15. Quelques années plus tôt

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Nous sommes de retour à Paris. On prend le train pour être de retour à Grenoble. Retour à la réalité. La rentrée se fait dans deux jours même pas. Quelle joie! Le retour de la routine. L'horreur. Encore 6 mois de cours. Parcoursup. Le concours. Le bac. Les résultats. C'est encore tant de stress et de travail à fournir. J'en suis à un point où l'école m'ennuie. J'ai envie de ne rien faire. Pas la foi. Mais je suis bien heureuse d'avoir ma bande avec moi. Pour m'aider à surmonter tout ça. Je crois que je n'aurais pu trouver meilleures personnes pour m'entourer. Et il est absolument hors de question que je les perdes. Je crois que sans eux, je n'en serais jamais arrivé là. Ils ont tant fait pour moi. Tous autant qu'ils sont. 

Sur mon siège, les écouteurs enfoncés dans les oreilles et la tablette sur les genoux, je regarde mes mails avec dans un coin de l'écran un épisode de ma série en arrière plan. Je réponds à certains, en archive d'autres. je reçois un appel en facetime d' Aaron, mon frère. Je réponds. 

- Hey baba! 

- Yo mini moi. Tu vas bien? 

- J'ai connu mieux mais globalement ça va et toi? 

- Moi ça va. J'ai eu écho de quelque chose qui s'est passé cette nuit. 

- Ah. 

- Oui ah. Tu veux en parler? Je sais que c'est pas évident pour toi. Pour personne en l'occurrence. 

- Je sais bien que c'est pas facile pour vous aussi. T'es le seul à réagir un minimum. Maman fait comme si c'était normal ou je sais pas trop. Et papa... J'arrive pas à lui dire. Mais toi, tu le vois et je suis désolée. C'est vrai que ça doit être particulièrement dur pour toi. 

- Arrête, je crois que je peux comprendre une partie de tout ce que tu ressens. J'ai rien oublié. Et il y a forcément des moments où c'est plus compliqué, où tout revient. Mais chacun régit d'une manière différente. C'est totalement normal. 

- C'est juste que ça m'énerve de réagir de cette façon-là alors que ça fait presque 14 ans.  

- Je sais bien. Sinon, si tu veux, la prochaine fois que papa appelle, peu importe si c'est à la maison ou juste toi, tu me préviens et on en parle ensemble. Tout ce que t'aura à faire c'est m'ajouter à la conversation. Et peu importe que je soit en cours ou en train de travailler, je répondrai et je serai là. J'y vais. Bisous. 

- Merci beaucoup baba. Bisous. 

Il raccroche après que je lui ai dit ces mots. Je ferme mes yeux, penche ma tête en arrière et me tire légèrement les cheveux. Ces dernières heures ont été éreintantes.  Une vibration me fait ouvrir à nouveau les yeux et remarque un message de Loan. Il réapparaît. Probablement à un instant où je ne préférerais pas lui parler. Juste besoin d'être seule. Avec celle qui n'est plus là. La seule personne sur cette Terre qui me comprenait vraiment. Merde, c'était la meilleure personne qui ait pu exister! Fallait que ça lui arrive à elle. 

Il y a des moments dans la vie où nous ne sommes pas réellement raisonnables, où nous ne sommes pas réellement nous et où l'on devient égoïste, à croire que nos malheurs sont les plus importants, que ce qui se passe dans notre vie est ce qu'il y a de plus grave. En fait je crois que c'est parce que dans ces moments-là, on se referme sur nous-même, on ne voit pas plus loin que le bout de notre nez. On est persuadé qu'il n'y a rien de pire. Et c'en est presque un besoin vital. Comme pour se rassurer. 

Je ne réponds pas au message et laisse un vu. Il n'avait de toute manière pas grand intérêt. Je crois que j'ai besoin de changement ces derniers temps, dans la personne que je suis. Aussi bien mentalement que physiquement. Je suis arrivée il y quelques minutes et la maison est totalement vide. Je ne trouve aucun mot. Pas grave. Je vais dans la salle de bain, trouve le matériel de coiffure et en sort le nécessaire pour me couper les cheveux. Je me fais face dans la glace, m'observe de longue secondes et hésite. Je ne sais pas vraiment ce que je veux faire de ma tignasse. Une frange? Un carré? Long ou court? Je ferme mes yeux, prends mes cheveux et positionne les ciseaux à côté de mes cheveux. Je les ouvre à nouveau et regarde la longueur que ça me ferait. Satisfaite, je prends mon courage à deux mains et me lance. Une bonne quinzaine de minutes plus tard, je me retrouve les cheveux coupés en un carré mi-long. Je souris à mon reflet. Je range tout le bazar que j'ai créé et rejoins ma chambre. Je sors mon ordi de ma valise, m'installe sur mon lit et créer des paniers de nouveaux habits. Je valide une ou deux commandes puis me change pour aller courir. 

Il fait maintenant nuit noire. L'air est frais. Britney Spears dans les oreilles je me lance dans ma course. Je sais pertinemment que mon frère et ma mère vont m'engueuler quand je serais rentrée mais je n'en ai rien à faire. Le besoin est plus fort que les conséquences. Je me perds dans la musique, me transportant et ne me faisant pas penser à l'effort que je dois fournir. J'aime ma ville pour ses reliefs, le fait qu'il y ait de l'effort à faire. Que ce ne soit pas si facile qu'autre part mais en même temps plus simple qu'ailleurs. 

C'est le dernier jour avant la reprise et il faut que je termine mes devoirs et que je m'avance pour les lettres de motivation que je vais mettre sur parcoursup. J'ai des contrôles bientôt et il faut que je reprenne tout. Surtout pour la biologie malgré le fait que ce soit des chapitres plutôt simples mais je n'ai pas vraiment écouté en classe. Alors je regarde des vidéos et tout ce que je trouve sur le sujet pour comprendre le plus possible. Tout à coup, j'entends mon frère et ma mère parler de plus en plus fort. Je mets de la musique dans mes écouteurs et monte le son pour couvrir leurs voix. Déjà avant mon départ ils se disputaient. Je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi. Je me replonge du mieux que je peux dans mes révisions. N'y arrivant pas, je sors la tête de ma chambre et leur demande s'ils peuvent aller s'engueuler ailleurs parce que je dois travailler et qu'avec le boucan qu'ils font je n'y parviens pas. Je referme la porte de ma chambre, augmente encore le son jusqu'à ne plus pouvoir le faire. Les cris ne cessant pas, j'abandonne mes révisions, prends mon téléphone, mes clefs, enfile mes chaussures et mon manteau et sors de cette maison. 

J'envoie un message à mon père lui racontant ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment en taisant quelques épisodes comme ma chute ou ma sorte de transe. Je me pose sur un banc dans le parc près de mon école primaire et observe ce qu'il se passe dans les environs. Seulement nous sommes dimanche et en hiver, les gens ne s'amusent pas à sortir par de telles températures. Quelques groupes d'ados, des parents allant acheter quelques petites choses au commerce du coin et des familles passent par là en se dépêchant pour éviter d'avoir froid plus que nécessaire. Moi, le froid me fait du bien. Il givre mes pensées tournées vers ce qu'elles ne devraient pas et brule les autres. Je suis bien. 


Salut les copains, j'espère que ce chapitre vous aura plu.

Je vous souhaite de passer d'agréables vacances même si vous ne pouvez pas faire ce que vous avez prévu comme moi. A dimanche les copains ;)

Maële💛🌻

Military Nurseحيث تعيش القصص. اكتشف الآن