Chapitre quinze

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Elle se détacha aussitôt de son emprise, alors que la fureur du jeune homme ranimait la sienne. Elle ne prit même pas le temps de réfléchir – ne savait pas si elle en était capable – et l'attaqua sur-le-champ :

– Et voilà que le manipulateur-en-chef a décidé de se pointer ! T'as gagné cette bataille, Daral, j'espère que t'es fier de toi.

Elle avait quelque peu buté sur l'appellation dont elle avait affublé Daral, mais hormis cela, elle s'était trouvée plutôt claire. Un sentiment visiblement très peu partagé par le brun, car il reprit son bras pour l'approcher de lui sèchement.

Il souffla entre ses lèvres serrées :

– Tu peux me dire ce qui te prend ?

Ulyssia tenta une nouvelle fois de se soustraire à sa poigne, sans succès. Ses joues se tintèrent de rouge sous la frustration. Ses pupilles dilatées lançaient des éclairs.

– C'est moi le problème ?

Elle avait accompagné sa remarque d'un geste brusque de son bras libre en direction de son buste. Un sourire ironique parait ses lèvres, tandis que ses yeux étaient anormalement écarquillés.

Elle vit Daral laisser échapper un soupir, ce qui effaça aussitôt son rictus, laissant place à une expression beaucoup plus hystérique.

Tu es le salaud dans cette histoire, Daral Balthair ! – elle avait prononcé son nom comme s'il était une blague ridicule – je peux savoir de quel droit tu t'es permis de me cacher un truc pareil ?

Elle avait eu l'intention d'être clair, mais la phrase qu'elle avait voulue prononcer s'était envolée dès qu'elle l'avait pensée. Daral l'entraîna jusqu'à la sortie après lui avoir fait comprendre qu'elle avait un peu trop haussé le ton.

Mais en chemin, ils furent interrompus par la voix forte de Huges :

– Je peux savoir ce que tu fiches, gamin ? Qu'est-ce que tu espères faire, là ?

Il avait adopté une attitude menaçante qu'Ulyssia ne lui avait que rarement vue. Cela lui fit échapper un gloussement, qu'elle étouffa aussitôt de sa main, comme si son corps lui-même protégeait sa dignité. Elle vit Huges lui adresser un coup d'œil, et la déception qu'elle lut dans son regard lui fit passer toute trace d'amusement.

Daral avait commencé à répondre quelque chose qu'elle n'avait pas bien compris, mais elle lui coupa la parole sans réfléchir :

– Fallait peut-être pas me donner à boire, petite tête.

Elle ponctua sa remarque d'un geste que Daral l'empêcha d'achever. Elle avait voulu tapoter le crâne de Huges, qui s'était écarté avec une grimace. Une lueur de colère traversa son expression, avant qu'elle n'enchaîne :

– Et puis mêle-toi de tes affaires, t'es barman ou t'es mon père, merde ?

Jusque-là, Huges avait soutenu le regard de Daral dans une tentative de dissuasion, mais la remarque d'Ulyssia fit vaciller son regard jusqu'à elle. Elle crut voir qu'elle l'avait blessé, mais il afficha bientôt un air bien plus dur, que la jeune femme s'empressa d'imiter.

Daral soupira. Il s'apprêtait à se détourner, mais il se ravisa à la dernière seconde pour s'adresser à Huges :

– Je la ramène chez elle.

Le barman était visiblement sur le point de protester, mais le brun, déjà de dos, surenchéri :

– Ce n'est pas comme si tu pouvais le faire.

Huges ne trouva visiblement rien à répondre, puisqu'il les laissa s'en aller. Ulyssia resta silencieuse jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans la rue. Elle se massa les tempes de sa main libre, étonnamment plus apaisée maintenant que la musique était quelque peu étouffée.

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