J'ai trouvé la porte...

💧 Lynaz 💧

Lynaz était une jeune Elnolu à la peau turquoise et aux yeux d'un bleu aussi clair que celle de l'eau au dégel des rivières. Ses cheveux d'un jais pur étaient presque toujours tressés en couronne autour de sa tête et piqués de barrettes d'argent et de diamants, illuminant ses yeux d'une lumière spéciale.

Lynaz était née dans l'une des familles les plus importantes des Elnolu et avait donc était élevée de manière soignée et surveillée. Son enfance avait été faite de discussions nonchalantes, assise sur sa terrasse de cristal et prenant le thé avec une de ses amies, toutes aussi haut placées qu'elle. Le soleil brillait haut dans le ciel, baignant leur peau bleutée de sa chaleur rassurante.

Un jour, alors que Lynaz se regardait dans le miroir ovale de sa coiffeuse, il lui prit une envie furieuse de tout détruire. Sa vie trop parfaite, son château trop magnifique, sa chambre qui ressemblait à une prison de cristal. Ses beaux yeux étaient assombris de colère, sa main tremblait et lorsqu'elle leva sa main pour retirer une épingle à cheveux de sa coiffure sophistiquée, elle se piqua avec. Regardant le sang couler et tacher sa robe, elle comprit qu'une épingle pouvait être une arme.

Et elle décida de changer. Changer de vie. Changer.

C'est lors d'une Grande Assemblée particulièrement longue et fastidieuse, le Grand Maître parlait en long, en large et en travers de la dangerosité de l'Ennemi, qu'elle la rencontra. Jynela.

Son regard fut tout de suite attiré par la silhouette svelte de l'Aerifi, par ses cheveux courts et brillant d'une lumière argentée. Elle frissonna légèrement lorsque la jeune fille se retourna et planta ses yeux gris dans ses propres prunelles bleues. Elle dut résister à l'envie de se détourner, captivée par l'intelligence qu'elle percevait en cet être de lumière.

A la fin de l'assemblée, elle alla lui parler. Elle lui demanda son nom. Ce fut le début d'une amitié sans faille.

Jynela était vive, souriante et curieuse là où Lynaz était calme, souvent triste et satisfaite de ses connaissances. Mais Jynela lui ouvrit les yeux, lui ouvrit le cœur et ensemble elles explorèrent chaque recoin de Primordia, empruntant les passages secrets des Aerifi. Leurs rires retentissaient dans les souterrains.

Elles étaient heureuses.

Puis un jour, un jour d'hiver où la neige tombait en flocons silencieux, un jour où les deux amies regardaient le ciel, allongées ensemble dans la neige, Lynaz parla.

— Je vais me marier.

Les mots étaient encore plus horribles annoncés comme ça, à voix haute. Jynela se releva légèrement sur ses coudes pour regarder Lynaz droit dans les yeux, une peur dans ses prunelles grises que Lynaz ne s'expliquait pas.

— Te marier ? Qui ? Quand ? Pourquoi ?

Lynaz sourit malgré les larmes qui lui montaient aux yeux. C'était bien son amie, de poser des questions comme ça, de manière méthodique.

— Me marier. Un homme bien et de mon rang. Au printemps. Pour la prospérité de mon peuple.

L'Aerifi fronça son nez.

— Ce n'est pas une réponse, ça.

— Ce sont celles que j'ai eues.

— Ce n'est pas juste.

— Je sais.

Le silence retomba, glacial, presque plus froid que le vent d'hiver qui soufflait alors. Jylena souffla sur une des boucles courtes qui rebiquaient sur son nez, les yeux dans le vague.

— C'est triste pour toi. Pour moi aussi.

Lynaz cligna plusieurs fois des yeux.

— Pourquoi pour toi ? On sera toujours amies.