Hometown

25. Washington, (Part 2)☑️

Tyler

- J'ai besoin de toi.

À ces mots, je me retourne et manque de percuter Mélody. Je ne l'ai pas entendu s'approcher. Elle prend mes mains entre les siennes et me tire à elle en plongeant son regard dans le mien.

- Ne m'en veux pas, elle chuchote. C'est tellement... Je ne sais plus où j'en suis Tyler. J'ai tellement peur d'aller voir ma mère. Dans quel état vais-je la retrouver ?

- Si tu ne te sens pas prête à y aller, alors attends encore. Personne ne te jugera.

Je colle mon front au sien en fermant les yeux. Si je pouvais prendre sa place, je le ferai immédiatement pour qu'elle ne ressente plus aucune douleur. Si c'était dans mes cordes, je referais machine arrière et ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que Aurora ne tombe jamais malade.

- J'ai besoin de la voir, mais je voudrais que tu viennes avec moi.

Mel

Quand j'étais gamine, je pouvais passer des heures à coiffer mes amies aux longs cheveux, qu'ils soient raides, bouclés ; je répétais sans cesse à qui voulait l'entendre, que je serai coiffeuse. Ma mère me disait que j'avais bien le temps avant de me décider de ce que je ferai de ma vie. Mais mon idée était déjà bien arrêté.

Aurora estimait que je valais mieux que de m'occuper des têtes des gens; oh jamais sans méchanceté aucune, elle ne dénigrait pas ce travail, mais comme tout parent, elle souhaitait que son enfant est le meilleur. "Fais des études ma chérie, devient avocat, épouse un médecin.." quand j'y pense, ça me fait sourire, parce que, paradoxalement, elle me disait "fais surtout quelque chose que tu aimes".

Je raconte ça à Tyler alors que nous sommes installés dans le sofa du salon, à regarder sans voir une énième rediffusion des Simpson. Je suis incapable de faire un résumé de cet épisode.

- Mon père voulait que je devienne basketteur pro.

- Je m' en souviens, je réponds en croisant nos mains sur ma cuisse. Mais je me rappelle surtout combien il était fier de toi lorsque tu lui as annoncé que votre album était enfin prêt.

- C'est vrai, il tourne sa tête vers moi. Pourquoi tu n'as fait ce que tu aimais Mel ? Tu étais douée avec un peigne et un ciseaux.

- Je voulais faire plaisir à maman, dis-je d'une voix lointaine.

- Tu sais, on fait les choses pour soi Mélody. Pas pour faire plaisir à quelqu'un, même à sa mère.

Il a raison, personne ne dirait le contraire. Mais quand j'ai su que maman était malade, et que ça irait de plus en plus mal, j'ai voulu qu'elle soit fière de sa fille unique, qu'elle quitte ce monde en se disant que j'ai réussi.

Malgré mes efforts, jamais elle ne se souviendra que j'ai finalement entamé un long cursus universitaire pour devenir quelqu'un de bien.

Tyler

J'observe Mélody dormir à poing fermé depuis plus d'une heure maintenant. Son sommeil est légèrement agité, aussi pour la calmer, je frôle du bout des doigts son visage, ce qui semble la détendre.

Je suis tellement heureux qu'elle m'ait demandé de l'accompagner, que j'ai complètement oublié ma famille, mes amis, mais pour être tout à fait franc, c'est le dernier de mes soucis. Le plus important, c'est d'être avec elle, de la soutenir, de tenir sa main si elle en a besoin, de sécher ses larmes si il le faut.

J'aimerai qu'elle comprenne combien je suis fou d'elle, combien elle m'est précieuse à mes yeux. Mais ce n'est pas le moment. Je veux au moins être l'épaule sur laquelle elle se repose.