Chapitre 1: Les pieds dans l'eau

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Le ciel était lumineux, d'un bleu éclatant.

Kendra se rendait compte que se lever face à l'océan n'était pas difficile. Comment ne pas tomber amoureux de ce cadre idyllique ?

"Je suis heureuse, je me sens calme. Je sors de la chambre et me retrouve déjà les pieds dans l'eau quasiment."

Elle avait passé une robe de chambre sur sa nuisette satinée et elle pensait que c'était l'un des meilleurs moments de la journée.

Tournant la tête, elle vit Amélia marcher quasiment dans la même tenue qu'elle. Preuve qu'elle s'était réveillée en même temps que le soleil. Comme à son habitude, quand elles étaient chez elle, aux Antilles. 

D'ailleurs, cela lui rappelait sa propre île, plus particulièrement, la plage de Lifou en Nouvelle Calédonie. On y avait les pieds plongés dans un sable blanc, le regard était absorbé par la contemplation d'une étendue d'eau avec des palettes de bleu: d'abord cristalline, puis turquoise, jusqu'au marine des profondeurs de l'océan. Ce qu'elle aimait ces paysages de leurs îles...On s'y sentait plongé dans son infini immensité.

Elle se dirigea vers Amélia, qui levait la tête, l'aperçut. Elle semblait calme et apaisée. Elle la comprenait, car elle se sentait dans le même état.

Marchant les pieds dans l'eau, cette métisse aux beaux yeux en amande revenait d'une terrible épreuve, qui avait failli la leur enlever à jamais. 

Kendra ressentit un pincement au cœur, rien qu'à l'évocation de ces souvenirs et de ce qu'elle avait vécu. 

Elle avait fini par accepter l'amour de Richard. Dans la foulée, elle avait été kidnappée et séquestrée par Zoé, sa propre secrétaire fourbe, malicieuse, visqueuse... qui s'était dissimulée pour être embauchée. Ceci dans le seul but de se venger en l'enlevant, afin de l'offrir en offrande à son frère Tom.

Celui-ci avait été licencié pour harcèlement sexuel envers plusieurs collègues. Ne l'ayant point accepté, celui-ci l'avait tout simplement agressée un soir, où elle avait été seule à fermer leur société Court'Assur, car son associé Richard Valieri était en déplacement professionnel. 

Elle s'en était sortie grâce à un voisin terminant tard qui l'avait entendue hurler. Elle avait pris tellement de coups et allait être violée. Cet homme providentiel, Pierre l'avait sauvée. 

Depuis, elle avait pratiqué l'auto défense, et le combat rapproché que ce même voisin lui avait enseignée. Pour remonter la pente et redevenir elle-même, la pétillante Amélia, elle s'était battue. Sans même le savoir, il lui avait envoyée une perle, son épouse Pénéloppe, devenue leur assistante de direction et amie.

Arrivée à son niveau elle me sourit avec bienveillance, gentillesse et m'accueillit en m'ouvrant les bras. Je m'y plongeai volontiers.

— Bonjour, ma furie !

— Bonjour, ma guerrière !

"Nous prenons le temps d'apprécier notre embrassade. Cette femme est ma meilleure amie et la sœur que je n'ai jamais eue. De même, je représente l'identique de son côté. C'est la seule à avoir fait fi de mon sale caractère. A avoir réussi à se lier à moi alors que je rejetais les autres à la fac".

Elle se rappelait encore ce jour :

— Excuse-moi, j'ai cru entendre que tu venais toi aussi d'une île. Je suis heureuse parmi cette immensité d'étudiants, de retrouver quelqu'un comme moi. Je m'appelle Amélia et toi ?

Son sourire l'avait conquise, et elle avait reconnu immédiatement la touche de gentillesse, de bienvenue des insulaires.

Seuls les possèdent, ceux qui avaient appartenu à ces petites étendues de terres entourées d'océan, avec leur passé déshumanisant, honteux, catastrophique. Ô combien chargé en souffrances, douleurs, sacrifices et combats. Cependant, tous ces peuples avaient su se relever et affirmer leur identité propre. 

"Et nous, leurs descendants en sommes fiers, afin de nous tenir la tête levée et affronter l'avenir, quel que soit ce qu'il nous réserve."

— Moi, c'est Kendra.

Voilà comment nos chemins s'étaient croisés un jour à l'Université de Nice Sophia Antipolis, après un cours d'anglais que nous partagions.

— Je vois que tu ne romps pas avec tes habitudes Amé.

— Je vois que tu renoues avec les miennes Ken.

On se sépara et on avança ensemble côte à côte, en se serrant la main.

A voir ces deux belles femmes en nuisette satinée et robe de chambre. 

De loin, deux hommes sur une terrasse les observaient le sourire aux lèvres. Ils se demandaient  comment ne pas succomber à ce duo de sex-appeal?

— Es-tu anxieuse Amé ?

— Je n'ai aucun doute, si telle est ta question. J'ai fait la paix avec mon passé. J'ai tout livré à l'océan afin qu'il éloigne ces mauvais souvenirs de ma vie pour ne me laisser que le positif. Et tu sais à quel point je ne plaisante pas sur ce point.

— Ta spiritualité fait ta force Amé. Et bien loin de moi l'idée de te contredire. Tu oublies que même si je suis issue d'une autre île, nous aussi avons cette connexion avec la Nature et plaçons la spiritualité au cœur de nos vies. Je suis intraitable au boulot certes, mais je suis une femme avec des liens et une culture. 

— Je suis heureuse de te l'entendre dire Ken.

— Je ne te l'ai jamais dit. Je te le dis aujourd'hui pour me délivrer également. J'ai eu la frousse de ma vie lorsque l'on t'a enlevée. Je n'ai jamais été aussi en colère, je me sentais tellement inutile. Je ne pardonnerai jamais à ces deux bâtards de t'avoir fait souffrir. Si tu ne les avais pas achevés toi-même, je pense que j'aurais fini en prison pour ce que je leur aurais fait subir. J'espère bien qu'ils souffrent d'autant plus en enfer!

— Oh, Ken !

Elle serra sa main pour lui montrer son affection.

— Je t'aime Furie.

— Je t'aime aussi Guerrière. Le soleil se lève. Viens, le grand jour est arrivé.

Elle me sourit et je vis tout l'amour qu'elle ressentait pour Richard. Depuis longtemps, il l'aimait. Enfin, ils pourraient être heureux.

Trois mois après cette catastrophe, nous allions enfin célébrer un beau mariage!

MOI...EMMERDEUSE? TOUJOURS!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant