Alice

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Je chercha par réflexe le tic tac de mon collier pour tenter de me calmer avant de me rappeler que je l'avais enlever.

Cinq : c'est ici que tu as grandis ?
Celia : je ne pensais pas revenir un jour dans cette maison.
Cinq : tu es sûre que tu veux y aller ?
Celia : on a pas le choix. Et tu pourras en apprendre plus sur moi comme ça.
Cinq : Celia-
Celia : on y va.

Je défit ma ceinture et ouvrit la portière pour sortir de la voiture. Il se téléporta à côté de moi. Je détailla la façade en me pinçant les lèvres puis ferma les yeux en inspirant longuement.

Cinq : tu sais comment entrer ?
Celia : la porte n'est jamais fermée.

J'avança sur le perron et tourna la poignée. Bingo. Un frisson me parcouru quand je revis le couloir et tous les dessins accrochés au mur. Des mains, toujours des mains.

Cinq : c'est pas du tout flippant...

Je tourna dans la pièce à ma gauche, le salon.
Les couleurs sombres étaient toujours comme dans mon enfance mais quelque chose avait changé, même si je n'aurais su dire quoi.

Celia : y'a quelqu'un ?

Seul le bruit des pas de Cinq me répondirent.

Cinq : ou mènent ces escaliers ?
Celia : a l'étage.

Il soupira et je ne réagis pas, toujours concentré sur l'examen de la pièce. Je repassa dans le couloir et monta les dis escaliers.
Porte de droite, chambre parentale, même si ils ne dormaient pas ensemble, porte de gauche, salle de bain. Chambre en face, la mienne.
La main tremblante, j'abaissa la poignée et ouvrit doucement la porte. Des souvenirs me remontèrent à la tête et j'avala difficilement ma salive. Il approcha le bureau en bois et attrapa un livre qui traînait dessus.

Cinq : Alice au pays des merveilles ?
Celia : un cadeau de ma mère.
Cinq : Alice est l'anagramme de Celia.
Celia : aussi.

J'avance encore un peu, retrouvant la décoration qui avait bercé mon enfance.
Cette phrase était clairement ironique. Je revis les vêtements que je portais à l'époque, les livres que j'avais lu, le poster de Queen qui trônait au dessus de mon lit et pleins d'autres choses encore. Après ces retrouvailles, je resta au milieu de la pièce, comme bloquée entre deux mondes. Il souleva le drap du lit et une immense tache de sang séché était toujours sur le matelas après toutes ces années. Je détourna le regard et il laissa tomber la couverture dessus l'air désolé.

Cinq : ça va aller ?
Celia : oui.

Il continua d'inspecter la chambre, vu que j'étais trop sidéré pour bouger. Il trouva d'autre tache de sang, des vinyles, des griffes sur les murs, un jeu d'échec, et d'autres atrocités que mon cerveau effaçait au fur et à mesure. Un manteau de poussière confirmait que personne n'avait mît les pieds ici depuis des années. J'étais totalement perdue dans mes pensées, d'anciennes pensées, en frottant nerveusement mon poignet gauche.

Flashback

Je replia doucement mes jambes contre moi, la douleur me lacérant encore le corps.
Le 6 avril n'était pas une date joyeuse...
Je regarda la tache de sang qui s'agrandissait sur mon lit tandis que je ne savais même plus qu'elle partie de mon corps, vêtu seulement de sous vêtements, saignait. Les larmes inondaient mes joues mais je n'avais pas la force de pleurer clairement. J'étais juste vide. Une fille sans famille, sans nom, comme si je n'existais pas. Je sortis de mes sombres pensées quand ma mère rentra dans ma chambre. Elle s'accroupit en face de moi et me pris les mains.

Maman : tout va bien ma chérie.
Celia : c'est ma faute... je suis désolée..
Maman : non ce n'est pas ta faute voyons. Tu veux que je te dessine ? Ça pourrait te remonter le moral.
Celia : me dessiner ? Mais je suis horrible.
Maman : non.. regarde tes mains, regarde comme elles sont magnifiques. Elles sont unique. Comme celle de ma maman.
Celia : qu'est-ce qu'il lui ait arrivé ?
Maman : elle est partie.
Celia : pourquoi ?
Maman : je ne sais pas, mais avant de me laisser à l'orphelinat, elle m'a offert ce livre.
Celia : Alice aux pays des merveilles ?
Maman : prends le, ce sera ton cadeau d'anniversaire.

Je te hais de m'avoir fait tomber amoureux de toi Where stories live. Discover now