Chapitre 34

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Cher Mary, Katy, James et Tom,

Oui je le sais, je vais mourir. Je veux mourir. C'est quelque chose d'inévitable, c'est comme un sort que l'on m'aurait jeté, pas un mauvais sort bien sûr, mais plutôt le sort d'une bonne fée qui se serait penchée au dessus de mon berceau en me murmurant des paroles réconfortantes, me faisant comprendre que ce que j'allai vivre ne serait que necessaire. Cependant, je ne veux en aucun cas que vous soyez triste en lisant cette lettre. Car qu'est-ce que la mort après tout ? Un voyage, oui, c'est sûrement cela. C'est une nouvelle expérience et qui dit expérience dit erreurs. En principe en faisant une expérience, nous faisons des erreurs et c'est bien ce qui nous fait avancer. Pour ma part, j'ai fait les erreurs avant d'avoir fait l'expérience, alors quand on ne fait pas les choses comme elles doivent être faites, nous en payons les conséquences.

Soit dit en passant, la mort n'est pas une erreur, c'est le résultat d'une grande leçon de vie. Une leçon que j'ai aquis ma vie durant, et qui a dû passer par différentes étapes: j'ai appris la méchanceté, la bonté, l'impuissance, la culpabilité, le regret... J'ai appris à detester, à aimer, à espérer, à pleurer aussi. Pleurer pour quoi ? Sans doute pour ce que je faisais sans m'en rendre compte. Oui chaque nuit je pleurais en entendant cette voix dans ma tête qui me donnait des ordres. Je n'existait plus, ce n'étais plus moi, c'était d'autres personnes que je ne connaissais pas et qui vivaient à l'intérieur de ma tête. Vous ne comprenez pas ce que je suis entrain de vous expliquer ? C'est parfaitement normal.

Alors voilà, depuis que je suis enfant, on a decelé chez moi, un comportement psychologique anormal. J'ai subi toutes sortes de tests, pour que l'on m'annonce au bout d'un certain temps que j'étais victime d'une rare maladie se rapportant à un dédoublement de la personnalité. C'était une tout autre forme de bipolarité très prononcé, qui ne touche pourtant que très peu de personnes. Tous les week-end, je devais me rendre chez mon médecin privé qui de son côté faisait tout son possible afin de faire avancer les recherches à mon égard. Au début la maladie était supportable, je n'avais que quelques changements de caractères très légers.

Mais petit à petit elle s'est développée aussi rapidement qu'une fleurs qui fleurit à l'ombre d'un jardin. Avec les années, la maladie était devenue comme une partie de moi. Je n'avais pas d'autres altérnatives que de vivre avec elle et cela devenait de plus en plus grave, de plus en plus fort. Avant cela je la dominait mais à présent c'était elle qui avait prit le dessus, m'obligeant à écouter la deuxième "moi", celle qui vivait dans un coin de ma tête. D'un côté j'avais ma propre personnalité généreuse, amicale, aimante et de l'autre, la personnalité qui s'était construite avec mon double, manipulatrice, égocentrique, dénigrante et souffrante...

De ce grave problème en était né un second: je suis tombée amoureuse, chose inévitable. Celui que j'avais choisi n'était autre que Logan Sleeman. Pourquoi lui ? Peut-être parce qu'il était le seul à n'avoir absolument rien demandé. Je n'aime pas les gens qui réclame. Pour moi, les choses de la vie ne doivent pas être forcés. Nous devons vivre, survivre et aimer tout ce qui se présente à nous, que ces évènements fassent parti du bien ou de la facilité. Logan faisait parti intégrante des deux catégories.

Comme vous vous en doutez sans doute, lui ne me portait aucun amour, il me haïssait. Je sais qu'en cet instant vous désirez citer ceci: "l'amour et la haine ne sont-ils pas cousins ?" pour moi, ceci n'est q'un ridicule proverbe créé afin d'éloigner les hommes de leurs conflits. D'ailleurs beaucoup de personne me detestaient, mais ce n'était pas moi qui les dégoûtais, c'était mon double, celui qui tirait les ficelles, celui qui aimait rabaisser les autres pour se sentir plus vivant. En comprenant ceci pour la première fois le lendemain de mon dix-septième anniversaire, je me suis rendue chez les Sleeman.

Jen's SecretWhere stories live. Discover now