LVIII

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J'entends un bip, non en fait j'entends plusieurs bip. J'ouvre mes yeux, tout est flou, je cligne plusieurs fois des yeux pour voir correctement. J'aperçois quelqu'un juste en face de moi, c'est Enes, il est assit dans un fauteuil, le dos courbé, la tête baissée, il n'a pas l'air d'être bien. J'essaye de bouger mon bras, mais c'est un trop gros effort, je suis encore épuisée et sous l'effet de tout ce qu'ils ont dû m'injecter dans le corps. Mes yeux se referment contre ma volonté, j'essaye de récupérer le peu de force que je retrouve et j'ouvre les yeux pour le regarder.

« - Enes... »

Je ne m'attendais pas à ce que ma voix soit aussi faible, et lui il ne s'attendait juste pas à m'entendre. Il relève sa tête d'un coup, il est comme choqué de me voir, il pose sa main sur ma joue et il finit par sourire. Même à travers ce sourire, je peux voir comme il est faible. Ses yeux sont gonflés, il n'a probablement pas dormi, et son teint est pâle, comme s'il était malade.

« - Maria. Il me caresse la joue et ce n'est qu'à ce moment que je comprends que je suis sur mon flanc droit.

- Qu'est-ce qui se passe...? Demandais-je d'une voix enrouée.

- Quelqu'un t'a tiré dessus, tu es ici depuis deux jours.

- Je crois que je suis immortelle. Il finit par rire quand je dis ça et je sourie. Enes... Je perds mon sourire. Je ne sens pas mon corps...

- Je... Je vais appeler un médecin. »

Il dépose un baiser sur mon front et il se dépêche de sortir. Enes cherche un médecin partout, il finit par trouver une infirmière et lui demande de trouver le médecin qui s'occupe de moi. Il revient à mes côtés, j'ai les yeux à moitié fermés, je n'arrive même pas à bouger, je ne sens pas mon corps, je ne comprends rien à ce qui se passe autour de moi. Enes prend ma main dans la sienne, il me regarde tristement, me voir aussi faible le rend mal. Le médecin arrive enfin, il vient vers moi et il commence à regarder mes blessures. Il vient ensuite se mettre en face de moi.

« - Comment vous vous sentez, madame Meral ?

- Je ne sens rien...

- C'est normal, l'effet de l'anesthésie est toujours présente. Vous n'étiez pas censée vous réveiller maintenant.

- Je n'aime pas rester à rien faire, docteur... Dis-je avec un sourire très faible qui fait tout de même sourire Enes.

- C'est une bonne chose. Dit le médecin avec un sourire. Nous allons vous prendre dans une chambre normale, d'ici là, vous sentirez tout et j'espère que dans ce tout il n'y aura pas la douleur. »

Le médecin fait signe à Enes de le suivre, ce dernier hoche la tête, il se lève et il vient déposer un baiser sur mon front avant de sortir de la salle. Son cœur bat très vite, il a peur de ce que le médecin peut lui dire.

« - Elle aurait vraiment dû se réveiller plus tard. J'ai peur de devoir l'obliger à se rendormir.

- Faites ce qui est nécessaire.

- Mais d'un côté, il faut qu'on sache si vraiment elle ressent cette paralysie, ou si ce n'est que l'effet de l'anesthésie.

- Qu'est-ce qu'on va faire alors ?

- Je vais demander à une infirmière de préparer sa chambre, ensuite, quand elle sera vraiment consciente, on va tout vérifier ensemble. Enes hoche la tête. Tout ira bien, monsieur Meral, j'en suis sûr.

- Je l'espère. »

Le médecin s'en va, Enes reste un moment dans le couloir, il s'assoit sur la chaise qui se trouve là et il jette sa tête en arrière. Ça fait deux jours que je suis ici, deux jours qu'il n'est pas rentré à la maison, deux jours que mes parents et les siens n'arrêtent pas de lui demander pourquoi il ne veut pas les emmener me voir. Il a interdit à tout le monde de dire que je suis ici, il ne veut inquiéter personne.

CriminelWhere stories live. Discover now