II

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Jisung passe le plus clair de ses soirées à écrire. Ou du moins lorsqu'il n'est pas avec les membres. Il n'a pas forcément envie qu'ils sachent qu'il aime coucher ses sentiments sur papier dans un carnet. Non pas qu'il en ai honte, il n'y a pas honte à être sentimental et à écrire un journal, même pour un homme. C'est juste qu'il préfère garder ces petits moments d'intimité rien que pour lui, pour son plaisir personnel. C'est sa bulle, son jardin secret. Il y écrit ses angoisses la plupart du temps. Ses pensées un peu perturbantes qu'il n'ose pas confier aux membres. A chaque fois qu'il fait une crise d'angoisse, il en parle dans ses pages, il les noircies de ses peurs et de ses démons.

Pourquoi il se sent toujours aussi angoissé ? Parfois il se sent stupide de songer à tout ça, de ne pas réussir à contrôler son propre corps, ses tremblements, sa respiration paniquée. Pourtant il est bien entouré, il a une vie dont beaucoup rêvent. Mais souvent, il ne sait pas comment gérer la pression. Les fans en attendent beaucoup de lui. Même si la plupart le soutiennent et sont fiers de lui et de ce qu'il a accomplit, certains, plus toxiques, vont chercher à le descendre et à le rabaisser pour quelques raisons. C'est pour ça que Jisung a l'impression qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Il se met une pression monstre pour ne pas décevoir.

La nuit tombe. Jisung est allongé sur son lit, à plat ventre et mordille son stylo nerveusement. Avant de monter sur scène, il a encore frôlé la crise d'angoisse. Sans Chan, il aurait craqué tout à l'heure, il en est certain. Il se demande ce qu'il ferait si jamais un jour il se retrouvait seul. Il serait incapable de s'en sortir, c'est sûr. Et ça lui fait peur. Il n'a même pas les mots corrects pour décrire ce qu'il ressent rien qu'en y songeant.

Il remplit des pages entières d'habitude, il n'arrive pas à poser le crayon pour enfin se mettre à dormir. Mais ce soir, le carnet reste déspérement blanc. Il sent une boule se former au fond de sa gorge comme si il allait pleurer. Il essaie de retenir ses larmes et de refouler ce qui l'empêche peu à peu de respirer. Il a tellement peur... Tellement peur d'être seul. Abandonné.

Il soupire et referme son carnet. Il n'arrivera pas à écrire ce soir, il le sait. Alors il abandonne et range son crayon, laissant sa tête reposer sur son oreiller, après avoir éteint la lumière. Il prend sa tête entre ses mains et essaie d'oublier un peu les sources de ses angoisses, soufflant un grand coup, comme si cela suffisait à évacuer ses problèmes. Si seulement... La boule au fond de sa gorge continue de grossir et il sent qu'il risque de fondre en larmes. Il n'aime pas pleurer, même si au fond, ça le soulage. Et puis tant pis, il est seul, allongé sur son lit, dans le noir. Il laisse sortir sa peine, ça lui fait du bien. Il n'est même pas sûr de savoir pourquoi il pleure, mais les larmes roulent sur ses joues en silence. Il se vide pendant de longues minutes, la tête pleine de pensées diverses, qui parfois se percutent et se croisent sans lien, mais qui lui font du mal.

Il a faillit perdre pieds dans les coulisses. Sans Chan... Il secoue la tête. Arrêter d'y penser. Sinon ses angoisses risquent de revenir. Surtout la nuit, il a l'impression que ses démons sont plus présents, plus forts, comme si ils pouvaient le contrôler entièrement et l'engloutir. Il lui arrive de faire de grosses insomnies, des cauchemars au sujet de ses anxiétés sociales. Il n'aime pas la nuit, parce qu'il se sent plus vulnérable et surtout seul. C'est paradoxal pour une personne qui a des angoisses sociales, d'avoir peur d'être seul.

Un air de piano ➳ 𝔍𝔦𝔰𝔲𝔫𝔤Where stories live. Discover now