CHAPITRE 6 : La Nouvelle Fileuse d'Or

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Forêt Enchantée, il y a bien longtemps, quelques jours après la fin de la Première Guerre des Ogres

Constance ayant donné une goutte de son sang, Rumplestiltskin s'était mis à tisser l'or. La jeune femme l'observait avec attention. Elle se sentait totalement inutile. C'est pourquoi elle s'approcha du Ténébreux et se planta à côté de lui. Il tourna la tête vers elle.
« Que se passe-t-il, très chère ?
- Cela m'embête que vous travailliez à ma place. J'aimerais me rendre utile. Peut-être pourriez-vous m'apprendre ? A deux, nous ferions le travail deux fois plus vite ! Comme ça vous pourrez rentrer auprès de votre famille plus tôt.
- Tu as déjà payé ta part, répondit-il calmement tout en continuant à tisser.
- Je sais mais j'aimerais faire plus. N'avez-vous donc pas des proches chez qui vous voudriez retourner ? »
Un sourire tendre apparut alors sur le visage de Rumplestiltskin. Constance ne l'avait pas encore vu comme ça.
« Ah ah ! Je le savais ! s'exclama la jeune femme.
- Quoi donc ? s'étonna l'homme.
- Vous n'êtes pas un mage sans cœur ! Comment s'appelle-t-elle ? Non ! Attendez ! Ce sourire, c'est un sourire de père ! Vous avez un enfant ! N'est-ce pas ? »
Les yeux dans le vague, le sourire de Rumplestiltskin s'élargit un peu plus. Il s'arrêta de tisser et regarda la jeune meunière.
« Il s'appelle Baelfire, murmura-t-il. Il est tout pour moi.
- Quel âge a-t-il ?
- Quatorze ans.
- Je suis sûr que c'est un garçon super.
- Oh oui, il l'est. »
« Pas comme son père... » compléta-t-il intérieurement.
Constance posa une main sur l'épaule du Ténébreux.
« Apprenez-moi à tisser, comme ça vous serez plus vite auprès de Baelfire. »
Rumplestiltskin réfléchit un instant avant d'agiter la main. Un deuxième rouet apparut. Heureuse, Constance s'y installa immédiatement. Le Ténébreux se leva et se mit derrière elle.
« Comment fait-on ? demanda-t-elle.
- Il ne faut pas penser la magie, il faut la ressentir. C'est avec tes émotions que tu dois contrôler ta magie. Que veux-tu faire au roi ? »
La jeune femme se retourna vers son professeur, surprise.
« Comment ça, que veux-je faire au roi ?
- Tu ne lui en veux pas ? »
Constance fronça les sourcils.
« Euh... Si un peu... avoua-t-elle. Même si c'est plus à mon oncle que j'en veux. »
Rumplestiltskin sourit et émit un petit rire.
« Parfait ! Alors qu'as-tu envie de faire à ton oncle ?
- Euh... Lui dire ses quatre vérités ? hasarda-t-elle, ne sachant pas où il voulait en venir.
- N'as-tu pas envie de plonger ta main dans sa poitrine pour lui arracher le cœur et le réduire en cendre ? »
Constance bondit en arrière et posa ses mains sur sa poitrine, comme pour protéger son cœur du Ténébreux. Il avait dit cela comme si c'était la chose la plus normale à faire, il avait un sourire sadique, presque carnassier.
« Mais vous êtes complètement fou ! Qui voudrait faire une chose pareille !? »
Rumplestiltskin s'approcha de la jeune femme et il se mit si près qu'elle fut obligé de le regarder dans ses yeux pénétrants.
« Ton oncle t'a fait du mal, n'est-ce pas ? »
Constance vit alors sa vie défiler. La mort de ses parents, celle d'Emiel, ses journées de dures labeurs sans l'amour d'un proche, sa capture faite par le roi, cette cellule, tout était la faute de son oncle. Elle sentit alors la colère et la haine l'envahirent.
« Oui, c'est ça. Je sens la haine monter. » déclara le Ténébreux.
A ces mots, Constance secoua la tête.
« Non. » clama-t-elle.
Rumplestiltskin parut perplexe.
« Non ?
- Non, répéta la jeune meunière. La haine et la vengeance ne servent à rien. Mon oncle est un homme ignoble mais jamais je ne ferai de mal à quelqu'un de ma famille. Imaginez que votre fils fasse quelque chose qui vous blesse jusqu'au plus profond de votre être, le tueriez-vous pour autant ?
- L'amour filial et l'amour entre une nièce et son oncle est différent, très chère, répliqua le père de Baelfire.
- Oui, vous avez raison. Je ne connais rien à l'amour que l'on peut porter à un enfant. Mais peu importe, la haine et la vengeance ne servent à rien ! »
Là-dessus, elle se réinstalla face à son rouet.
« Tu n'arriveras à rien comme ça, se moqua le Ténébreux. La haine est la plus grande source de magie.
- Non, vous avez tort, c'est l'amour. »
Rumplestiltskin se tut. Constance ne sut si c'était parce qu'il pensait à son fils ou si tout simplement, il se moquait d'elle intérieurement. Il marcha jusqu'à son propre rouet et se mit à tisser.
« Tu n'arriveras à rien.
- Je refuse de croire que la magie ne se manifeste que par les sentiments négatifs. Je vous prouverai le contraire.
- Comme tu voudras très chère, mais tu te fatigues pour rien. »
Tous deux se mirent donc à tisser, l'une avec moins de succès que l'autre. Elle se concentra de toutes ses forces et pensa au peu de souvenirs qu'elle avait de ses parents et de son cousin Emiel. Les trois êtres qui comptaient le plus pour elle et qui malheureusement n'étaient plus de ce monde. Elle sentit son cœur se gonfler à ces souvenirs et lorsqu'elle ouvrit les yeux, ce n'était plus de la paille qu'elle tenait en main mais de l'or.
« Vous disiez ? » se moqua-t-elle.
Rumplestiltskin releva la tête et ses yeux s'exorbitèrent à la vue des fils d'or qui s'échappaient du rouet de la jeune meunière. Il arriva en un cinquième de seconde à côté d'elle.
« C'est impossible ! lâcha-t-il.
- Rien est impossible, je viens de vous le prouver à l'instant même.
- Mais comment ? A quoi avez-vous pensé ?
- Aux personnes que j'aime. »
Le Ténébreux resta sans voix. Constance se retourna vers lui, un rictus aux lèvres.
« Avouez, vous êtes impressionné.
- Finalement, tu as encore plus de potentiel que ce que je croyais. »
Il se mit une nouvelle fois à la regarder sous toute les coutures. La jeune femme était moins gênée que lorsque l'avait fait le roi. Tandis que ce dernier la dévorait des yeux, Rumplestiltskin la regardait plutôt comme un objet rare et atypique, on aurait dit qu'il cherchait à comprendre le fonctionnement de la jeune femme. Il ne cessait de marmonner dans sa barbe.
« Intéressant... Très intéressant... Serait-il possible que ? ... Cela voudrait dire que je ne me suis pas trompé... »
D'un coup, il prit la main de Constance sans prévenir. Surprise, elle s'exclama :
« Mais que faites-vous ? »
Il ne répondit pas et lui tourna la main afin de voir sa paume. Il approcha son visage du doigt avec lequel elle s'était piquée au rouet pour lui donner sa goutte de sang. Il relâcha sa main.
« J'avais raison... » dit-il avec un sourire quelque peu effrayant.
La jeune meunière mit sa main contre sa poitrine, sachant déjà ce qu'il avait vu ou plutôt, ce qu'il n'avait pas vu.
« Je sais, j'ai une cicatrisation très rapide... »
En effet, nul n'aurait su dire qu'elle venait de se piquer le doigt.
Rumplestiltskin rit de son étrange petit rire.
« Plus que rapide, tu veux dire !
- Je sais que ce n'est pas normal...
- Normal non. Mais normal pour toi, oui ! »
Constance fronça les sourcils.
« Que voulez-vous dire ?
- Tu le découvriras bien assez tôt ! » répondit-il avec un mouvement de la main.

Ils se remirent à travailler. Et encore le jour suivant. Malgré que Rumplestiltskin soit le Ténébreux, Constance trouvait qu'il avait une conversation fort agréable, quoique mystérieuse et loufoque parfois. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle rencontrait quelqu'un à qui elle pouvait parler librement sans se sentir rejetée ou prise pour une folle. Elle ne savait pourquoi, elle avait l'impression de l'avoir déjà rencontré mais elle ne savait plus où ni quand. Ce dont elle était sûre, c'était qu'il était différent et que ce souvenir était très positif. Elle avait beau se creuser la tête, elle ne retrouvait plus ce moment. En réalité, elle savait exactement qui il était mais cela lui semblait impossible... Elle n'avait qu'à le lui demander. Mais elle n'osait pas... Et si elle se trompait ? Que ce n'était pas lui ? Et puis, de toute façon, ce n'était qu'une question, autant la lui poser... Mais elle n'avait pas envie de lui demander maintenant. Elle attendrait plus tard. Mais comment savoir si elle le reverrait ? Elle le reverrait encore une fois et puis, sans doute qu'ils ne se reverraient plus jamais... Étrangement, elle en était attristée. Elle avait pris goût à leur conversation bien qu'un peu étranges. Il était le Ténébreux, certes, mais sans trop savoir pourquoi, elle l'avait pris en sympathie. Après tout, au fond de lui, ce n'était qu'un homme. Malgré que ce soit une personne étrange et peu recommandable, elle avait envie de l'aider. Mais qu'importe, de toute façon, ils ne se recroiseraient jamais...

Mais ce que Constance ne savait pas, c'était que leur éternelle histoire ne cesserait de se mêler... qu'ils le veuillent ou non.


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Et voilà les deux derniers jours où Constance est contrainte de filer de l'or avant que le Ténébreux ne l'aide à s'enfuir, à moins que le roi lui accorde de partir. A votre avis, cela se passera-t-il comme prévu ? Et en quoi les destins de Constance et Rumplestiltskin peuvent-ils être liés ?

Bisous ! Et bonne vacances pour ceux qui le sont encore !

Once Upon a Time - Enchanteresse - Tome 1 : Fleur de LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant