Prophecy

Chapitre six

Ulyssia se dirigeait jusqu'à l'adresse indiquée, adressant quelques regards discrets autour d'elle à chaque croisement. Elle avait décidé de se montrer audacieuse dans le but d'agacer Daral, mais il fallait dire que cela l'agaçait elle aussi.

Elle se doutait que la robe qu'il lui avait faite parvenir était destinée à ce moment précis. C'était précisément la raison pour laquelle elle avait décidé de ne pas la porter. Elle avait fait pire : une jupe si courte qu'elle devait la baisser toutes les trente secondes, et un tee-shirt qui laissait apercevoir son nombril. Elle avait mis un certain temps à trouver ce type de vêtement, mais les avait finalement dénichés au fond de son placard.

Ils dataient de l'époque où elle faisait tout pour mettre en rogne sa mère.

Étonnamment, elle ne les aura jamais portés pour elle seule, mais uniquement pour contrarier les autres. Mais étant donné que c'était en quelque sorte sa marque de fabrique, cela ne lui posait pas grand problème.

Elle avait longuement cogité durant la nuit. Hésité des heures durant à propos des risques qu'elle encourrait si elle refusé d'obtempérer. Après tout, peut-être la tuerait-il lui-même si elle n'obéissait pas à ses ordres. Mais à ce stade, mourir ne valait-il pas mieux ?

Au-delà d'une vie passée auprès d'un homme qui la débectait, c'était la forte probabilité d'être envoyée en prison, ou pire, torturée à mort, qui l'inquiétait. L'on savait qu'Oswald Hanks ne faisait pas de cadeau à ses opposants. Ce n'étaient que des bruits de couloir, ils n'étaient officiellement que « neutralisés », mais beaucoup de rebelles de l'ombre soulignaient son caractère cruel.

Pas des rescapés, non, eux n'existaient pas. Des proches d'opposants qui auraient péris sous ses ordres. Le gouverneur n'avait jamais pris la peine de démentir ce qui se disait, comme s'il se plaisait à lire la crainte dans tous les regards. Ulyssia avait toujours fait fi du mépris qu'il lui inspirait. Elle ne souhaitait pas risquer sa vie.

Pourtant, aujourd'hui, elle semblait y être forcée. En acceptant de suivre Daral, et en refusant de le faire.

Tout ce culte gravitant autour d'Oswald Hanks accentuait le mystère qui planait vis-à-vis de Daral. Il lui avait prouvé qu'il pouvait dire ce qu'il voulait, face à autant de personnes qu'il le désirait et totalement impunément. Elle aurait aimé lui soutirer davantage d'informations, mais n'avait pas non plus souhaité être mêlée à tout ça plus que de raison.

Néanmoins, maintenant qu'elle était en chemin vers sa propre fin, elle n'avait plus grand-chose à perdre. Elle ne craignait pas de le confronter. La mort était la seule chose qui l'effrayait, elle ferait bien comprendre à cet arrogant que l'emprise qu'il avait sur elle n'était en rien liée à sa personne.

Lui n'était rien d'autre qu'une vipère à ses yeux.

Elle évita soigneusement les regards qui se posaient sur elle, devenue experte en la matière. Elle avait l'impression qu'ils étaient de moindre importance, désormais qu'elle se sentait surveillée en permanence. Comme rien ne s'était produit, une part de la crainte qu'elle avait d'abord éprouvée s'était dissipée. Elle savait pourtant que c'était un jeu dangereux, car si elle ne demeurait pas sur ses gardes, peut-être serait-elle attaquée de front.

Mais elle était persuadée que s'il s'agissait d'un coup monté par Daral, il ne lui arriverait rien. Non pas qu'elle lui fasse confiance, loin de là. Mais pour une raison obscure, il semblait avoir besoin d'elle. Et elle ne tarderait pas à découvrir pourquoi. À partir de ce moment-là, il ne serait plus le seul à avoir l'ascendant.

Et alors, seulement, elle saurait comment renverser la partie.

Ulyssia fronça les sourcils lorsqu'elle remarqua que son GPS l'avait emmenée tout droit devant le bar de Huges. Elle vérifia l'adresse, s'assurant qu'elle ne s'était pas trompée, mais tout était correct. Elle n'avait jamais pris le temps de regarder le nom de la rue, pourtant, maintenant qu'il lui apparaissait sous les yeux, cela sonnait comme une évidence.