Criminel

XCIX

Je rentre à la maison, je fais un sourire aux autres, quand je vois que ma mère, mon frère, mon oncle et Esra sont prêts à partir, mon cœur se serre, mais je ne vais pas les empêcher de partir, il ne faut pas qu'ils souffrent plus. Mon beau-père leur demande d'attendre Enes, il ne veut pas qu'ils partent sans qu'il leur ai dit au revoir, si ça ne tenait qu'à moi, je les aurais déjà laissé partir, Enes ne va sûrement pas rentrer dans la joie et le bonheur. Je sais qu'il est énervé contre moi, mais je ne sais pas comment il va me le montrer, soit il va casser des choses autour, soit il va se faire du mal, soit il va me faire du mal. Quoique... Me faire du mal est impossible, je ne ressens plus aucune douleur honnêtement.

Il arrive devant la maison, il est perdu dans ses pensées, il descend de le voiture, quand il voit Farid monter des valises dans la voiture d'oncle Malik, il comprend qu'ils vont partir. Il rentre à l'intérieur et il remarque que tout le monde discute, à part moi qui suis silencieuse dans mon coin. Toute cette colère qu'il avait en lui disparaît d'un coup, il remarque comme je suis mal mais que je tente de ne rien montrer. Oncle Malik remarque sa présence et il se lève.

« - Enes, on t'attendait. On voulait te voir avant de partir.

- Je suis désolé, j'ai eu quelques affaires importantes.

- C'est normal. Il me regarde. On va partir, Maria. »

Je hoche la tête, je me lève et on va tous ensemble dehors. Je prends Bruno à part entre mes bras et on se met sur le côté pendant qu'ils sont tous en train de faire les adieux. Je laisse couler mes larmes silencieusement, tout comme Bruno, on savait bien que ça n'allait pas être facile. Ma belle-mère nous regarde en pleurant, ça l'attriste énormément cette situation. Ma mère vient me voir, quand elle me prend entre ses bras, j'ai l'impression que mon monde s'écroule.

« - Sois forte, Maria. Continue de te battre. Elle me regarde et elle essuie mes larmes. Ne laisse personne te détruire. Et dès que tu vois qu'une chose ne va pas, laisse tout tomber et viens chez ton oncle. »

Je hoche la tête, elle dépose un baiser sur ma joue et elle me caresse les cheveux. Mon oncle et Esra viennent me prendre entre leurs bras et ils finissent par monter dans la voiture pour partir. Lorsque je vois le regard plein de douleurs de Bruno, je finis par sangloter, je ne tiens pas le coup... Là voiture s'éloigne, elle disparaît complètement, je m'assois devant la maison et je laisse mon regard se perdre dans le vide. Cette fois-ci, je n'ai plus ma famille... Elle est détruite et chaque morceau est quelque part...

Enes est si mal, il déteste me voir dans cet état, il dit aux autres de rentrer et il vient s'asseoir à mes côtés. Il fait signe aux gars de s'éloigner, il regarde dans le vide lui aussi, il réfléchit, il est perdu entre se disputer avec moi pour la réunion et me prendre entre ses bras pour me réconforter maintenant que ma mère et Bruno sont partis aussi. En tournant sa tête vers la mienne, il remarque mes larmes et son cœur se serre.

« - Je ne veux plus voir des larmes couler sur tes joues.

- Ils ont détruit ma famille... J'ai enterré Ahmet, Melissa et Assia... J'ai laissé mon père en Turquie... Et maintenant... Je laisse partir ma mère et mon petit frère...

- Je sais que tu l'as fait parce que tu as accepté de collaborer avec nous. Je tourne ma tête vers lui. Je te connais, Maria. Tu sais que ce que tu viens de faire va te créer beaucoup de problème et tu ne veux pas qu'il leur arrive un malheur.

- Je ne veux pas qu'ils souffrent encore plus.

- Je ne te laisserai pas te détruire. Je vais tout faire pour t'empêcher de te venger. »

Je pose ma tête contre son épaule, il n'attend pas une seconde de plus et il m'entoure de ses bras. Il sait que je suis mal, que je n'ai pas les pensées claires, mais il sait aussi que je ne pourrais pas faire demi-tour, il sait que je suis définitivement coincée maintenant. Et c'est surtout savoir ça qui l'inquiète. Déjà qu'il a failli me perdre plus d'une fois, il se dit qu'à partir de maintenant le risque est plus élevé.