D'une éclaircie || Haikyū!! 🌸

6) Depuis les gradins

Trois sets. Victoire de Karasuno.

S'il y avait bien un match pour lequel Naoka n'avait pas envisagé la défaite, il se pourrait bien qu'il s'agit de celui-ci. Elle qui se demandait qui lors de la finale entre Shiratorizawa et Aoba Johsai gagnerait, se voyait désormais attribuer une réponse qui lui semblait invraisemblable.

Et pourtant, nul doute que l'équipe des corbeaux avait mené le score avec brio, quand bien même l'écart avait été serré.

Si la défaite en elle-même était déjà dure à avaler, ce fut de voir Seijoh se mouvoir comme tiré d'un long songe qui l'acheva. Les têtes lourdes pour leurs désormais frêles épaules, la tape du capitaine qui se voulait réconfortante envers l'as de l'équipe alors que ce dernier avait les larmes aux yeux, ou encore mais surtout les lourds traits expressifs de Yūtarō qui luttaient pour ne pas regarder Kageyama. Cette désenchantée vision contrastait nettement avec la vivacité et l'émeute joyeuse des maillots noirs.

Naoka se mordilla la lèvre, essayant ainsi de ne pas céder à la tristesse qui souhaitait s'extraire de son corps. Elle ne devait pas montrer ce faciès, pas avant que les joueurs n'aient terminés de saluer le public. Et alors que ces derniers s'avancèrent, courbés quelques secondes de plus qu'à l'accoutumée pour remercier les encouragements de leurs supporters, les yeux de la noiraude croisèrent ceux de Kunimi. Ce dernier hocha légèrement la tête à son attention. Elle pensa premièrement à de la nonchalance qui l'habitait usuellement, mais même si cela correspondait à son caractère, il lui sembla étrange qu'il lui fasse ce geste au vu de la situation.

Il dû remarquer son interrogation qui se lisait visiblement sur son visage, car ses yeux se mouvèrent discrètement en direction de Yūtarō.

Et cette fois-ci, elle comprit.

Ne t'inquiète pas, je me charge de lui.

Puis, les joueurs quittèrent le terrain, et le public se leva alors à son tour. Si habituellement Naoka attendait que les rangées derrières elles ne se vident d'abord avant de prendre elle-même le chemin de la sortie, elle se résigna cette fois-ci à ne pas user du même procédé.

Si elle savait qu'elle n'irait pas à la rencontre des joueurs, elle espérait peut-être observer discrètement Kageyama si, avec un peu de chance, elle le croisait au détour d'un couloir. S'apercevoir de plus près s'il était autant accepté dans son nouveau groupe hors-jeu.

Mais en quittant son siège en se retournant, ce fut d'un autre passeur sur lequel son regard s'arrêta. Et apparemment, le sien s'attarda également sur elle. Les iris toujours aussi maronnées, sa frange camouflant l'expression de ses arcades sourcilières, son sourire circonspect trahissait néanmoins l'émotion qui l'habitait à cet instant.

Ils restèrent ainsi une poignée de secondes stoïques, et Naoka ne s'aperçut plus des personnes qui quittaient progressivement leur place. Elle voyait seulement Shirabu face à elle. Il avait beau être installé à la dernière rangée, leurs regards s'étaient croisés, et les deux étaient tout autant surpris de cette circonstance pour le moins étonnante. Puis, après quelques instants où la confusion s'atténua, leurs iris décidèrent enfin de se lâcher.

La jeune fille regarda furtivement si d'autres volleyeurs de leur lycée respectif étaient à également présents, mais il lui sembla que ce fut le seul.

Si habituellement, plusieurs questions l'auraient taraudée, tel que de savoir si elle devait le saluer, l'ignorer, feindre une connaissance parmi les personnes à ses côtés, ou sourire poliment, elle décida de laisser sa franchise parler à la place de sa retenue habituelle. Elle n'appréciait pas les ennuis, mais elle était fatiguée et las des émotions l'ayant submergée ces derniers jours ainsi que celle qui l'acheva aujourd'hui même. Cette fois-ci, elle n'avait pas le temps de se préoccuper des qu'en-dira-t-on. Demain les doutes reviendraient certainement, et peut-être qu'elle regretterait. De toute manière, elle savait qu'elle n'allait pas tenir de mauvais propos. Elle n'était pas ainsi. Mais prendre un peu de courage pour s'affirmer n'était pas toujours aisé. Toutefois, pour l'heure, elle avait d'autre priorités qui lui permettaient cet élan de sincérité.