y

811 52 0
                                    

   Je ne sais pas pourquoi je suis aussi soulagée qu'il me confirme qu'il ne le répétera pas. Je sais que je peux lui faire confiance, la preuve est là, j'arrive à lui parler. Il me fixe et doucement, il approche sa main de ma joue où il essuie une larme avec son pouce.
   Pourquoi est-ce que j'ai les larmes aux yeux? Peut-être parce que je n'ai pas dormi plus de dix heures depuis les cinq derniers jours.

   Keaton ne dit rien et j'en profite pour fuir la voiture et me rendre dans la bahut des bourgeois. Plus que deux jours Ghost, et tu pourras souffler tout le week end.

   La journée a été longue, trop longue. Je suis épuisée autant physiquement que mentalement. Mon mental est à zéro, Alexio et Damiano me manquent, ma vie tranquille de tagueuse me manque, ma liberté n'en parlons même pas. Je veux retrouver ma liberté et me barrer de cette ville.

   La réalité me revient en pleine gueule, arrête de te faire des films ma pauvre fille, tu n'a que dix-sept ans et tu es déjà en conditionnelle, tu ne feras rien de ta vie.
   C'est à pied, enfermée dans ma bulle que je file vers l'école pour récupérer Hayley. Ma tête n'a pas arrêté depuis ce matin, elle bourdonne et pourtant elle turbine au max ce qui m'a donné la migraine.

   Je traverse l'école et c'est en arrivant devant la classe d'Hayley que je vois son connard de père qui fait un scandale. Je n'ai pas la patience aujourd'hui alors s'il veut que j'autorise Orphan à le bouffer, qu'il le dise tout de suite ça sera rapide.

" Encore toi avec ton connard de chien! Il s'énerve en se tournant vers moi.
- Sortez de cette école monsieur, je ne laisserai pas Hayley partir avec vous. Intervient la femme alors qu'il me fonce dessus."

   Je fais signe à la maîtresse de faire partir Hayley en douce avec mon chien et elle le fait, au moment où le père de cette dernière me plaque au mur. Je suis tétanisée, il est encore bourré et ça me renvoie des années en arrière...

...

" C'est de ta faute! Crie monsieur Weller en me collant au mur.
- J'ai rien fait. Je hurle en me débattant, il pue l'alcool.
- Je t'ai pas dit de parler. Il serre ma gorge et je ne peux plus répondre."

   Il continue de me hurler dessus. Je ne sais pas très bien de quoi il parle, mais je pense que ça a un rapport avec la bouteille explosée dans le salon. Je n'ai pas menti, ce n'est pas moi, c'est son crétin de fils qui me fait porter le chapeau comme à chaque fois qu'il fait une bêtise.

   Monsieur Weller est très en colère, ses doigts serrent ma gorge et des points noirs envahissent mon champ de vision. Je tombe au sol, inspirant difficilement parce que j'ai vraiment très mal à la gorge et alors que je pensais que c'était fini, un coup de pied me coupe le souffle et m'envoie valdinguer contre le mur et là, c'est le trou noir.

...

   Je panique, je suis au milieu d'une école primaire et je panique, ma respiration est saccadée, l'air ne rentre plus dans mes poumons et ces derniers me brûlent. Je ne me souvenais pas de ça et pourtant je ressens encore ses mains sur mon cou et son pied contre mes côtes.
   Je ne fais plus la part des choses, je n'arrive pas à voir où je suis, ma vision est trouble ce qui ne fait qu'accentuer mon mal-être.

   Je sens qu'on me relâche et je fuis à toute jambe. Je sens qu'on me regarde même si je ne sais pas de qui il s'agit. Je cours et lorsque je m'arrête enfin, je suis sur le perron de la maison, à genoux.

" Ghost! S'exclame la grosse voix de Clay alors que je me relève et me recule vivement.
- Lais...LAISSEZ MOI! Je hurle en m'écartant.
- Que se passe-t-il? Demande une autre voix de l'autre côté.
- L'école a appelé, elle s'est fait agressé par le père d'Hayley, et elle est vient d'arriver, paniquée. Je ne sais pas quoi faire. S'inquiète Clay.
- Laissez moi. S'il vous plaît, laissez moi. Je n'ai rien fait. Laissez moi. Je répète ses phrases, comme quand j'étais petite."

   Je me sens soulever mais je ne dis rien, je ne fais que répéter que je veux qu'on me laisse tranquille. On me pose sur une surface moelleuse, maintenue contre un torse ferme.

" Respire Ghost, ce n'est que moi. Tu m'entends, c'est Reagan. Respire Ghost. Me souffle-t-il d'une voix douce."

   Je me détends peu à peu mais je ne lâche pas Reagan. Je ne veux pas qu'il me laisse parce que je me sens affreusement bien dans ses bras, en sécurité. Je finis par me lever, aussi calme qu'une personne peut l'être alors qu'à l'intérieur de moi, c'est un vrai bordel. Je file dans ma chambre et je n'ai pas fait un pas qu'Hayley me saute dessus.

" Je suis désolée. Dit elle d'une voix cassée.
- Ce n'est rien. Je réponds et elle secoue la tête.
- Moi je sais ce qu'il s'est passé dans ta tête. Dit elle tristement."

   Je ne réponds pas mais la serre dans mes bras. J'ai les larmes aux yeux parce qu'elle me comprend tellement bien cette petite fille que ça me pince le cœur. On se sépare et d'un regard on se comprend, allons jouer avec les chiens dehors. On se rend dans le jardin et Bonnie nous rejoint. Je les regarde jouer avec mes amours de chiens puis une voiture arrive, je ne la connais pas et ça ne me dit rien qui vaille.

   Je reste à l'angle de la maison, dans l'ombre à regarder qui cela peut être. Je suis sûrement parano, ce n'est peut-être qu'un ami de la famille qu'ils ont invité à manger sans me prévenir mais rien n'est sûr. Quand l'homme en sort, en costume trois pièces, chaussures étincelantes récemment cirées et avec une mallette, je comprends. Il est là pour Hayley.

" Bonnie! Je l'appelle doucement et elle me regarde surprise. Mon.. Montre la cabane à... à Hayley et a...attendez moi là-bas. Dis-je avec un sourire."

   Elles partent en courant vers la cabane, les trois petits chiots qui les suivent pour rigoler et Orphan qui poursuit ses petits alors que je fais demi-tour pour repasser par la baie vitrée avec Shot sur les talons.

   Quand j'arrive dans le salon avec la discrétion d'un fantôme, les parents de Bonnie et Reagan sont en grande discussion avec cet homme qui a clairement une gueule d'assistant social à la con. Reagan est appuyé contre le mur et me fixe alors que j'arrive derrière l'homme sans un mot.

GhostWo Geschichten leben. Entdecke jetzt