【 𝐅 𝐑 𝐄 𝐑 𝐄 𝐒 】

➢ Chapitre 17

                  L'aube se leva très vite. Trop vite. Le réveil impitoyable s'enclencha, sans pitié, pour l'adolescent en manque de sommeil. Lui rappelant implacablement le défis à relever pour la journée. Celle d'affronter le lycée. Sa Némésis. Son pire cauchemar. A cette perspective, le blond ne désirait rien d'autre que replonger sous ses couettes, encore épuisé des derniers évènements, pour se cacher du monde. Toujours abruti par le sommeil, Felix eut l'impression que des semaines entières étaient passés. Et qu'il nageait encore en plein rêve. Malheureusement son esprit s'éveilla, le ramenant à la réalité.

Et dans cette réalité, la place occupé la veille par Changbin était vide et froide. Perplexe, l'adolescent souleva difficilement sa tête de son oreiller et tendit l'oreille, à l'affût des bruits de la maison. Du rez-de-chaussée, il lui sembla percevoir du mouvement, l'incitant à se tirer hors du lit. Son corps protesta et son ventre commença à se nouer par avance, appréhendant la journée à venir. La perspective de reprendre la vie là où il l'avait laissé manquait d'attrait. Mais Felix s'efforça de s'y plier. Fuir ne résolvait jamais rien.

Il ouvrit la porte de sa chambre et se dirigea mollement vers le rez-de-chaussée, encore déboussolé par tous les chamboulements de son existence. La maison était encore inhabituellement calme. Aucune trace d'Ae-Cha dans la cuisine qui préparait le petit déjeuner. Ou des jacassements incessants de Jisung levé trop tôt. Mais Felix eut la bonne surprise – et le profond soulagement - d'y découvrir Changbin occupé à improviser un petit déjeuner frugal sans consulter personne.

En le voyant aussi appliqué, Felix sourit à travers sa torpeur, heureux de le savoir encore avec lui. Et non pas de retour chez lui en l'abandonnant au passage.

Changbin ne l'avait pas encore remarqué, permettant au blond de l'observer à son insu. Et s'émerveiller de cette vision enchanteresse. Le garçon qu'il aimait en train de préparer à manger consciencieusement dans sa cuisine avec une certaine aisance. Le tableau fonctionnait bien et lui plaisait énormément. Lui donnant envie de le voir chaque matin avec la certitude de ne jamais se lasser. Cette pensée niaise pleine de mièvreries pourrait faire criser mais Felix s'en fichait. Il n'avait pas honte de ses sentiments.

Changbin remarqua enfin sa présence et se tourna vers lui, se figeant au passage. Un ange passa lorsque Felix ancra ses yeux dans ceux de son aîné.

« T'es réveillé ? », réalisa Changbin, surpris de découvrir le blond occupé à l'épier en secret sans annoncer sa venue.

« Je croyais que t'étais parti... », avoua le blond en toute honnêteté, ne dissimulant pas son soulagement de s'être trompé.

« Sans te prévenir ? », biaisa le noiraud, étonné par la suggestion.

Felix ne trouva rien à répondre à ça. C'était vrai. Il avait cru l'espace de quelques secondes que le noiraud l'avait abandonné. Beaucoup de monde faisait ça. Et il se retrouvait souvent seul contre tous. Au point que cette situation devenait habituelle. Tristement classique.