19 - Quelques années plus tôt

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Les vacances sont finies. Quelques jours après l'appel de mon père, j'ai reçu un message de lui me disant qu'il allait bien. Nous sommes le 1er mars. Mon concours est à la fin de la semaine. Je suis à la fois excitée et stressée. J'ai du mal à y croire. Je suis à deux doigts de mon rêve. Plus le temps passe et plus je commence à le toucher du bout des doigts. La sensation est grisante. Et pourtant, je n'ai toujours pas passé les premières épreuves ni été acceptée. Alors j'ose à peine imaginer ce que je vais ressentir au moment des résultats. Seulement, j'ai peur de m'emballer, de me dire que je vais forcément être prise. Il faut que je m'attende aux deux possibilités.

Les jours passent. Lundi. Mardi... Et d'un coup, nous sommes le 5. Je dois me rendre à la maison des examens pour 12h45, la première épreuve étant à 13h00 et la seconde est à 16h00. Mon cœur bat incroyablement vite et je ne saurais dire si c'est de l'excitation, de la peur ou du stress. Peut-être un mélange des trois. 

J'aurais aimé avoir un petit message de la part de mon père ce matin mais je n'ai rien reçu. De la part de personne. Alors, devant la salle avec 45 minutes d'avance, je n'ai pas grand chose de plus à faire que de tourner en rond. J'ai besoin d'aller courir. J'en ai profondément envie. Mes jambes sont lourdes, mon cœur bat trop vite, ma tête m'imagine en train de faire mon parcours de 2h mais je suis bloquée là. Je sais que c'est pour atteindre mon rêve mais concrètement, c'est pas le bon jour aujourd'hui. J'ai beaucoup trop la bougeotte aujourd'hui. Je n'ai pas voulu faire de sport avant de venir pour éviter d'être et maintenant je dois assumer les conséquences. Alors je monte les escaliers deux par deux puis les redescends et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on nous dise d'entrer dans la salle. On contrôle notre identité et on nous dit de chercher notre nom sur les tables. Tout à coup, je ne connais plus mon alphabet. Je le récite dans ma tête tout en parcourant les allées jusqu'à tomber sur le mien. Je m'assois, sors mes encas, mes stylos et le matériel qui me paraît nécessaire, pose ma gourde au pied de ma table, mets ma carte d'identité ainsi que ma convocation sur un coin de la table puis patiente que tout le monde soit installé et qu'on nous distribue les copies. Une fois fait, on nous explique comment remplir l'entête puis, quand tout le monde l'a fait, on nous donne les sujets et le top départ. 

Je prends le temps de bien lire mon sujet et les questions, prends quelques minutes pour une première réflexion et note mes premières idées sur mon brouillon. Je fais une deuxième lecture pour voir si je n'ai pas d'autres éléments à ajouter à ceux que j'ai déjà. Je surligne et souligne mon texte avec plein de couleurs pour m'aider à me repérer dans le texte et me dire à quelle question le passage se rapporte. J'ai quelques citations et des éléments de mes cours. Cette première partie me prend une heure sur les deux. J'écris au propre mes idées et commence la dernière question pour laquelle on doit répondre en partie grâce à des expériences personnelles. Elle est un peu dure émotionnellement parlant. Le texte parle de troubles neurologiques. J'hésite un moment à en parler, et je me demande si je ne vais pas mentir sur l'identité de la personne. J'ai peur de ne pas être retenue à cause de ça... Alors au lieu de dire que c'est moi, je dis que c'est ma sœur qui en est atteinte. Le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (tdah ou tda/h). 

J'ai enfin fini. Je me relis rapidement pour vérifier l'orthographe puis retourne ma copie. Tout au long de ces deux heures, je n'arrêtais pas de relever le nez de ma copie et de regarder tout autour de moi ce que faisaient les autres. Et bien évidemment, j'étais la seule qui avait le nez en l'air. Comme d'habitude. J'ai observé les personnes qui m'entourent. Il y a beaucoup de filles.

Les personnes qui nous ont donné les copies et le sujet nous disent que la première épreuve est terminée et que nous devons poser nos stylos. Je reste assise sur ma chaise à attendre en me tortillant le moment où nous allons pouvoir nous lever et marcher. Elles ramassent nos copies et une fois qu'elles ont toutes étaient récupérées, nous disent que nous pouvons manger et aller aux toilettes. Je me lève précipitamment et marche dans tous les sens.

Military NurseWhere stories live. Discover now