Part 40

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J'étais à terme avec ma grossesse, ce petit être pourrait venir à n'importe quel moment maintenant. Tout le monde l'attend avec impatience, surtout ma mère. Je mets le Coran sur la télé et le laisse jouer comme je le fais depuis le début de ma grossesse. Ousmane était bien exigeant sur cela, d'après lui la meilleure manière d'introduire le bébé au monde est avec les paroles de Dieu. Son rêve est qu'elle devienne une Hafiza, une femme qui connaît le Coran par cœur. Un rêve qu'il n'a pas eu la chance d'accomplir. Comme vous l'avez entendu, c'est une petite fille que l'on attend.

Je suis à la clinique depuis hier, mon docteur me surveille de près. Mon plan était d'accoucher en dehors du pays mais comme Ousmane n'avait pas ses papiers, j'ai dû rester. Mais bon, ce n'est pas grave, le plus important est que je sois avec ma famille. J'ai besoin d'eux pour me remonter le morale. Depuis que je suis là, je ne fais que penser à Maï, elle avait tellement hâte que j'accouche. Elle avait tout planifié pour le baptême mdr, elle disait mon mariage était raté mais le baptême serait une vraie célébration.

Mère Fa: le sage femme est venue?

Moi: oui, elle vient juste de partir.

Mère Fa: et qu'est-ce qu'elle a dit?

Moi: ça reste encore.

Mère Fa: ta fille est déjà têtue et elle n'est même pas encore née. Je sais que si c'était un mari, il ne ferait pas tout ce bruit.

Moi: (riant) elle n'est même pas encore née et elle te fait peur déjà?

Mère Fa: peur d'une vilaine comme elle?

Moi: vas-y, y'a pas moyen qu'elle te vole ton mari mdr. Ne t'inquiètes pas.

Mère Fa: impolie

Moi: mdr

J'ai commencé à ressentir les contractions encore une fois. Ça part puis ça revient comme pour me taquiner. Bientôt, j'en aurais marre, ma patience a des limites.

Mère Fa: contractions?

Moi: mhmm

Je ne pouvais même pas répondre. quelque minutes plus tard, ça s'est arrêté. Il y'a monsieur qui se pointe dans la salle avec ses sacs remplis de je ne sais quoi.

Moi: tu as amené mon ordinateur?

Ousmane: le voici.

Moi: et le chargeur aussi?

Il commençait à fouiller dans les sacs.

Ousmane: le chargeur, le chargeur? Ahh purée, je l'ai oublié.

Mère Fa: ce n'est pas grave, de toute façon, je ne sais pas ce qu'elle va faire avec ça. Tu es là pour accoucher, pourquoi tu veux travailler? N'as-tu pas pris tes congés de maternité?

Moi: ma, c'est important. Ça ne peut pas attendre.

j'étais frustrée, y avait rien qui allait. L'ordinateur était à 51%, ce qui ne me servirait à rien.

Ousmane: je vais aller en acheter un autre si c'est aussi urgent que ca.

Même dans ma frustration, je prend le temps de l'observer et je ne l'ai jamais vu ainsi, aussi débordé et nerveux. Celui qui est d'habitude intelligent, réfléchi et cultivé était comme un enfant perdu devant moi. Je dépose mon ordinateur et lui tend la main.

Moi: Ousmane!

Ousmane: oui?

Moi: viens t'asseoir près de moi.

Prisonniers de leur destinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant