Comment Elnero et Fonsico se sont rencontrés...

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Tout avait commencé un jour de Grande Assemblée.

Tout a toujours commencé un jour de Grande Assemblée, songerait Elnero des années et des années plus tard.

Mais cette fois-là, pas de danger ou d'Esprit, ni de malaise ou de colliers magiques. 

Elnero était là, accroché aux jupes de sa tante Filwita. Sa maman n'avait pas pu venir, elle devait accoucher à tout moment d'une autre fille. Oui, encore une. Elnero avait deux grandes sœurs et déjà une frangine. Mais ça ne le dérangeait pas, loin de là. Il aimait beaucoup ses sœurs.

Elnero était là, donc, en train de plaisanter avec sa cousine Elwena. Ils parlaient de trolls et de fées, de méchant monstre et de la gentille sorcière qui sauve le pauvre prince du très gros très méchant serpent des mers. Ils ont cependant été rappelés à l'ordre quand les trompettes sonnèrent et qu'apparut sur l'estrade une silhouette qui ferait plus tard frémir Elnero de dégoût.

Le Grand Maître parla et parla de choses sérieuses et pas drôles qui font s'endormir d'ennui les enfants. Elnero bâilla à s'en décrocher la mâchoire et promena son regard curieux sur les gens amassés autour d'eux.

Ce fut un garçon, un Faniaki un peu plus âgé que lui, qui attira son attention. Il gigotait et se faufilait entre les jambes de ceux qu'Elnero supposait être ses parents, s'attirant les réprimandes du grand homme baraqué qui devait être son père. De là où il était, le Mufole pouvait voir les yeux brillant de défi de l'autre enfant et son sourire à fossettes. Le petit manège dura jusqu'à ce que la mère, qui apparemment avait bien plus d'autorité que son mari, ne le rappelle à l'ordre d'un ton autoritaire.

Elwena lui tira le bras et lui montra un Elnolu qui se curait le nez, les deux gloussèrent et bien vite Elnero oublia.



Elnero était fondamentalement curieux. Du lever du soleil à son coucher, et même au-delà, il posait des questions.

Et personne ne lui répondait jamais.

Alors il arrêta de les formuler et se contenta de les murmurer au vent, quand du haut de la cime des arbres il pouvait presque toucher les nuages du bout des doigts. Parfois, il s'imaginait qu'il y avait d'autres terres au-delà des forêts, ces terres des légendes. Et il se plaisait à penser que le vent posait aux pieds de fées, trolls et gobelins, ses questions sans importance.

Elnero grandit donc en rêveur, le nez en l'air et l'esprit ailleurs. Les livres de contes étaient ses préférés, tout comme sa cousine Elwena. Les deux enfants jouaient souvent ensemble dans les racines des arbres des marais, sautaient par-dessus ou passaient en-dessous, se retrouvaient avec de la boue jusqu'au menton et se faisaient disputer le soir.

Il aimait beaucoup la sensation de l'herbe sous ses pieds, mais se sentait souvent coupable d'écraser ces pauvres petits brins innocents. Il volait des biscuits que sa mère avait mis à refroidir, et s'enfuyait en riant dans les prairies. Il faisait des couronnes de fleurs et mangeait des graines de tournesol.

Une enfance tranquille et heureuse.



Un jour, plusieurs années plus tard, son père l'envoya faire une commission. Elnero devait passer dans les trois autres cités livrer les fruits et légumes que certains avaient commandés.

Excité à l'idée d'explorer et visiter autre chose que Banyaghu, Elnero partit joyeusement sur les chemins bordés de fleurs, paniers sur la charrette et le cœur battant.

J'ai trouvé la porte...Where stories live. Discover now