Prophecy

Chapitre quatorze

Même l'expression de la femme semblait désormais avoir changée radicalement, presque comme si Octave l'avait envoûtée. Celui-ci sembla satisfait, et lui emboîta le pas rapidement, comme si Ulyssia n'avait pas bien trop de poids à tenir pour garder la cadence.

Mais elle ne lui fit pas le plaisir de rester à la traîne. À la place, elle le rejoignit en poussant sur ses jambes, puis lui demanda d'un ton qu'elle s'efforça de rendre bas :

– Tu l'as payée pour ça ?

Elle constata qu'une veine tressauta au-dessus des sourcils de l'homme. Elle ne sut pas s'il était agacé qu'elle se soit adressée à lui, l'ait tutoyé ou ait simplement posé cette question. Mais elle ne s'en excusa pas et patienta simplement, non sans le presser en lui découlant un regard appuyé.

Cependant, il ne lui adressa pas un regard et continuera sa route, jusqu'à se placer à côté de la femme du ministère.

Ce détail intriguera Ulyssia, qui avait le sentiment qu'il ne se laissait pas guider par elle, mais aurait su refaire la doute les yeux fermés. Ce n'était pas particulièrement extravagant, n'importe qui pouvait obtenir une entrevue avec Oswald Hanks sous un motif valable. Mais pas Daral.

Pour une raison qui lui était étrangère, il semblait rechigner à l'idée de poser un pied au ministère. Il était alors étonnant que voir que l'un de ses hommes y semblait comme à la maison.

Ulyssia plissa les yeux tout en continuant de l'observer. Elle parvenait désormais sans problème à faire abstraction du charriot qu'elle était en train de traîner, car ses pensées étaient entièrement focalisées sur Octave, qui ne lui prêtait pas la moindre attention.

Elle n'eut pas moyen de se plonger plus profondément dans ses réflexions, car ils s'arrêtèrent bientôt devant une porte au nom du gouverneur. Elle sentit son sang faire un tour à toute vitesse dans ses veines alors que la femme appuyait sur la poignée.

Par réflexe, elle avança la main jusqu'à la porte lorsque celle-ci s'ouvrit, comme si elle eût été en mesure de figer les évènements. Mais rien ne se produisait, hormis le coup d'œil agacé que lui adressa Octave. Elle était désormais certaine qu'il lui était totalement antipathique, pourtant elle fit l'effort de se redresser. De faire abstraction de la panique qui reluisait sous chaque port de sa peau.

Elle pénétra dans le bureau en dernier, en poussant son charriot à allure modérée. Elle ne saurait dire si le poids qui s'y trouvait s'était soudainement alourdi, ou si c'était le désir de repousser l'inévitable qui provoquait cette soudaine difficulté.

La femme referma la porte derrière elle, sans manquer de plisser les yeux en la regardant. Ulyssia se doutait bien que son attitude ne collait pas du tout avec l'image qu'elle espérait renvoyer, mais elle ne s'était pas contrôlée. Ce n'était pas un jeu, la mort la guettait. Et à agir comme cela, elle la provoquerait par son imprudence.

Elle chercha à croiser le regard d'Octave, après avoir réalisé que bien qu'elle ne lui porte que de mauvais sentiments, il avait le don de lui remettre les idées en place. Malheureusement, l'homme de Daral était déjà en train d'échanger une poigne franche avec le gouverneur.

Ulyssia fut ainsi contrainte à poser les yeux sur l'homme à la carrure impressionnante. La jeune femme ne l'avait toujours aperçu qu'à la télévision, et force était de constater qu'il rendait aussi bien en chair et en os. Ses cheveux bruns attachés en queue de cheval habillement plaquée lui donnaient des allures de diplomates, tandis que la manière dont son visage était ciselé inspirait la crainte. Ses yeux noirs, s'ils n'assuraient pas les meilleures attentions, n'avaient pas non plus des allures de mise en garde.

Il était doué pour faire sourire ses yeux de sorte à se prétendre enjoué, même lorsque ses lèvres restaient obstinément serrées l'une contre l'autre. C'est finalement cette image qui permit à Ulyssia de se coller un sourire radieux à la figure. Ce n'était pas très naturel chez elle, mais si elle voulait se prétendre subjuguée par l'aura qui émanait du politique, elle n'avait pas le choix.