𝐌𝐨𝐧 𝐚𝐧𝐠𝐞 | -𝐂𝐡𝐚𝐫𝐥𝐞𝐬 𝐋𝐞𝐜𝐥𝐞𝐫𝐜-

Chapitre 12

(Réécrit)

Située devant la porte d'entrée, je m'apprête à dire au revoir à Charles quand mon téléphone se met soudainement à vibrer sous le coup de plusieurs notifications. Dans l'incompréhension, je le sors de ma poche arrière et ne tarde pas à en découvrir la raison. Quand je vois le nom de Justin s'afficher, j'ouvre ses messages et, après un rapide coup d'œil, tout mon être se fige. Même mon cœur semble avoir cessé de battre.

Non, c'est pas possible. Pas aussi rapidement, pas maintenant.

Uniquement des pièces jointes me sont adressées, plus précisément des photos d'articles. Sur celles-ci on me distingue très clairement, presque située au centre des photos sur les premières pages. Il me faut seulement quelques secondes avant de réaliser qu'il s'agit de notre petit footing d'il y a à peine une heure. Mes mains se mettent à trembler et mes yeux ne quittent pas mon écran de téléphone. Je détaille chacune des pièces jointes que Justin m'a fait parvenir. Mais, ce qui m'interpelle davantage sont les gros titres: " La copine cachée de Charles Leclerc enfin dévoilée " ou encore " Charles Leclerc et sa nouvelle copine pris en flag ". Un rire nerveux m'échappe sans que je ne puisse le contenir. Mes mains n'arrêtent pas de trembloter, et ma vision deviens tout à coup floue quand je réalise dans quel pétrin je me trouve.

- Qu'est-ce qu'il y a? M'interpelle Charles en sortant d'une pièce.

Je sursaute à l'entente de sa voix, tellement absorbée par ce qui se trouve sous mes yeux, je ne l'avais pas entendu arriver.

- Regarde. Articulais-je difficilement en lui montrant l'écran de mon téléphone.

Il scrute rapidement se que je lui tend et sa réponse ne se fait pas attendre, comme s'il s'y attendait.

- Je ne pensais pas qu'ils allaient sauter sur cette occasion pour lancer de fausses rumeurs. Les médias se ruent vraiment sur chaque opportunité en espérant faire de l'audience. Me répond-t-il d'un air désolé.

- Normalement ils vont vite oublier, je l'espère du moins. Et, d'ailleurs, on ne me reconnais pas sur les clichés qui ont été pris, c'est un bon point. Essayais-je de me rassurer.

- Si tu le dis.

Son air peu convaincu me crispe davantage. Je vais crever. Si lui-même n'y crois pas, je suis fichue. Je secoue ma tête afin de me redonner les idées claires et soupire longuement. Il faut que je parte, maintenant. Je m'apprête à lui annoncer ma décision quand il me devance:

- C'est la trêve estivale et je me disais... que ce serait peut-être sympa si tu nous rejoignais pour partir en vacances.

Sur son visage, ses traits se tirent, ses yeux se détournent et sa main est à présent située derrière sa nuque, comme s'il était tout à coup gêné. Pour réponse, mon silence prend place. Son regard bifurque à nouveau vers moi et il poursuit:

- On compte aller en Corse, sur un yacht. Ça te dis? Finit-il par demander.

Je réfléchis quelques secondes, pesant le pour et le contre. Ça ne me facilite pas le moins du monde la tâche qu'il me fixe aussi intensément avec ses prunelles émeraudes. "C'est pas en me mettant la pression que tu vas avoir une réponse positive, Charles" est la seule phrase qui me vient actuellement en tête, mais je m'abstient et me reconcentre.

Ma mère... elle m'a intimement ordonné de prendre encore quelques jours de vacances... Même si j'aurais plutôt préféré être à ses côtés, je ne peux pas lui refuser ça. D'un autre côté, je ne peux que le remercier de sa proposition et gentiment décliner. Suite à mon changement de programme de dernière minute, j'avais déjà prévu de passer des vacances exclusivement avec Justin, pour se ressourcer et passer du bon temps sans se prendre la tête. Il y a aussi les dernières images que mon meilleur ami m'a envoyé et qui me laisse un peu dans un déni intersidéral. Je ne peux pas risquer qu'on me revoit à ses côtés et qu'on me reconnaisse, là ce serait la fin. Une fois ma décision prise, je lui annonce, sûre de moi:

- Je suis désolée, j'ai déjà d'autres plans de prévus avec mon meilleur ami. Mais merci d'avoir proposé, c'est très sympa de ta part.

Je ne suis pas sûre mais je crois déceler une lueur de déception traversant ses iris. Maintenant, s'est à moi de détourner le regard pour y faire abstraction et ne pas me sentir encore plus coupable qu'actuellement.

L'atmosphère devient bien trop lourde, je devrais le laisser tranquille, il en a bien besoin.

- Je dois y aller, merci encore pour l'hébergement et les affaires. Je te les rendrais par la poste, ne t'en fais pas! Au revoir ou adieu, dans le pire des cas. A la fin de ma dernière phrase, ce ne sont plus que des mots susurrés qui sont à peine perceptible.

Aucun son ne sort de sa bouche. La seule réponse que j'obtiens de sa part est un bref hochement de tête.

L'air est exagérément trop oppressante pour moi. Je me dirige d'un pas hésitant vers la porte d'entrer et regarde une nouvelle fois derrière moi. Il me regarde à nouveau dans les yeux. Ses orbes vertes me transpercent de tout mon âme.

À contre cœur, j'attrape la poignée non sans la serrer au passage et ouvre la porte. Je profite des ses prunelles vertes une dernière fois avant de leur dire adieu.

Je passe le pas de la porte et détourne le regard afin de me faire avancer et ne pas risquer de faire marche arrière.

Je ne peux pas me permettre de m'attacher, surtout pas maintenant. Il ne doit pas connaître une quelconque peine à cause de moi. Je le fais pour lui, pour qu'il m'oublie et vite.
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