joue afin d'effacer ma larme.

-J'étais faible avant. Murmura Hisoko.

Je reniflai une énième fois. Tout en baissant mon regard afin de ne pas le confronter. Il se releva et me prit par le bras. Comme à son habitude il me traîna jusque dans ma chambre et avant de refermer la porte derrière lui il s'écria:

-Je ne veux pas être une seconde fois comme toi. Plus jamais.

Avant toiWhere stories live. Discover now