4) Réminiscence voilée

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La brise continuait de souffler et de donner quelques à-coups aux passants, mais le corps figé de Naoka n'avait toujours pas bougé d'un iota. Les seuls mouvements qu'elle perçut furent les multitudes d'images qui assaillirent son esprit, cherchant à mettre des mots de circonstance sur ce qui venait de lui arriver. Les rougeurs qui lui parcouraient le visage, dû initialement à la gêne occasionnée, se muèrent cette fois en une certaine frustration ainsi qu'en une gêne immuable.

Seule, Kanami l'ayant laissé en face à face avec Shirabu, et ce dernier s'étant empressé de rentrer dans le vestibule, elle se décida enfin à prendre le chemin du retour. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi elle était restée de longues secondes à rester stoïque à l'endroit où les joueurs allaient bientôt se manifester une fois qu'ils se seraient revêtis.

Et si elle était soulagée que personne ne puisse actuellement remarquer son faciès attristé, elle sentit au fond d'elle qu'elle avait besoin de réconfort, d'une présence rassurante.

Les yeux teintés d'un voile triste, la gorge nouée, elle repassa en boucle la conversation, essayant de chercher comment Shirabu avait pu se montrer aussi certain de sa conclusion et affirmer ainsi ses propos, mais rien de concluant ne traversa son esprit.

Ses pupilles, dirigées sur le chemin mais focalisées uniquement dans ses réflexions, ne virent pas tout de suite la silhouette féminine qui l'attendait un peu plus loin. Ce n'est que lorsqu'elle entendit qu'on l'appela qu'elle releva la tête, essayant de reprendre instinctivement une expression davantage neutre, comme elle le faisait à son habitude.

Mais lorsqu'elle s'aperçut qu'il s'agissait de Kanami, elle laissa quelques larmes de stress perler au coin de ses yeux, qui disparurent avant même qu'elles n'eurent le temps de couler par les mouvements frénétiques de ses propres paumes.

Aussitôt, Kanami posa après quelques secondes de battement une main réconfortante sur l'une de ses épaules. Naoka comprit que son amie hésitât à l'enlacer, mais elle qu'elle avait fini par se restreindre.

Bien que les deux se voyaient être très démonstratives verbalement dans leurs amitiés, elles l'étaient moins dans les marques affectives physiques. Alors, à l'instant, cette touche bienveillante intima à Naoka de reprendre un rythme de respiration davantage décent, et un soupir qui déchargea un bon lot de négativité s'échappa de la barrière de ses lèvres. Ayant repris un peu de contenance, Kanami en profita alors pour la questionner.

- Nao, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu m'inquiètes là.

- Rien rien, je-

- Naoka. Parle-moi. Si tu veux simplement d'une oreille attentive, sans que je te donne de conseils, ok. Je prends sur moi et je t'écoute simplement.

- Non, c'est pas ça, c'est juste que... je crois que je suis un peu trop émotive pour ce qu'il vient de se passer.

Se rendant compte que s'exprimer sur un sujet de conversation qui pourrait demander plusieurs minutes de discussion méritait de se faire ailleurs qu'au beau milieu du chemin comme elles étaient en train de le faire, Kanami lui suggéra de se diriger dans un endroit plus approprié, où elles seraient davantage à l'aise pour en discuter. Elles se rendirent alors vers un parc qu'elles connaissaient bien et qui changeait de l'étang où elles avaient également l'habitude de se rendre. Elles s'assirent donc sur un banc en bois légèrement isolé des autres, parfait pour entretenir une conversation davantage intime, à l'abri d'éventuels regards inquisiteurs.

Un petit groupe d'enfants s'amusait à jouer à ce qui ressemblait être une course d'orientation, mais heureusement pour les jeunes filles, ils ne s'adonnaient pas à illustrer leur présence à l'aide d'un tintamarre dont elles se passèrent bien.

D'une éclaircie || Haikyū!! 🌸Where stories live. Discover now