Chapitre douze

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– Qu'est-ce que tu comptais faire, enfoiré ?

Ulyssia sursauta furieusement face à la rage qui transparaissait dans la voix du brun. Elle tenta de se relever, mais ses mains tremblaient bien trop pour qu'elle y parvienne. Elle resta clouée au sol, pas franchement plus apaisée. Elle craignait peut-être plus ce qui suivrait que ce qui venait de se produire.

L'homme ne lui répondit pas, si bien que Daral le secoua pour le faire parler. Il l'avait débarrassé de la pierre, mais n'était pas arrivé assez tôt pour voir qu'il était aussi en possession du bout de bois.

L'inconnu amorça un geste brusque vers lui, si bien qu'Ulyssia laissa échapper un petit cri, de peur qu'il ne parvienne à prendre Daral par surprise.

Pourtant, il ne tenta pas de l'attaquer. Il se dégagea violemment de sa poigne, puis le menaça lorsque le brun tenta de le rattraper. Ce dernier recula lorsqu'il lui écorcha profondément la main.

L'inconnu commença à reculer, tout en continuant de brandir son morceau de bois. Sa silhouette s'effaça peu à peu dans la pénombre, mais comme pour Ulyssia, cela ne suffit pas à calmer la respiration de Daral. Il semblait furieux.

Il se reconnecta à la réalité lorsqu'il détecta un mouvement derrière lui.

La rousse tentait une nouvelle fois de se remettre sur ses jambes, s'aidant cette fois-ci du tronc d'arbre derrière elle. Elle grimaça lorsque sa main gauche – ensanglantée – rencontra l'écorce, mais se contenta de serrer les dents sans tenter de s'en dérober.

Daral la regarda faire tout en battant des paupières pour laisser s'échapper les dernières onces d'adrénaline. Il demeurait étonnamment silencieux, ce qui acheva de faire comprendre à Ulyssia qu'il était mêlé de près ou de loin à cette affaire.

Elle serra les dents pour étouffer un soupir douloureux lorsqu'elle parvint finalement à se lever. Elle fit quelques pas en avant pour approcher de Daral et identifier ses traits du mieux que possible.

Cependant, alors qu'elle y arrivait de mieux en mieux, il se détourna. Elle s'apprêtait à protester, mais il lui prit la main pour la conduire au-dehors de la forêt. Il avait pris garde à lui saisir sa main valide, mais lui se vidait de son sang sans y prêter la moindre attention.

C'était probablement de l'ordre d'une blessure superficielle, pour lui. Peut-être se disait-il même que l'état d'Ulyssia achèverait de convaincre Oswald Hanks qu'il pouvait lui faire confiance.

Cette pensée agaça suffisamment la jeune femme pour qu'elle se détache sèchement de la poigne de Daral. Celui-ci ne fit pas un commentaire, le regard obstinément braqué devant lui alors qu'un semblant de lumière reparaissait.

Ulyssia s'en sentit étonnamment soulagée. Elle aimait la nuit, pour sûr, mais la pénombre totale lui donnait la chair de poule. Elle l'associait à la mort, à la fin de tout. Lorsqu'ils se retrouvèrent entièrement éclairés par la lumière des réverbères, elle trouva la force de piquer :

– Tu ne l'as pas tué.

Elle prêta attention à la réaction de Daral. Il serra la mâchoire presque imperceptiblement, comme si elle venait de dire quelque chose qui portait atteinte à sa fierté. Visiblement, elle n'avait pas tenté de la mener en bateau. Il était celui qui s'était fait avoir.

– J'en ai bien tué un, pourtant.

Il avait parlé d'un ton si bas qu'Ulyssia avait dû tendre l'oreille pour l'entendre. Ça, mêlé au bruit particulièrement impressionnant de ses pas, c'était presque perdu d'avance. Les siens, en revanche, demeuraient très silencieux. C'était presque comme s'il avait voulu équilibrer les choses, en portant les chaussures les plus bruyantes qui soient.

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