Chapitre 26

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Publié le 15/08/20


Odin se tenait dans le couloir menant aux chambres d'Ariella. Une servante se tenait devant la porte, observant le Roi.

—Informez Lady Ariella que je souhaite lui parler immédiatement.

La servante fit une révérence, allant tellement vite qu'Odin était sûre qu'elle se donnerait le vertige, puis entra dans les chambres. Quand elle en ressortit un moment plus tard, elle semblait nerveuse.

—Permettez-moi de vous l'annoncer, mais elle ne souhaite pas recevoir de compagnie.

Odin soupira et entra tout de même. Ariella était assise sur le lit, les cheveux ébouriffés, fixant le Roi.

—Comment trouves-tu tes quartiers ?
—Je ne suis pas une Lady. Je ne devrais pas être là, déclara-t-elle tristement.
—Toutes les femmes sont des Lady. De celles qui travaillent dans les tavernes à ma femme, chaque femme de part nature est une Lady, dit-il en utilisant son seidr pour faire apparaître une chaise pour lui. Je te dois des excuses. Ma malhonnêteté me rend autant coupable que mon fils.
—Non, vous êtes innocent. Vous aviez seulement essayé de le protéger et de ne pas blesser mes sentiments, dit-elle en secouant la tête.
—Mais cela n'a pas fonctionné.
—Non.
—Loki tient à toi, tu sais.

Ariella persifla face à ce commentaire.

—Et il le montre parfaitement bien, à m'ignorer et me mentir.
—Loki est parfois complexe et étrange. Il souffre d'une terrible infection.

La jeune femme le regarda de travers.

—Cela est vrai, je souffre de cette maladie également parfois, c'est terrible.
—Qu'est-ce que c'est ?
—Et bien, cela a un nom médical très compliqué, mais non officiellement, on appelle cela une constipation émotionnelle aiguë.

Ariella pouffa en entendant cela.

—Tu peux rire, mais c'est un terrible mal qui peut nous tomber dessus, et je ne parle même pas de la pléthore d'effets secondaires.
—Je ne sais même pas ce que cela veut dire, admit-elle avec embarras.
—Cela veut dire qu'il y en a beaucoup, expliqua-t-il gentiment. Et l'un d'entre eux est la peur d'accepter d'être heureux, de montrer à ceux qu'on aime qu'on les aime. Et souvent cela termine en un incroyable bazar.
—Qu'avez-vous fait ?
—Par les Dieux, la question à se poser est ce que je n'ai pas fait plutôt. Je ne comprendrai jamais comment ma belle Frigga ne s'est pas tournée vers la bière et le vin pour se consoler. Sais-tu ce que je lui ai dit quand elle est arrivée sur l'autel le jour de notre mariage ?
—Dieux merci, tu n'es pas habillée comme ma mère, répondit-elle. Vous me l'avez raconté quand je dormais.
—Tu t'en souviens ?
—J'étais forcée à rester allongée en attendant d'aller mieux. Je n'avais rien de mieux à faire que d'écouter, dit-elle en souriant.

Odin ricana doucement.

—Qu'auriez-vous dû lui dire ?
—Que je pensais être mort et que les Valkyries étaient venues m'emmener au Valhalla. Qu'elle était, sans exception, la créature divine la plus belle que mes yeux ont vu. Car oui, à cette époque je n'étais pas encore à moitié aveugle.

Ariella ne pu s'empêcher de sourire.

—Loki t'adore, Ariella. Et tu ne le vois pas car tu es trop occupée à cacher tes propres sentiments. Mais tout ce qu'il fait, c'est pour t'impressionner, te faire plaisir.
—Je serais bien mieux satisfaite s'il était honnête avec moi et qu'il m'avait dit qu'il ne voulait pas de moi dans les parages.
—Mais il te veut dans son entourage, assura Odin. Il est simplement terrifié à l'idée que tu le rejettes si jamais il te l'admet.

Ariella le fixait, toujours aussi sceptique.

—Loki n'est pas du genre à se dévoiler autant, pas même à sa mère et moi, il n'aime pas montrer sa vulnérabilité. Tu tiens à Loki, n'est-ce pas ?
—Il est mon meilleur ami.
—Et quoi d'autre ?

[FR] Across the divideWhere stories live. Discover now