12. Quelques années plus tôt

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Je n'arrive pas à dormir. J'étouffe. Alors je me lève et m'habille le plus discrètement possible pour ne pas réveiller Tristan, je prends la carte de la chambre, mon téléphone et mes écouteurs. Une fois à l'extérieur de ce bâtiment, j'active ma playlist spéciale, m'échauffe puis m'élance dans cette ville que je ne connais pas. Je cours jusqu'à ce que mes muscles soient endoloris et plus encore, que je n'ai plus de souffle et je m'écroule dans un parc. Je m'allonge en étoile et regarde le ciel bleu en reprenant mon souffle. En me redressant sur les coudes, j'observe tout autour de moi et me rend compte que c'est une ville qui à une vie, je remarque plusieurs groupes d'amis qui marchent, ris, cours, s'amusent, je vois des familles, des couples, des joggers etc. Je crois que j'aime vraiment cette ville alors que ça ne fait que quelques heures que je suis arrivée. Je me relève au bout d'un long moment, étire quelques instants mes muscles et me remets à courir, le sourire aux lèvres. 

Lorsque je rentre à nouveau dans l'enceinte de l'hôtel, il est 10h30 passé, ce qui signifie que j'ai couru plus de deux heures. Je rentre discrètement dans la chambre, m'étire, boit un bon litre d'eau, me glisse sous les draps et tombe peu de temps après dans les bras de Morphée. 

Au moment où je me réveille, il n'y a aucun bruit dans la chambre. Je ne vois que deux raisons. Un: je me suis réveillée avant l'heure et je n'ai par conséquent dormi que très peu. Deux: c'est l'inverse. Je me lève, m'étire et remarque que la chambre et vide. J'attrape mon téléphone et regarde l'heure. 14h passé. J'empoigne de nouveaux vêtements et cours à la douche histoire d'être présentable. Avant de sauter dans la douche, j'envoie un message rapide dans le groupe pour les prévenir que j'arrive dans 10 minutes et leur demander où est-ce qu'ils sont. 

Sept minutes plus tard je suis sortie de la douche, habillée et maquillée d'un trait d'eye-liner et de mascara. Mon sac avec tous mes effets personnels et la clef en main, je sors de la chambre et cours dans les couloirs pour arriver à l'heure que je leur ai dit. J'ai horreur d'être en retard. Je les retrouve tous dans le grand hall et les remercie de m'avoir attendu avant de partir. Tristan vient me voir et m'explique.

- Je t'ai entendu sortir et revenir plusieurs heures plus tard. Je me suis doutée que t'étais partie courir alors je t'ai laissée dormir et je leur ai glissé quelques mots sur la situation. Déjà petite tu ne pouvais pas t'arrêter. 

- Merci Trist. Je suis contente de te retrouver, tu m'avais manqué. 

- Toi aussi Maë. 

On s'arrête tout les deux et on se prend dans les bras. Quelques larmes s'échappent de mes yeux, je les essuies rapidement du revers de la manche. Puis on reprend la route. Mia et Olivia viennent me voir pas longtemps après et me demandent ce qu'il se passe. Je leur répond rapidement que Tristan m'avait raconté ce qu'il leur a dit et qu'on s'est dit qu'on s'est manqué. Mes copines sourient et me prennent un bras chacune en me contant combien elles sont contentent d'être ici avec moi, avec toute la bande que l'on a créé. On rigole en discutant de tout et n'importe quoi. Le programme de l'après-midi c'est patinoire. Je suis pas très douée en patinage artistique, j'ai l'habitude du hockey sur glace donc je sais patiner mais en terme de figures, ce n'est pas vraiment ça. J'ai hâte de rechausser des patins. J'ai l'impression que ça fait des années que je n'en ai pas fait. A cette idée, je sautille comme une enfant. Et tout le monde rigole de me voir dans cet état. 

On demande des paires de patins à notre pointure, on se chausse et moi la première, on s'élance sur la glace. La vitesse et le vent que l'on produit par ce fait m'enivre. C'est une sensation de liberté magnifique. Je respire, les bras tendus sur les cotés, les paumes et la tête en direction du ciel et glisse jusqu'à ne plus avoir d'élan. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'y a quasiment personne sur la glace. Je m'attendais à une foule de monde mais quand je regarde bien, nous sommes les seuls. C'est pourtant LE sport national ici. 

Soudain, alors que je m'amuse à faire des sprints et à essayer toutes sortes de figures - en passant des loops jusqu'aux Axels - j'entends un garçon demander pendant une de mes tentatives de Salchow. 

- Qu'est-ce que vous faites ici? Cette patinoire est fermée aujourd'hui. 

Je tombe sur la glace et me relève, je ne me suis pas blessée. Il a de la chance. Tous mes amis ne comprennent pas très bien l'anglais donc se tournent vers moi d'un oeil interrogateur. 

- On nous a laissé entrer pourtant. Pourquoi est-ce qu'elle serait fermée? Et t'aurais pu attendre que j'atterrisse pour poser ta question non? J'aurais pu me blesser. T'as de la chance. Je lui répond. 

- Pauvre chou. Tu t'es pas blessée donc c'est bon puis t'as l'air de bien connaître la glace et ses risques. Bref, elle n'aurait pas du vous laisser rentrer étant donné que la patinoire a été réservée pour l'après-midi. Il rétorque.

- Bah on est là, qu'est-ce que ça change qu'il y ait six personnes de plus? La patinoire est assez grande pour qu'on se la partage. 

- Pourquoi y'a que toi qui parle? 

- Et toi? Pourquoi y'a que toi? On s'en fiche non? C'est comme ça et puis c'est tout. 

Je le vois marmonner quelque chose dans sa barbe et ses amis rigolent. En attendant je reprends ma course. Je tourne en rond, de plus en plus vite, vais au milieu, fait des sauts, de plus en plus compliqués. La chute va finir par arriver, c'est indéniable. Mais j'ai besoin d'adrénaline, là, maintenant. Pour pouvoir me calmer, réfléchir à tout ça. J'entends vaguement mon groupe m'appeler, me dire d'arrêter, s'inquiéter. Mais je ne peux pas. C'est comme si j'étais dans un état de transe. Tout s'éloigne autour de moi. Et je pense à ce que mon père m'a fait promettre. Et que je ne tiendrai pas. Prendre soin de moi. Je ne peux pas. J'ai besoin de me défoncer. Les larmes coulent à flot, ma vue se trouble, je tente un double Axel. Et je tombe. Lourdement. 


J'espère que ce chapitre vous aura plu. A plus les copains! ;)

Maële💛🌻


Military NurseWhere stories live. Discover now