Chapitre 9

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Le bus m'a déposé devant mon hôtel, je pense que le chauffeur a rarement fait ce genre de ramassage.
Une fois devant l'hôtel, j'essaie de passer inaperçue, heureusement aucun client n'est dans le hall à cette heure ci. Je m'apprête à sortir la clé... mon sac! J'ai oublié mon sac dans sa voiture... je vais être obligée de parler au standardiste de nuit. Je m'approche tant bien que mal de son desk.

« J'ai perdu la carte, je suis à la 219... »

Le standardiste choqué de la vision qu'il a devant lui reste figé.

« Mademoiselle Scott! Je dois prévenir la police, les ambulances!

- non s'il vous plaît , stewart, je veux juste rentrer dans ma chambre... »

Le jeune homme s'exécute et me tend une carte avant de me raccompagner jusqu'à ma chambre pour s'assurer que je ne m'évanouisse pas en cours de route.

Je le remercie en fermant la porte. Une fois clause, je m'effondre contre elle en resserrant mes jambes contre ma poitrine, je plaque ma bouche contre mon genou pour étouffer les sanglots. Chaque respiration est un supplice, je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de se passer... comment , comment ça a pu se produire? Je passe un long moment comme ça, à attendre que mon corps ne produisent plus de larmes. Je me traîne au sol pour regagner mon lit. Sur le chemin, je vois mon reflet dans le miroir. Je fais peine à voir, je comprends le regard de Stewart et du chauffeur avant lui. J'ai la lèvre coupée et tuméfiée, du sang séché sur le nez et le menton, l'œil gauche gonflé entrain de bleuir, le mascara partout sur les joues, le haut de ma robe arrachée avec des traces de doigts sur le bras, et ma jupe déchirée jusque mi-cuisses... je me remets à pleurer. Pourquoi est ce que je suis venue ici, cette ville ne m'attire que le pire.  Je me relève en tremblant, mes jambes ne me portent plus, j'arrive à m'allonger sur la couette cci douce sous mon corps meurtri, je ressers un coussin contre ma poitrine et je reste immobile. Incapable de dormir, incapable de bouger. Je ne sais pas quelle heure il est, aux alentours de 4h du matin je suppose. J'enfouis ma tête dans l'oreiller et je me remets à pleurer, incapable d'arrêter ces larmes.

J'ai du finir par sombrer des heures après, parce que je suis réveillée par quelqu'un qui tambourine à la porte. La douleur que ressent mon corps à cet instant est insoutenable, j'étouffe un cri dans l'oreiller toujours contre moi. Je ne réponds pas, je ne veux voir personne. On frappe à nouveau.

« Mary, ouvre! Je sais que tu es là ! »

Oh non, tout mais pas lui! Comment il sait que je suis là ?! Va t'en Kevin, je ne veux pas te voir et encore moins dans cet état là.

« Mary! Kate m'a appelé! Tu devais la rejoindre mais tu n'es pas venue, et tu ne réponds pas à ton téléphone. c'est elle qui m'a dit que tu étais là, ouvre ! »

Kate... mon telephone.... Je suis à des années lumières de tout ca...

« Mary, réponds moi, ne me force pas à dire au standardiste que tu as fait un malaise pour qu'il ouvre cette porte! »

Il en est capable, il faut que je l'arrête. J'articule difficilement

« Lache moi Kevin!

- pourquoi tu n'es pas allée avec Kate et tu filtres ses appels? C'est à cause de moi? Je ne savais même pas que vous étiez en contact!

- tu n'es pas le centre de mon monde Kevin... ca ne te viendrait même pas à l'esprit de te dire que je ne suis peut être pas seule?!»

Le silence se fait, je pense que ma dernière réplique a fait mouche. Même si je n'ai qu'une seule envie c'est d'être seule! Je ne dis plus un mot, j'espère qu'il va finir par partir.

« Je ne te crois pas ! Je sens a ta voix que quelque chose cloche. Ouvre cette porte, où je te promets que je la défonce ! »

Il a l'air hors de lui. Je me glisse doucement du lit en essayant de faire le moins de mouvement possible. Dans le miroir, mon reflet est pire que la veille, je n'ai même pas eu le courage de me laver et me changer. Je me tiens au mur pour avancer et je finis par actionner la poignée. Tant pis pour lui, il veut que j'ouvre...lorsque je croise son regard, il est horrifié.  Je m'écarte pour le laisser entrer et refermer la porte.

« Qu'est ce qu'il s'est passé ?! Mary ! »

Je m'adosse au mur derrière moi pour ne pas tomber.

« Tresor, réponds moi! Qui t'a fait ca?! »

Ma gorge tuméfiée m'empêche de répondre, je déglutis.

« Ne m'appelle plus jamais comme ça...

- d'accord, mais réponds moi, qu'est ce qu'il s'est passé ?

- ... à ton avis... si je te dis que je suis tombée ca passe? »

Il prend son visage entre ses mains, je vois bien qu'il se retient de hurler et de pleurer. Il donne un violent coup de poing dans le mur, ce qui provoque un sursaut à mon corps m'arrachant un hurlement de douleur.

« malin ca...Rentre chez toi Kevin... laisse moi s'il te plaît... je n'ai pas la force de me battre ...

- certainement pas! Je ne vais pas te laisser comme ça! Je vais m'occuper de toi! »

Je vois rouge, je rassemble le peu de force qu'il me reste pour lui aboyer dessus

« Je ne veux pas de toi! Je ne veux pas que tu t'occupes de moi! Pas toi ! »

Je grogne, mon flanc me lance atrocement, les larmes reviennent.

« tu vas devoir faire avec !

- laisse moi je t'en prie !

- non Mary! C'est non ok?! »

Il s'avance vers moi , j'ai un mouvement de recul. Il lève les mains

« Je ne veux pas te faire de mal ok? Je ne pourrai jamais faire ca...

- les blessures qu'on ne voit pas sont bien plus douloureuses tu sais...

- je sais... »

Blind date (inspire de This is Us)Onde histórias criam vida. Descubra agora