Chapitre 5

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Gray

J'entends le cliquetis de la serrure au moment où je sors de la douche et le bruit me fait froncer les sourcils. Juvia n'est pas rentrée de la nuit et l'idée qu'elle aie pu passé la nuit avec un homme traverse mon esprit et m'agace.

Je m'habille rapidement, ajuste ma cravate et me poste devant le miroir, qui me renvoie la parfaite image d'un jeune homme clinquant et confiant. Ma position m'y oblige. Je suis le digne héritier de mon père et je suis immuablement son chemin de chef d'entreprise.

Pourtant ce connard m'en fait baver!

Je n'ai aucun traitement de faveur et je suis à peine payé plus qu'un malheureux smic. Mes mains se crispent en songeant au gouffre qui me sert de compte en banque, alors que le sien déborde et aurait largement pu être utilisé à des fins utiles.

Je souffle une fois, deux fois, pour chasser la rage qui s'empare de moi rien qu'en pensant à cet homme qui n'a de père que le nom. La maîtrise de soi en toutes circonstances. Si j'avais pu imaginer que ce serait si facile..

Il a ouvert un second hôtel à Crocus cet été et j'ai sauté sur l'occasion rêvée pour faire un petit retour aux sources. Lui, n'a pas rechigné quand j'ai proposé de venir m'en occuper. Se débarrasser du fils rebelle qu'il n'a pas vu grandir s'est révélé une aubaine pour lui. Il ne supporte pas ma présence. Même si pour cela, il est obligé de me faire confiance pour la gestion de son précieux hôtel. Et puis, ça lui donne le beau rôle, le rôle du père aimant et désireux du bien être de son fils.

Foutaises..

Je chasse le masque de froideur de mon visage, celui qui est devenu ma réalité depuis déjà quelques années et arbore un sourire surfait en rejoignant la cuisine.

Juvia est adossée contre le bar, les yeux dans le vague. Perdue dans son monde, elle ne m'entend pas l'approcher et j'ai tout le loisir de l'observer.

Ses longs cheveux ciels désordonnés retombent en cascade sur ses épaules, masquant un partie de son visage fin. Mais ça ne m'empêche pas d'en admirer les traits délicats. Ainsi que les cernes qui creusent ses jolis yeux saphirs, venant confirmer ma première impression. Elle n'a pas dormi de la nuit. Était elle avec un autre homme? Difficile d'en juger. Elle a surtout l'air épuisée, et un je-ne-sais-quoi de mélancolique aussi.

Depuis quand je me prend pour madame Irma moi?

Je balaye ce sixième sens fraîchement débarqué pour me recentrer sur l'essentiel. La jeune femme incroyablement sexy devant mes yeux.

Parce qu'il faut avouer que même ainsi, elle reste un fantasme dont on est jamais rassasié. Tellement que je dois me maîtriser pour ne pas la plaquer contre le mur et la baiser, ce qui, je pense, risquerait bien d'envenimer les choses et de tout foutre en l'air.

Elle cligne lentement des paupières et revient dans le monde des vivants pour poser son regard hagard sur ma petite personne.

-Coiffure d'après baise?

Autant ne pas y mettre les formes. Après un instant de flottement, un léger hâle rosé apparait sur son teint pâle. Je me régale de son trouble avec délectation, ainsi que de son air courroucé auquel il laisse place.

Depuis que j'ai débarqué ici, rien ne me réjouis plus que de la titiller, je ne m'en lasse pas, c'est jouissif.

-Va te faire voir Gray.

Quant à elle, ses mots résistent de moins en moins à son énervement. Mais plus je l'énerve, plus je sais que je ne lui suis pas indifférent. Je remarque qu'elle lutte contre son désir pour moi.

L'OBSESSIONWhere stories live. Discover now