Jane

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A St James's Street, on s'affairait dans les derniers préparatifs du bal. Les demoiselles avaient choisi leurs robes et accessoires. On avait également réfléchi aux coiffures que Mrs Fergusson ferait aux deux jeunes femmes de la maison. Peu à peu, Jane avait été gagnée par l'exaltation de ce bal. Elle aimait danser depuis son entrée dans le monde. Souvent on l'avait qualifiée d'habile danseuse et de partenaire recherchée. Elle avait rarement eu l'occasion de rester assise dans un coin parmi les demoiselles qu'on ne remarque pas. Le temps de reprendre son souffle, on lui présentait rapidement un gentleman désireux de danser avec elle. Le bal des Pearce serait différent, elle le savait. Elle ne danserait pas avec des connaissances ou des messieurs fraichement présentés, mais avec Mr Stephens, un gentleman qu'elle estimait et dont elle appréciait la compagnie plus que celle d'aucun autre.

Depuis l'invitation des Webb, elle ne l'avait point revu. Il ne s'était pas représenté à St James's Street pour leur rendre visite à elle et aux Campbell. D'après sa tante, il consacrait tout son temps à la bonne tenue des affaires de son père et n'était pas non plus retourné à Brunswick Square. Jane ne s'en inquiétait pas, elle savait que les messieurs avaient d'autres occupations que les dames et que leurs visites pouvaient être irrégulières. Elle ne fut pas étonnée également de ne pas voir Mrs Osborne et Miss Stephens passer à St James's Street et en fut bien aise. Elle n'avait aucun grief contre ces deux dames, quoique la cadette lui eût subtilement montré et fait comprendre qu'elle ne désirait pas la voir devenir la future Mrs Stephens, maîtresse de Halloran.

La matin du bal, qui aurait lieu le soir-même, Jane reçut comme chaque vendredi une missive de sa tante. En prenant la lettre que lui tendait le domestique, la jeune femme n'eut aucun mal à constater que Miss Bates avait encore une fois beaucoup écrit et qu'il lui faudrait prendre un certain temps pour déchiffrer l'écriture jaillissante et indomptable de sa tante. Elle l'ouvrit et lut tout son contenu aux Campbell.

Highbury, ... Avril 18**

Ma chère Jane,

Quelles nouvelles vous m'écrivez donc ici ! Je peux vous dire que je ne tiens plus à l'idée de vous savoir à un bal grandiose ! Oh ! ma chère Jane ! Depuis que vous m'avez écrit que vous avez été personnellement invitée à ce bal organisé par des amis du Colonel, votre bienfaiteur, je ne tiens plus en place et je compte les jours qui me sépare de votre prochaine lettre. Je sais que vous m'en ferai un compte rendu très détaillé, comme toujours ma chère Jane. Je me souviens encore des bals qu'on organisait dans mon temps à Highbury. Comme j'aimais voir ces messieurs et ces dames danser. Vous n'avez pas connu cette époque, mais les gens venaient à trois lieux à la ronde pour participer à ces bals. Ce fut d'ailleurs à l'un de ces bals que vos parents se sont rencontrés. Feu le lieutenant Fairfax venait tout juste de s'enrôler dans l'infanterie et portait son bel uniforme. Ma sœur était une ravissante jeune fille qui faisait son entrée dans la société. Ils seraient tellement heureux et fiers de vous voir à Londres, dansant à des bals grandioses durant la saison.

Bien évidemment, tous nos bons amis de Highbury se réjouissent pour vous. D'ailleurs, Miss Woodhouse et Miss Taylor sont passées nous voir mercredi, ma chère Jane. Votre grand-mère et moi avons été très honorées de leur visite. Miss Woodhouse est une demoiselle si bonne avec nous. Elle nous a même apporté un panier de légumes cultivés à Hartfield. Patty fera quelques conserves avec certains légumes et nous mangerons le reste cette semaine.

J'ai lu votre lettre de la semaines dernière à nos invitées, et elles y ont pris un très grand plaisir. C'est réconfortant de savoir que vous avez à Highbury des amis qui se soucient de vous, ma chère Jane. Misses Woodhouse et Taylor sont restées un peu plus longtemps que d'habitude, car Mr Weston nous a fait l'honneur de sa visite également quelques minutes après leur arrivée.