L'OBSESSION

Chapitre 20

Une lumière aveuglante me fait presser les paupières. Je n'ai de toute façon aucune envie d'ouvrir les yeux. Je suis bien dans le sommeil, enveloppée dans ce vaste cocon sécurisant. Mais la clarté m'empêche de m'y réfugier de nouveau. Je pousse un long soupir silencieux, et entrouvre enfin les yeux.

Finalement, c'est la fin du jour. Ou peut être le début? Je ne sais même plus en fait. La lumière n'est pas aussi dévastatrice que mes pensées. Jellal se précipite à mon chevet et me presse la main, un léger sourire sur les lèvres.

-Ah ben c'est pas trop tôt! Ça y est, la belle au bois dormant à fini son cinoche? Murmure t'il.

Son humour m'a toujours déridé, mais cette fois, il me laisse totalement indifférente. Je suis comme imperméable à toute émotion.

Ce sentiment cessera t'il un jour?

Je n'en suis plus sûre..

Mon regard dérive vers le coin de la chambre. Et je comprend pourquoi Jellal a pris la peine de chuchoter. Gray git, c'est le cas de le dire, sur la chaise d'appoint, les bras croisés, la tête penchée sur sa poitrine. Il dort d'un sommeil agité.

Mon cœur se ferme, mon pouls s'accélère. Il s'est servi de moi et de mes sentiments, et il ose rester à mon chevet?! Non mais quel culot! Une bouffée de colère prend le dessus sur mon indifférence, et sans quitter le faux cul des yeux, je m'adresse à Jellal.

-Je veux qu'il sorte d'ici..

-Ju'.. il a passé toute la nuit ici, il était très inquiet et il..

-Tout de suite!

Jellal lève les mains en l'air en signe de reddition, tandis que ma «douce» voix, réveille Gray de façon plutôt brusque. Et désagréable a voir l'air hagard qu'il affiche.

Tant mieux!

Je détourne les yeux, incapable d'affronter le regard de celui que je croyais aimer. Mais au final, c'est d'une chimère que je suis tombée amoureuse. Et la chute fait mal.

Très mal.

Je ne sais même pas si je pourrais m'en relever un jour. Au final, ce que je craignais le plus vient d'arriver.

Je les ai perdus tous les deux.

-Je pense que tu devrais dormir à l'hôtel ce soir Gray.

Gray cligne des yeux, et je sens son regard me brûler, me sonder et m'envahir sans vergogne. Et je me tourne vers lui, aimanté malgré moi. Sa mâchoire se serre, ses yeux sont humides, ont y croirait presque. Mon âme est blessée, et ma froideur n'a d'égal que ma volonté d'en finir avec lui une bonne fois pour toutes. Visiblement, c'est flagrant, même pour l'acteur qui vient enfin de récupérer son Oscar.

-Juvia, je t'en prie, il faut qu'on ait cette foutu discussion!

Cette fois ce sont ses poings qui se serrent. Mais je ne suis pas dupe. Je secoue violemment la tête.

-Sors d'ici Gray!

L'éclair désemparé que je crois lire dans ses pupilles me laisse de glace. Il finit par sortir de la chambre, la tête baissée.

Après quelques secondes d'un silence trop assourdissant, je m'adresse à Jellal en retenant mes larmes.

-Qu'est-ce que je fais à l'hôpital? Est-ce que Lucy va bien?

Je suis sans doute pathétique, mais mon cœur s'emballe. Malgré tout le mal qu'elle a pu me faire, je ne peux empêcher la pointe d'inquiétude au creux de ma poitrine. J'ai des visions d'horreur de Lucy sur ce pont. Lucy qui saute, Lucy qui s'écrase, Lucy en sang, du sang partout..