Chapitre vingt-deux

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Son corps s'effondra aussitôt, pris de convulsions.

Le poison agissait, et pourtant, Ulyssia ne ressentait pas le moindre sentiment de victoire.

Ce qui l'étonnait davantage, c'était qu'elle ne se sentait pas coupable d'avoir tué le gouverneur, honteuse d'avoir assassiné un homme, ou même inhumaine d'avoir enlevé une vie.

Elle ne regrettait pas. À la guerre, comme à la guerre.

Néanmoins, elle avait le sentiment que ce qui s'était déroulé était irréel. Elle restait là, stoïque à observer le corps d'Oswald Hanks se calmer peu à peu, pour laisser place à une attitude semblable à celle d'une statue de cire. Sa peau pâlissait, se paraît de chair de poule.

Ulyssia s'approcha pour vérifier son pouls, dans le maigre espoir que cela lui permettrait de réaliser qu'il était bel et bien décédé. Son mouvement se figea une seconde avant qu'elle ne pose ses doigts sur le cou de l'homme. Elle prit une brève inspiration et ferma les yeux, puis acheva son mouvement.

C'est son cœur à elle qui s'arrêta de battre une seconde lorsqu'elle vit que celui de l'homme était parfaitement inactif. Des larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle peinait à se relever, car son corps désirait contre son gré s'assurer encore et encore qu'elle ne rêvait pas.

Elle renonça à se relever complètement et se laissa tomber sur le sol, le cœur battant à tout rompre.

Elle puisa dans les maigres forces qui lui restaient pour envoyer le signal à Ambrine et Dalya, qui ne tardèrent pas à répondre à son SMS. Seulement quelques minutes plus tard – qui passèrent en coup de vent aux yeux d'Ulyssia – deux médecins pénétrèrent dans la pièce.

Ils ne firent aucun commentaire à propos du gouverneur et ne tentèrent pas de l'approcher. C'étaient les ordres que Daral leur avait donné. À la place, ils s'occupèrent de ce dernier. Le sang cessa rapidement de s'échapper de la plaie, en réalité bien plus superficielle que ce qu'elle ne laissait croire.

Ainsi en position de faiblesse, les cheveux de Daral étaient partiellement rabattus vers l'arrière, et une mince pellicule de sueur recouvrait son front. Mais surtout, sa cicatrice, si droite, si fine, était désormais parfaitement visible.

Ulyssia peina à détacher le regard des soins apportés à Daral, mais se résolut finalement à le faire, parce que la curiosité la démangeait. Elle approcha d'Ambrine, qui suggérait à Dalya d'aller vérifier que les membres de la sécurité étaient toujours endormis.

Lorsque la blonde la vit venir, elle lui adressa un demi-sourire qui ne la rassura pas. Tout n'était pas terminé, mais elle ne savait pas pourquoi.

Elle balaya ces nouvelles interrogations pour se concentrer sur la raison pour laquelle elle était venue la voir. La rousse désigna vaguement Daral, dont la taille était désormais entourée d'un pansement.

Elle murmura :

– Qui lui a fait cette cicatrice, Ambrine ?

Cette dernière fronça les sourcils, puis adressa un regard à Daral, comme pour s'assurer qu'elles parlaient bien de la même chose. Elle répondit finalement :

– C'est Oswald qui lui a fait ça, Ulyssia.

Celle-ci resta figée un instant, dans l'incompréhension la plus totale. Elle s'était doutée que quelque chose dont elle ignorait l'existence liait le gouverneur à Daral, mais au point qu'ils aient déjà été confrontés l'un à l'autre par le passé ?

Et visiblement, Daral en était sorti vainqueur, ce qui était possiblement la raison pour laquelle Oswald avait renoncé à le poursuivre, malgré ses petites contestations publiques.

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