Chapitre 17

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La mine fatiguée et un peu exaspérée de Jellal, que je découvre lorsque la porte s'ouvre, s'efface au profit d'une inquiétude transitoire. Il me tire le bras pour me faire entrer, sans un mot, sans demander une quelconque explication, et se dirige d'un pas rapide vers la cuisine. Je jette un coup d'œil furtif vers la salle de bains en grimaçant, et me demande si cette fois encore, je vais voir surgir ma patronne à moitié nue..

Mais non!

Jellal revient quelques secondes plus tard et me tend une énorme barre de Toblerone, le visage éclairé d'un léger sourire.

-Situation de crise, me dit-il avec un petit clin d'œil.

J'attrape l'objet de réconfort, et renifle bruyamment. Je pense sincèrement que le chocolat peut sauver des vies. C'est connu, testé et prouvé!

Après quelques minutes de silence, assis sur le canapé, je prends mon courage à deux mains et m'oblige à lui faire face.

-Je suis amoureuse de Gray.

Voilà, c'est dit. J'ai tout résumé, rien à ajouter. Je vois bien que Jellal a du mal à retenir le sourire qui commence à retrousser ses lèvres. -

-Non. Sans blague, marmonne t'il en se servant un verre d'eau. Et sinon, quoi de neuf Ju'?

-Je ne trouve pas ça drôle!

J'ai sans doute l'air d'une enfant, à me vexer pour des broutilles, mais prendre pleinement conscience de mes sentiments pour Gray, et l'avouer surtout, c'était juste impensable il y'a encore quelques jours! Je suis crevée, blessée, meurtrie par la jalousie, et bouffée par la culpabilité. J'ai tout, sauf envie d'en rire..

-Juvia, ça fait des semaines que votre petit jeu crève les yeux. Des semaines que je te dis de te méfier, que rien de bon ne sortira de cette histoire. Ma fois, tu es passée au niveau supérieur, alors qu'est-ce que tu attends de moi? Que je te sermonne? Pas question! Tu l'aimes. OK. Alors qu'est-ce que tu fais ici avec moi?

-Lucy est à l'appartement, avec lui..

Je me mets à geindre comme un gosse. Vite, il me faut encore du chocolat, c'est une question de survie. Je cherche furieusement dans les placards de Jellal pour voir s'il ne lui reste pas encore du Toblerone, et m'énerve sans résultat. Quand je me redresse, Jellal est accoudé à la table, avec le fameux chocolat entre les mains. Je le lui arrache en pestant.

-Lucy est la. Et alors? Tu l'aimes vraiment Juvia?

J'acquiesce en détournant le regard. L'heure n'est plus au doutes. Je sais ce que je ressens, pourtant, je ne suis toujours pas certaine de ses sentiments à lui, malgré les confidences auxquelles il s'est livré.

-Et lui?

Oui, là est la question!

-Je ne sais pas, et si je n'étais qu'une passade?

-Ça tu ne le sauras pas tant que vous n'aurez pas une véritable explication. Crois tu sincèrement que Lucy sera heureuse avec lui après tout ça? Elle mérite de savoir la vérité, quoi qu'il advienne. Leur couple ne vaut rien, et ça, depuis qu'il t'as mise dans son lit le premier soir. Alors, arrête un peu les conneries maintenant! Prends ton courage à deux mains et discute! Avec lui, avec elle, avec les deux! Tututut! Tais toi, me coupe t'il d'un doigt sur ma bouche alors que j'étais sur le point de répliquer. Pas «Mais», pas de «Je veux attendre». Tu as déjà bien trop attendu!

J'inspire profondément, ferme les yeux, avant de les plonger dans ses iris verts si familiers, si essentiels à mon coeur. Puis je lui lâche ma crainte la plus profonde.

L'OBSESSIONDonde viven las historias. Descúbrelo ahora