Chapitre 29

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Lorsque James fut enfin arrivé dans le Devon, après ce long et harassant voyage, la familiarité du sompteux paysage qui l'entouraient lui rappela qu'il avait eu une chance inouïe de trouver un job dans ce coin de l'Angleterre. Aussitôt sa haine pour monsieur Birnington se désintegra dans son esprit et la joie de revoir Karin malgré leur amour impossible vint occuper toutes ses pensées. Il avait vraiment hâte de revoir son visage ainsi que les tendres expressions qu'elle accordait au jeune homme lorsque celui-ci la regardait dans les yeux.

James était concentré sur la route et observait toutes les vastes demeures qui défilaient de chaque côté de son véhicule. Le Devon était bien réputé pour ça, c'était un endroit magnifique, mais seul les personnes les plus aisées pouvaient se permettre d'y vivre.

Bientôt, la route ne fût plus très longue et le jeune homme commençait au loin à appercevoir des manoirs semblables à celui d'Abbybayle. La nuit était tombée et à présent, seules la lune et les étoiles éclairaient le chemin sombre de la voiture de James. Il ne verrait sans doute pas sa dulcinée ce soir-là, car quand il arriverait à destination, la famille serait probablement plongée dans un profond sommeil. Cette pensée lui déccrocha une grimace déçue.

Il repensait à son week-end à Bristol qui s'était en fin de compte déroulé de façon étrange. Les quatre amis avaient appris beaucoup de choses en si peu de temps. Fallait-il voir cela comme quelque chose d'inquiètant ? Cette histoire devenait de plus en intense et sérieuse, alors qu'au début, rappelons encore une fois que ça ne semblait être qu'un jeu avec les journaux anonymes qu'ils recevaient. A présent il y avait eu un blessé : Tom, qui s'était fait agressé chez lui, et des menaces de plus en plus insistantes. La peur commencait à prendre forme dans l'esprit de chacun...

Quelques instants plus tard, James apperçut enfin le manoir, se dressant élégament devant lui. Il remarqua qu'aucunes fenêtres n'étaient éclairées, à part une seule.

"C'est celle de la chambre de Karin", pensa le jeune homme avec un sourire aux lèvres. Alors comme ça elle l'avait attendu ? C'était très touchant, car il était tout de même au alentours de trois heures du matin, elle devait sans doute être entrain de lutter contre le sommeil. Le jardinier gara la voiture dans la cour, puis décharga ses bagages d'un geste énergique. Il n'avait jamais été aussi réveillé de toute sa vie. Etait-ce à dû à l'interrogatoire qui avait eu lieu précedement ? Ou bien au fait que Karin l'attendait ? Peut-être était-ce tout simplement un mélange des deux.

Lorsqu'il sortit sa valise du coffre, le jeune homme se remercia interieurement de ne pas avoir emmené trop de babages, comme ça, cela l'empêchait de faire des allés-retours à cette heures aussi tardive.

Il faisait chaud dehors en cette nuit de printemps et le jardin avait besoin d'être entretenu à nouveau après ces quelques jours d'abandon. James traversa la cours avec sa valise et rentra à l'interieur du manoir sans trop faire de bruit. Il monta ses bagages à l'étage et les posa dans sa chambres sans les ranger pour l'instant car il attendrait demain pour cela. Il décida plutôt d'aller jeter un coup d'oeil dans la chambre de Karin pour voir si ses précédentes suppositions étaient à confirmer. Il sortit dans le couloir du premier étage et marcha doucement, ses pieds nus sur le carrelage de marbre froid. Lorsqu'il fut arrivé devant la porte, il la poussa avec délicatesse, et découvrit la jeune femme allongée sur son lit, lisant "Jane Eyre" de Charlotte Brontë.

Elle n'avait même pas remarqué la présence du jardinier, et ainsi elle sursauta lorsqu'il s'assit sur le lit en la regardant.

-James ! S'écria-t-elle en bondissant hors du matelas pour le prendre dans ses bras, tu m'as tellement manqué...

Ce dernier enfoui son visage dans ses long cheveux bruns et sentit sa délicieuse odeur qu'il n'avait en aucun cas oublié.

-Je sus désolé d'être resté aussi longtemps, dit-il, mais j'ai eu pas mal de choses importantes à régler...

Karin défit son étreinte afin de plonger son doux regard dans celui de James.

-Ces choses sont-elles réglées à présent ?

Ce dernier lui esquissa un sourire triste, puis baissa la tête.

-Je verrai bien.

-Que se passe-t-il James ? Je sens que quelque chose ne va pas, et depuis longtemps... Ces derniers temps, tu as un comportement étrange. Quelqu'un te veut-il du mal ? Si c'est le cas tu peux me parler, je suis là.

Le jeune homme se leva du lit et alla s'asseoir sur une chaise de style XIXéme siècle qui se trouvait dans un coin de la chambre. Une fois assis, il respira pronfondément pendant quelques secondes puis regarda de nouveau la jeune femme. Elle était tellement belle... Mais il ne pouvait rien lui confier, c'était beaucoup trop risquer. Le harceleur pouvait être n'importe qui et pouvait se trouver n'importe où.

-Lorsque tout cela sera terminé, répondit-t-il, je te promet de tout te dire, il n'y aura plus aucun secret entre nous.

Elle avait l'air triste, son regard qui habituellement était habité, avait été desérté et elle poussais sans arrêt des soupirs dont James essayait de déchiffrer la signification. Pourquoi se laissait-il espérer sans cesse qu'ils pourraient vivre un amour vraie, comme toutes les personnes de leur âge ? Pourquoi se mentait-il à lui même ? Tout les opposait... Elle était aisé, il était pauvre et au delà des apparences ils ne savaient pas grand chose l'un de l'autre. Le seul point commun qu'ils avaient et qu'ils partageaient était leur amour, mais celui-ci était impossible. A quoi bon se donner du mal.

Karin avait exactement les même ressentis que lui sur leurs sentiments, mais elle ne voulait pas qu'il la laisse tomber, elle l'aimait beaucoup trop pour ça. Elle se leva du lit à son tour, mais elle ne pris pas une chaise comme l'avait fait James, elle préféra rester debout, après tout, ce n'était pas en s'affalant que l'on pouvait affronter les problèmes. Elle s'approcha de lui et pris d'une colère démesurée envers son âme-soeur, elle laissa ses pensées guider ses paroles.

-Ecoute James, je suis fatiguée. Fatiguée de devoir te regarder abandoner dès que nous sommes sur le point d'y arriver. Je croyais que notre amour était plus fort que tout ça ? Tu dis que tu as des choses importantes à régler, mais comment veux-tu y parvenir si tu t'assois sur la difficulté comme tu le fait aujourd'hui ? Je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que je t'aime et si je te dis tout ça, c'est pour que tu te rendes compte à quel point tu es stupide et borné ! James Everdeen je hais le fait de devoir me réveiller la nuit en sursaut en me demandant quand est-ce que tu me diras enfin ce que tu penses et je...

La jeune fille n'eut pas le temps de terminer ce qu'elle était entrain de prononcer, car le jeune homme s'était levé de sa chaise d'un mouvement tellement brusque que Karin n'eut pas le temps de réagir. Il l'avait attiré contre lui et avait plaqué ses lèvres contre les siennes dans un baisé passionné. Elle avait raison, il n'avait rien fait pour lui prouver quoi que se soit jusqu'à présent, il avait agit comme un vrai lâche.

A présent il n'y avait plus ces deux personnes différentes venant de milieu différent, mais plutôt deux personnes identiques qui partageaient un même coeur.

Jen's SecretWhere stories live. Discover now