Chapitre 13 : Le triple retour

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Au petit matin, tandis qu'il ne faisait pas encore jour. Il se mit à pleuvoir si fort que le bruit de l'eau tombant sur la tôle réveilla les tourtereaux qui dormaient enlacés.

— Waouh ! Y aurait-il une tempête Ken ?

— Non je ne pense pas, c'est juste le climat tropical. Il peut pleuvoir abruptement comme en ce moment. S'il y avait une tempête, les autres nous auraient avertis. Ne t'en fais pas.

— Hum, quoique non habitué, j'aime bien cette musique.

— Moi, ça m'a toujours donné envie de dormir.

—  Chez toi aussi on entend le bruit de la pluie sur la tôle ?

—  Pour les maisons dont la toiture est en tôle oui.

— Nous n'avons pas encore parlé de nos familles respectives. C'est vrai que j'ai abordé mon éducation. Je suis enfant unique.

— Ça doit faire bizarre d'être seul pendant l'enfance. Tu avais peut-être des cousins ou des amis qui venaient jouer avec toi ?

— Mon père à cause de son métier voyageait beaucoup en tant qu'ambassadeur. Au début ma mère le suivait lorsqu'il fallait déménager, puis elle en a eu assez et a décidé de rentrer au Royaume-Uni avec moi. Elle disait ne pas trouver cela sain pour moi de toujours devoir changer de pays et qu'il fallait penser à mon instruction. A mes quatorze ans, je suis rentré en pensionnat, ensuite à Oxford pour leur plus grand plaisir. Et de fil en aiguille, mes parents se sont séparés avec la distance.

— Je trouve ça triste. J'ai trois grands frères et on m'a élevée comme un garçon. Ils sont très protecteurs bien sûr. Pour mes parents, on dira qu'ils ont été réfractaires quand je suis venue vivre à Nice. Pour eux, il n'y avait aucun besoin que je parte faire des études sur l'hexagone. En tant que fervents descendants kanaks, il faut se détacher de ceux qui ont asservi la Nouvelle-Calédonie. Nos relations se sont distendues. Mes frères et moi par contre sommes toujours autant soudés.

— Et tu trouves mon histoire triste ! l'apostropha-t-il, tu vas en Nouvelle-Calédonie ?

— Je n'y vais pas régulièrement. Depuis que je suis partie pour finir mes études à 22 ans, j'y suis allée peut-être cinq ou six fois.

— Tu as bien 36 ans ? C'est peu !

— Je sais. Mes frères sont venus également. Mes parents refusent catégoriquement. Je ne peux les y forcer. Que veux-tu ! Sinon je suis tatie cinq fois déjà. J'ai trois nièces et deux neveux.  Kéruben et moi, n'avons pas encore d'enfants.

— C'est lequel parmi la fratrie ? Quels sont leur prénom respectif ? Tu penses qu'ils m'apprécieront ?

— Mon frère ainé c'est Kenvick, je pense que tu risques de mieux t'entendre avec lui. Il était militaire, il a 50 ans, déjà à la retraite de l'armée. Comme il n'aime pas s'ennuyer, il est garde du corps professionnel, il est marié, a trois filles adorables de 15, 13 et 8 ans.

— Waouh, j'ai l'impression qu'il doit avoir de sacrés anecdotes à raconter. Son parcours me fait penser à celui de Pierre.

— Moi aussi ! C'est exactement ce à quoi j'ai pensé quand j'ai rencontré Pierre. Lui et mon frère s'entendent super bien d'ailleurs.

— Bon, je pense que ça devrait aller avec moi aussi. Sauf s'il essaie de me tuer pour avoir volé le cœur de sa seule et unique sœur ? fit-il en haussant plusieurs fois de manière exagérée ses sourcils.

Kendra sourit, mais continua tout de même :

— Vient ensuite, Kenaël, c'est un artiste très doué. Il vit avec sa compagne et ils ont deux garçons, je les connais moins bien que mes nièces, ils sont plus jeunes aussi. Je ne les ai vus que deux fois.

MOI...EMMERDEUSE? TOUJOURS!Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu