Chapitre 9 - Partie 2

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Un rai de lumière tapa contre son visage, l'extirpant des limbes du sommeil. Il y avait un petit vent, tiède, qui apportait de dehors l'odeur de la terre desséché, des cèdres et des pins, des quelques rares feuillus qui se mourraient déshydraté. Il y avait, avec ce vent, les fragrances lointaines des herbacés et des fleurs de sous-bois. Les ronces qui résistaient à l'aridité du milieu, des baies qui brunissaient. Celles des lapereaux qui sortaient des terriers, et des jeunes cervidés qui se gavaient avant l'arrivée de la mauvaise saison. Il y avait aussi le gazouillis des oiseaux, le bourdonnement des insectes, et le toc toc toc répétitif d'un pic.

Le bois de la cahute craqua, plaintif, puis tout redevint silencieux. Il n'y avait plus que les faibles bruits de l'intérieur. Ceux des respirations, des frottements contre les draps, des battements réguliers de cœur. Léo approuva d'un ronflement appréciateur. Il se pressa un peu plus contre la chaleur au creux de ses bras. Son visage se cala contre une omoplate dure mais à la peau douce. Il inspira profondément et reconnu le parfum savoureux de leurs deux odeurs mélangées. Il lâcha un bruit, entre le grognement et le ronronnement. Il avait envie de lécher la nuque de son amant, juste un peu plus haut. Il se retint, frotta son nez à la place, étalant un peu plus de son odeur sur Dante.

Il resta ainsi un bon moment, entre l'éveil et le sommeil, à profiter de ce que ses sens lui apportaient. Jusqu'à ce que Dante ne bouge et que sa respiration ne change. Léo le serra un peu plus fort contre lui, mêlant ses jambes aux siennes, ses pieds chauds contre sa peau légèrement poisseuse.

Dante continua de gigoter, jusqu'à tourner son visage. Léo daigna ouvrir un œil, et fut le loup le plus heureux du monde en croisant le regard encore vague de l'apothicaire. Un sourire tordit sa bouche. Il se pencha vers lui et frotta son nez contre sa joue, en un salut de loup. L'ordre des choses aurait voulu que Dante lui retourne la politesse, mais il ne parlait pas loup. Il se contenta de bâiller et de se retourner sur le dos. Léo le laissa bouger, un bras toujours autour de lui, au cas où les loups-garous sauraient voler. Le silence entre eux était reposant. Ils ne disaient rien, profitant simplement de leur réveil enchevêtré l'un contre l'autre.

Peu patient, ou peut-être parce que des éclats dorés brillaient dans ses yeux, Léo frotta sa joue contre l'épaule de Dante avant de fourrer son nez dans sa gorge. Un faible soupir échappa à l'adulte qui marmonna d'une voix pâteuse :

— Bonjour à toi aussi.

Léo approuva d'un petit grondement. Il se fit violence pour réfréner ses instincts et ranger gentiment sa part loup plus loin.

— Tu as bien dormi ? demanda-t-il.

Une voix encore un peu trop grave pour être entièrement humaine. Il se gratta la gorge et cala sa tête contre le bras de Dante.

— Tu tiens chaud.

— Il fait chaud de base.

— Justement, tu tiens encore plus chaud.

Il rit, amusé par l'humeur si propre à Dante. Il était difficile de savoir quand il plaisantait de quand il était véritablement sérieux. Les remarques sarcastiques étaient une chose qu'il maîtrisait sans faire d'effort, et peut-être même sans s'en rendre compte. Plutôt que de se décoller de son corps, Léo s'appuya un peu plus sur lui, comme une moule accrochée à son rocher.

— Tu n'as pas trop mal ?

— Tu m'as désaxé au moins une tête fémorale.

— Je ne parlais pas de ça, bougonna-t-il en glissant une main sur le ventre creux de Dante.

Ce dernier fronça les sourcils et voulut se redresser. Léo ne le laissa pas faire, bien plus fort que lui, il le maintint sans mal.

Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]Where stories live. Discover now