17. Quelques années plus tôt

80 2 0
                                    

Mon frère et ma mère se disputent de plus en plus et chaque fois un peu plus fort. Ca devient de plus en plus insupportable et toujours plus impossible pour moi de me concentrer. De quoi me mettre sur les nerfs et me démotiver de tout. De quoi me faire faire plus de sport que je n'en fais déjà. Je me referme encore un peu plus sur moi et j'ai perdu l'appétit. 

Je me suis résignée à rester dans l'enceinte du lycée pour travailler, m'évitant ainsi d'avoir à supporter ma famille. C'est triste à dire mais ça me permet d'échapper à toute cette tension un maximum de temps. A peine arrivée à la maison, je m'isole dans ma chambre ou dans ma salle de sport, la musique à fond dans les oreilles. Sinon, je vais courir malgré le froid et la neige. Ca me permet d'ôter de ma tête toute cette douleur qu'ils m'infligent peut-être inconsciemment, mais pourtant bien vive. 

Les jours et les semaines passent, tous identiques les uns aux autres. Toujours la même rengaine. Trop c'est trop.

- Vous en avez pas marre de vous engueuler en permanence comme ça? Je crie. Vous n'en avez rien foutre en fait de ce que ça peut me faire de vous voir vous disputer? Vous êtes des putains de gamins! Vous croyez pas qu'on est déjà assez déchirés? Merde.

Je prends mes affaires, claque la porte de ma chambre puis celle de l'entrée. Une fois dehors, j'envoie un message à mon frère et à ma mère pour leur dire de ne pas s'inquiéter, que tout ira bien pour moi. Je sonne chez Olivia et son père m'ouvre.

- Bonsoir Maëlia. Tu vas bien? Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-là?

- Bonsoir. Mon frère et ma mère n'arrête pas de s'engueuler alors je suis partie de chez moi. Ca dérange si je passe la nuit ici?

- Bien sûr que non. Tu viens quand tu veux. Surtout si t'as un problème. Entre, Olivia est dans sa chambre.

Je me déchausse et rejoins Oli.

- Salut. Je fais d'une petite voix.

Elle se lève, m'observe et viens me faire un câlin.

- Toi ça va pas. Raconte moi tout.

Je lui fais un résumé des dernières semaines sans rien omettre. Après ça, on va manger puis on remonte dans sa chambre finir nos devoirs, puis on regarde un épisode de 'Friends'. Il est presque minuit quand enfin on se couche.

*****

On rentre à la maison. Dans deux ou trois jours papa va repartir en mission. Je donnerai tellement pour qu'il reste. On à tous besoin de lui. Que ce soit maman, Aaron, Amélia, moi ou même le reste de la famille. Je suis au milieu de la banquette arrière, je ne peux pas faire grand chose pour m'occuper. Un film passe sur les petits écrans que papa a installé sur les appuis tête, mais j'arrive pas à me concentrer sur ce qu'il s'y passe bien qu'il ait l'air génial. J'ai besoin de bouger, de me dégourdir les jambes.

- C'est quand qu'on fait une pause? Je demande à mes parents.

- T'as déjà posé la question il y a 5 minutes chérie. Me répond ma mère.

- C'était il y a 5 minutes? T'es sûre?

- Oui.

- Mais j'ai besoin de bouger. Mes jambes et mes fesses me font mal. J'en ai marre d'être assise. Je veux sortir de cette voiture.

Je continue de me plaindre en gesticulant jusqu'à ce qu'on s'arrête sur une aire d'autoroute pendant une petite dizaine de minutes. Puis on reprend la route et je continue à me plaindre jusqu'à ce que je finisse par m'endormir et je me réveille quand nous sommes arrivés à la maison. Il fait encore jour. Aaron et les parents déchargent les bagages pendant qu'Amélia et moi nous jouons à notre jeu préféré, cache-cache. C'est au tour de ma sur de compter. Je regarde autour de moi pour trouver une bonne cachette. Je traverse la route plus ou moins prudemment et me cache derrière la poubelle du voisin. Je sors un peu la tête pour voir où elle est et elle tourne la tête vers ma cachette à ce moment-là. Je me terre un peu plus derrière la poubelle avec l'espoir qu'elle ne m'ait pas vue. Je retourne ma tête dans sa direction, la voit courir et voit la voiture la percuter. Le conducteur s'arrête à quelques mètres de là et accourt vers Amélia. Malheureusement je crois qu'il est trop tard. Je le sens dans tout mon être.

*****

- Maëlia! Maëlia! Réveille-toi!

Je sursaute, encore inconsciente du monde m'environnant. Je suis toujours plongée dans ces souvenirs qui ont ressurgit. Mon esprit est en ébullition, refusant de revenir au monde présent. Mon corps refuse de bouger, comme bloqué à cet instant précis de ma vie. Et je redeviens cette petite fille vulnérable. Cette fille que j'ai haïe tant de temps et que je continue aujourd'hui encore à haïr. Cette fille qui n'a plus l'air que d'une âme vagabonde. Une âme perdue. Etouffée et suffoquant sous le poids du temps. Prise au piège de la vie.

Olivia me parle, je l'entends mais n'intègre pas ce qu'elle me dit. Au bout d'un moment, elle se tait et se rendors constatant qu'elle parle dans le vide. Moi, je reste statique, attendant que le temps passe. Mais comme chaque fois dans ces moments-là, il file au ralentis. J'avais osé espérer que ce temps soit révolu. Ce temps où je me dédoublais. Que j'étais devenue une meilleure version de moi, mais apparemment pas. Mes démons n'en n'ont vraisemblablement pas fini avec moi. Et il faut que je réapprenne à composer avec.

Après ce surplus d'émotions, je sèche la journée d'école, rentre chez moi et me terre dans ma chambre. Les gens s'inquiètent pour moi et m'envoie de nombreux messages auxquels je ne réponds pas. J'essaye de dormir, sans y parvenir. Les flashbacks reviennent tous d'un coup. Ils se frayent tous un chemin dans ma mémoire sans demander l'avis de quiconque. J'ai l'impression de devenir folle. A me tirer les cheveux et crier de toutes mes forces dans la maison, les yeux fermés le plus possible pour ne plus entendre, ne plus voir tout ça. En vain. Parce qu'ils ont une force bien plus grande que la mienne. Parce que certains souvenirs sont cruels. Et que malgré tous les efforts, rien ne peut arrêter cette souffrance.

Mais je pense qu'elle est nécessaire. Que je vis pour deux et que par conséquent, tout est démultiplié. Tout ce qu'elle aurait dû vivre. J'ai dû être choisie pour tout supporter, tout régler. Le poids de nos vies est porté par mes épaules, semblant frêles tout à coup. J'aimerais tant rester forte, que tout cela me passe au-dessus. Etre comme ces personnes que rien ne semble atteindre. Tout serait bien plus simple. Mais comment puis-je y parvenir? 

Je prends mon téléphone, faisant fis de tous les messages et appels manqués de mes amis, appelle mon père et laisse un message sur son répondeur. Il a toujours été là pour moi. Et je sais que peu importe où il se trouve, je peux compter sur lui pour me soutenir et m'aider. Quelques soient mes problèmes. Et pour ça, je l'aime tellement. Mais c'est également pour cela qu'il me manque tant quand il part en mission. Parce que les autres sont trop égocentriques pour remarquer quoi que ce soit qui ne les concerne pas directement. J'ai beau être sa fille, j'ai beau être sa sœur. Ils ne remarquent rien, trop occupés avec leurs querelles d'enfants pour se soucier des autres. C'est malheureux. 

A la fin de mon message, je suis en larmes, le cœur meurtri de tout ce que je viens d'avouer. C'est douloureux. Et s'il affirme, s'il me dit qu'il le ressent à travers mon message, alors ce sera bien réel. 


Salut les copains. J'espère que ce chapitre vous aura plu. 

J'espère que votre rentrée s'est bien passée et que l'organisation de votre établissement vous convient. Si vous avez bientôt des épreuves, alors je vous dit merde et surtout ayez confiance en vous. Vous pouvez le faire. <3

Maële💛🌻

Military NurseDove le storie prendono vita. Scoprilo ora