Ghost

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   Je quitte la table d'un bond, ce qui provoque un gros blanc mais il faut que je parte d'ici au plus vite, je ne tiens plus, il faut que je bouge et maintenant!

  Je remonte dans ma chambre, prends mon portable et ma veste en cuir avant d'appeler mes chiens puis je quitte la maison sous les yeux ahuris de la famille Dilaurentis. Je fais signe à Clay de regarder mon assiette à sa gauche et il rigole.
   Je suppose que le "je rentre tard" écrit avec mes légumes l'amuse. Je file vers la station de métro et la chance est avec moi, j'arrive juste avant qu'il reparte.

   Je n'ai pas pris de billet mais bon, ce n'est pas comme ci cela m'importait. J'arrive dans le Bronx et file acheter des bombes de peinture dans un magasin qui fait du 24/7 en plus de mes clopes.
Je ressors du magasin mais je croise Damiano qui me sourit. Je fais monter les chiens puis monte côté passager.

" T'es pas sensé être chez les riches toi? Il rigole et je hoche la tête. Qu'est-ce que tu viens foutre dans le quartier? On te manquait? Il demande et je souris.
- Un peu. Dis-je d'une voix complètement cassée.
- Je suis sûr que tu fumes trop et puis c'est quand que tu as parlé pour la dernière fois? Et je veux dire vraiment parler pas juste deux mots. Il demande sérieusement et pour simple réponse, je hausse les épaules. "

   On arrive au bar dans le Queens sans que je n'ouvre la bouche. Il a raison, je devrais parler plus mais je n'y arrive pas et même si normalement c'est compliqué. Aujourd'hui c'est juste complètement impossible.

   Je m'installe à la table la plus éloignée de l'entrée et il ne faut pas cinq secondes avant qu'Alexio s'installe en face de moi et que Damiano nous apporte des bières.

" Tu l'as recouvert avec un tatouage, c'est à ça qu'ils te servent? C'était quand Ghost? Il attend toujours une réponse depuis la dernière fois.
- Laisse tomber Ale, elle nous fait une Ghost aujourd'hui. Lui affirme son frère."

  "Faire une Ghost", les frères Suarez ont inventé cette expression qui correspond au fait que je n'arrive pas à ouvrir la bouche. Ils l'ont inventé il y a presque dix ans quand ils étaient encore des gosses mais c'est resté depuis le temps. Alexio regarde son portable puis soupire avant de planter son regard dans le mien.

" Je viens de comprendre. Damiano on est le premier septembre. Dit il alors que ce dernier stoppe tout mouvement."

   Il attrape la bouteille de whisky et vient vers nous avec trois shooters. Il les serre puis on les prend. On trinque et on les vide cul sec.

   Je ne sais pas le temps que je passe ici mais je suis complètement morte quand je ressors du bar en pleine nuit. Ma vision est plus que trouble. Je récupère les affaires que j'ai acheté et repars à pied vers le métro.
   Il fait nuit et ce n'est pas un quartier pour une fille seule et ivre alors heureusement que j'ai mes deux gros chiens qui dissuadent quiconque serait assez con pour essayer de s'en prendre à moi.

   Lorsque j'arrive à la maison, le soleil est en train de pointer le bout de son nez. Je crois que je me suis endormie en sortant du métro à Staten. Ça m'a fait un bien fou et même si j'ai clairement de l'alcool et de la weed dans le sang, ma vision est nette et je sais ce que je fais.

   Je me dirige directement vers la cabane de la petite et je commence à dessiner partout. Je peins le plafond avec des nuances de bleu foncé et de noir puis j'attaque le mur avec le cheval avant de dessiner la fresque murale à ma manière. Ça m'avait manqué le tag et pour une fois, c'est légal, ça me change. Pour une fois que je ne risque pas la prison

   Je remonte dans ma chambre, la maison a l'air d'être réveillée. Je file sous la douche mais même en frottant, la peinture ne part pas, tant pis. Je m'habille d'un skinny noir troué et taché de peinture avec la chaine sur le côté et les bretelles qui tombent derrière, ma paire de boots, un crop top noir également et ma fidèle veste en cuir.
J'attache mes cheveux avec un bandana rouge en un chignon désordonné et je me maquille légèrement pour cacher que je suis totalement défoncée et que je n'ai pratiquement pas dormi, eye-liner noir, mascara et enfin un rouge à lèvres rouge pour rappeler mon bandana.

   Je descends dans la cuisine du studio, je n'ai pas envie de voir toute la famille, déjà que je vais aller dans un lycée de bourges même si je vais sécher cet après-midi, il ne faut pas trop m'en demander non plus surtout en revenant de soirée.

" Ghost, c'est l'heure! Crie Angela depuis le salon."

   Je prends une grande inspiration et descends avec mon sac à dos pratiquement vide, un crayon et un bloc note, en vissant mes lunettes de soleil sur mon nez. Les quatre garçons m'attendent devant et je me rends compte que je dois monter avec eux.
Rick me siffle alors que Keaton me fixe, impassible tout comme Reagan.

" Tu pouvais pas faire plus racaille Wildy? Me provoque Reagan alors que je lui montre mon majeur. Monte derrière. Dit il alors que je bloque et déglutis."

   Je dois monter entre Ander et Keaton et les places sont tellement étroites qu'ils vont forcément me toucher. Keaton me fait un sourire qui se veut rassurant et je prends une grande inspiration. Respire Ghost tu peux le faire, c'est rien de compliqué...

   Je montre entre les deux et comme je l'avais prévu, je suis coincée entre les deux gars qui ne sont pas tout maigres. Je retiens la crise de panique qui pointe le bout de son nez en respirant doucement et en fermant les yeux.

   Je sens une main prendre la mienne et j'ouvre les yeux pour fixer Keaton. Ander gigote sur son siège et s'amuse à frôler "involontairement" mon bras ou ma cuisse. Je ne supporte pas ça, mes mains tremblent et l'air ne rentre plus dans mes poumons. Quand est-ce qu'on arrive putain?