Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]

Chapitre 6 - partie 2

Rayan regardait de haut Léo, qui lui-même levait le menton, dans un port de tête plus dominant que pour suivre son regard. Face à face, les deux jeunes hommes restèrent immobiles sans rien dire. L'odeur agressive et pleine de colère de Rayan dominait celle de Léo. Leurs regards ne se lâchèrent pas, et les grimaces pour dévoiler leurs crocs étaient plus sinistres que ridicules. D'un geste brusque, Rayan chercha à le contourner. Léo réagit aussi vite, manquant de percuter la tête de l'autre loup avec la sienne. Un grondement guttural s'éleva, rapidement surpassé par le grognement autoritaire de Léo.

— Sors d'ici.

— Pas avant de lui avoir fait la peau.

— De quoi tu parles ?

— Du monstre derrière toi.

Ils étaient à un cheveu de déclencher une bagarre. Rayan était crispé de colère, la rage au ventre, et une envie de sang au bord des lèvres. Ses ongles avaient déjà revêtu la forme de griffes, tout comme sa mâchoire s'était légèrement allongée. Il pouvait perdre le contrôle d'une seconde à l'autre et faire un carnage. Léo se contrôlait beaucoup mieux, mais son instinct était là, sous sa peau, grouillant comme des milliards de fourmis prêtent à mener bataille. Son sang bouillonnait et le loup était prêt à bondir au moindre faux mouvement.

— Qui traites-tu de monstre ?

Sa question avait un ton d'avertissement. Tous deux bêtas, Léo avait l'avantage du sang. Sa dominance était plus légitime que celle de Rayan. Il ne tolérerait un affront à sa paire. Celle derrière lui, qui ne disait rien depuis le début.

— NE TE FOUS PAS DE MOI ! CE QUE TU PROTÈGES N'EST QU'UN MONSTRE QUI N'A AUCUNE LIMITE, AUCUNE RÈGLE !

Tous retinrent leur souffle. Léo, lui, se renferma. Rayan n'était pas le genre de loup facile à contrôler une fois hors de lui. Il pourrait y avoir des dommages, pire, des blessés. L'endroit était très mal choisi pour un règlement de compte. Bien que Léo ne sache pas de quoi il en retournait.

— Modère tes mots et baisse d'un ton. Tu es dans un lieu public, Rayan. Pas au milieu d'une cour de maternelle.

Il n'en montra pas les signes, mais Rayan prit mal l'autorité de Léo. Il s'approcha encore, rentra volontairement dans l'espace personnel de l'autre loup. Son regard était noir, et des intentions mauvaises transparaissaient sur son visage. Son odeur était écrasante, poisseuse et étouffante. Elle avait la note acide du poison et aigre de la colère. C'était piquant et désagréable à respirer.

Rayan tenta une nouvelle percée que Léo repoussa en rentrant en contact avec lui. L'autre loup grinça des dents et perdit patience. Il voulut passer en force, sauter directement à la gorge de Dante qui ne disait mot. Le personnel n'osa pas intervenir. Léo se prit tout le poids, toute la force de Rayan, d'un bloc. Il manqua de tomber à la renverse, sentit ses griffes percer la semelle de ses chaussures et son sang ne faire qu'un tour. Un coup de crocs partit, vif, puissant, menaçant. Rayan recula sur le coup, détournant son visage qui venait d'être érafler. Ce n'était qu'un avertissement. Un lugubre avertissement de mort. Meute ou pas meute, Léo ne le laissera pas s'en prendre à Dante.

La transformation de Léo, non complète, rendait son visage peu accueillant. Il était effrayant, entre l'homme et la bête, tout comme Rayan. Et tout comme lui, il y avait, au fond de ses yeux, cette lueur souffrante, cette rage incontrôlable, cette envie irrésistible, de protéger l'être aimé. Les épaules du plus grand se mirent à tressauter. Il passa une main sur son visage troué, et manqua de contenir son rire. Il n'était en rien amusé.

Léo le savait.

Tous le savaient.

Son rire faisait froid dans le dos.