Chapitre 10

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La chambre est spartiate, le décor sommaire. Un grand miroir sur pied trône à côté du lit en bois d'un autre temps. J'avance vers le miroir et chacun de mes pas fait craquer le plancher comme s'il menaçait de s'écrouler.

Je m'observe à travers la glace et le reflet me renvoie l'image d'une jeune femme aux pomettes rosies par le froid, aux yeux brillants d'excitation. Cette femme, cette étrangère, c'est à peine si je la reconnais. Elle est tellement.. vivante..

Mes yeux plongent vers mes chaussures pour fuir cette vue qui égratigne l'armure de ma fragilité.

Je sursaute au bruit de la poignée que l'on tourne. La porte s'ouvre, mais je reste figée, le regard rivé sur le miroir. Je le vois au travers du reflet, il reste dans l'embrasure de la porte. Lui non plus n'esquisse pas le moindre mouvement.

J'ai conscience de la tension qui se joue. Elle atteint son paroxysme lorsque ses yeux sombres et déterminés accrochent les miens. Incapable de me détacher de ses pupilles, mes mains deviennent moites, et le souffle haletant qui s'échappe de mes lèvres entrouvertes soulève ma poitrine comme un soubresaut que je ne parviens pas à maîtriser.

Sans que cela ne m'étonne, Gray se met finalement à bouger et se rapproche de moi comme un félin. J'attends un mot, un sarcasme, n'importe quel moyen imaginable qui pourrait me sortir de ce bourbier. J'aimerais même en être l'instigatrice, mais je reste pétrifiée, emmêlée dans les plus vils de mes fantasmes.

Il se place derrière moi, sans même me toucher, et je lui en suis reconnaissante. Parce qu'à cet instant précis, le moindre de ses contacts m'embraserait a l'infini. Pourtant, je déchante rapidement. Parce qu'il est juste là, comme un supplice, à portée de main, et en même temps tellement inatteignable..

Gray frotte le bout de son nez contre ma chevelure désordonnée, et je me mets à penser qu'il ne m'a jamais semblé aussi sexy. Le baiser vaporeux qu'il y dépose fait flotter l'espace d'un instant les effluves de son parfum si viril et je me sens perdre pied.

Totalement.

Irréversiblement.

Je cherche les branches auxquelles me raccrocher sans parvenir à les trouver, et je chute encore et encore..

Je suis à peine consciente de ses lèvres qui se posent dans le creux de mon épaule, je ne suis plus que sensations. Seule sa peau contre la mienne me maintient en vie. Je perçois les battements de son cœur qui fait écho au mien, et la force de son érection contre mes fesses lorsqu'il pose enfin ses mains sur moi, sur mes hanches, pour m'attirer à lui avec force.

-Tu me rends fou Juvia, murmure t'il dans mon oreille d'une voix grave.

-S'il te plaît Gray..

Ma voix est faible et éraillée. Je ne sais même pas s'il a entendu les mots que j'ai prononcé. Je le supplie. Oui. Mais de quoi? Je l'ignore moi même. De s'éloigner? De prendre ce qu'il désire ardemment et que je ne suis pas certaine de pouvoir lui refuser très longtemps?

Ses baisers se font plus marqués, plus dévastateurs. Je sens sa main se frayer un chemin sous mon teeshirt sans que je n'ai la force de le repousser. Pire, mes gémissements contenus l'encouragent alors que mon corps abdique, ce traître!

Un sursaut de conscience me ramène à la réalité et ma main bloque la sienne alors qu'elle frôlait ma poitrine. Pourtant, je ne la retire pas. J'essaie juste de lutter contre la sensation de chute vertigineuse qui m'envahit par vague.

Mes yeux ont le malheur de croiser les siens à travers le reflet du miroir. Et la je sais. Je sens que peu importe ma volonté, quasi inexistante il faut bien l'avouer, je ne suis qu'un pantin entre ses doigts experts.

L'OBSESSIONWhere stories live. Discover now