➢ Prologue

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             La nuit obscurcissait la route de province, à peine éclairée par les quelques lampadaires espacés qui propageait une faible luminosité. Le trafic était calme à cette heure et chaque habitation devant laquelle le véhicule passait abritait les lumières des foyers heureux occuper à dîner insouciamment.

Ce soir, le ciel était de surcroît couvert par une couche nuageuse épaisse et sombre qui dissimulait la clarté de la lune et empêchait d'observer le paysage urbain à travers les fenêtres de la voiture familiale. Dommage, les arbres adoptaient de sublimes couleurs orangé à cette période de l'année.

Le moteur du véhicule hybride vrombissait presque trop silencieusement, ce qui s'avérait plutôt regrettable au vue de l'ambiance générale qui sévissait à l'intérieur de la prison de métal et d'acier. Et malheureusement, la musique qui s'écoulait du téléphone de l'adolescent à travers ses AirPods ne suffisait pas pour camoufler les voix en désaccords qui résonnaient des places devant.

« Franchement, je ne sais pas ce que j'espérais. Qu'on puisse passer une semaine de vacances tranquille en famille ? Non, c'était bien trop te demander de laisser ton travail à la maison ! », s'éleva la voix de sa mère exaspérée depuis le siège passager. Ses gestes indiquaient sa frustration et son impuissance, mêlé à un découragement habituel. Et si prévisible.

« Tu crois que ça me fait plaisir ? L'entreprise subit une restructuration ce mois-ci et ces choses prennent du temps avant de se stabiliser », se justifia sèchement le père de famille derrière le volant d'une voix crispé, comme le reste de son corps.

« C'est toujours pareil avec toi. Ton travail passe avant tout le reste. Même avant ton propre fils que tu n'hésites pas à faire attendre pendant une heure sur le quai de la gare avant que tu daignes venir nous chercher ! »

« Je me suis déjà excuser, bon sang. Je n'ai pas vu l'heure, désolé ! »

Accablé, l'adolescent aux cheveux cendré soupira discrètement avant d'augmenter le volume de sa musique pour ne plus être témoin du déchirement de ses parents. Son ventre se contractait désagréablement et ses nerfs commencèrent à lâcher. L'épuisement s'abattait sur lui impitoyablement et à présent il n'aspirait qu'à sombrer dans le sommeil dans la chambre de la maison de son père. L'appétit qui d'ordinaire ne se faisait jamais prier pour apparaître à n'importe quel moment, le fuyait désormais. Tout lui convenait sauf subir les disputes incessantes de ses géniteurs qui ne parvenaient plus désormais à contrôler leur exaspération commune, ni à s'entendre. La rancœur écrasait désormais leurs efforts pour éviter de se disputer les peu de fois ou ils se retrouvaient en famille... Une famille brisée.

Après deux heures de voyage interminable en train pour passer de sa ville natale, Daegu, dans laquelle il vivait toute l'année avec sa mère, à Gyeongju, ville légèrement plus provinciale où vivait son père à la suite d'une mutation professionnel qui l'avait conduit à s'éloigner de sa famille, le garçon ne possédait plus aucune patience, ni aucun courage pour supporter la même rengaine. Encore et encore, et encore, la même litanie, les mêmes reproches, la même rancœur, sans qu'aucun de ses parents ne fassent le moindre effort pour essayer de s'entendre une seule fois en sa présence.

【 𝐅 𝐑 𝐄 𝐑 𝐄 𝐒 】Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt