LEUR IDOLE, l'implacable

Chapitre 15 : Tac au tac

Me rappelant des propos que l'arrogant avait tenu à mon égard, je souris amicalement au vieil homme.

<Je te présente mon père Délia, s'écrit Jones d'un faux air. Et la femme que tu ne connais pas, c'est notre grande gérante, Kiara.

Suis-je réellement censée faire semblant ?

- Enchantée, tranchai-je en acquiesçant de la tête.

Un des membres des Fiori Fase, un bel homme châtain d'allure mystérieuse, ne tarda pas à ouvrir la bouche.
Il tient un verre d'eau à la main et en boit quelques gorgées de temps en temps.

- Mademoiselle, enchanté. Je suis un ami de Jones, et donc par conséquent, ton ami.

Sans crier gare, il pouffe de rire et laisse échapper de l'eau de sa bouche.
Jones l'observe avec menace, ce à quoi, l'homme se stoppe immédiatement.
Il se racle la gorge et essuie l'eau tombée avec une serviette.

- Veuillez m'excuser. Je m'appelle Mathias, je suis le batteur. Et voici les deux derniers du groupe, il les pointe du doigts. Ils sont tous deux guitaristes, Gabriel et Uzan.

Les deux autres hommes me saluent de la tête avec un sourire communicatif. Ils ont tous deux les cheveux courts, un est blond et l'autre bruns. Ils ont une mâchoire bien tracée et Uzan détient des yeux bleus qui transpercent l'âme.

Deux serveurs viennent à notre table et servent d'une seul main, du millésime Pétrus dans chacun des verres.

Jones demande à prendre la bouteille d'un des serveur.
Il s'adresse au reste de la table en penchant la bouteille au dessus de chaque verre à pied.

- Vin rouge de 1989.

Son grain de voix absorbe l'attention de tout le monde.

- Tout droit venu de France, lia-t-il. Une ville que les Francese (Français) appellent Bordeaux.

Il repose la bouteille sur la table et les invités lèvent leur verre avant de le déposer aux lèvres.

Beurk, ce vin est beaucoup trop fort.

- Bien, s'écrie la gérante Kiara avec résolution. Présentation faite, revenons en au pourquoi nous sommes ici.

Le temps se met en pause et une ambiance gênante s'installe. Elle continue.

- Tous vos fans attendent de nouvelles musiques, et la société attend des revenus.  Votre manque d'inspiration est abominable.

Les Fuori Fase en déchéanche ? Eh bien eh bien...

La femme reprend sur un ton glacial, comme la méchante d'un vieux film.

- Vous avez dit que vous alliez trouver une solution, alors c'est maintenant ou les Fuori Fase s'écrouleront. Aucun de vos salariés ne gardera son post si rien n'a changé d'ici les prochaines semaines.
Alors dites moi la solution miracle, ou c'est terminé.

Le silence infernal s'éternise. Tout le monde se tait en se regardant dans le blanc des yeux. Mathias s'apprête à parler mais l'arrogant se lève subitement de sa chaise et interrompit son élan.

Il se place derrière mon dos avec assurance, et se maintient légèrement contre mon siège.

- Et bien Kiara,(sa confiance est affreuse), voilà la solution.

Il m'attrape les épaules, puis continu son discours.

- C'est Délia.

Quoi ?

Je me réjouis d'un faux air devant les autres, puis enlève d'un bref geste les mains de Jones de mes épaules.

- En quoi votre petite amie va aider ? Se questionna Kiara.

Le guitariste blond, Uzan, prend place dans la conversation.

- De l'inspiration, affirma-t-il.

Mathias continue pour tenter tant bien que mal de sauver la situation.

- Délia est- atypique voyez-vous ! Monsieur, dit-il en s'adressant au père de Jones. Délia et Jones ont eu une idée ensemble. Pas la peine de nous virer.

Le père semble s'en moquer et regarde son téléphone. Mais il finit tout de même par poser une question.

- Quelle est cette idée Délia ?

BON SANG. Ils sont fous ma parole ? Que veulent-ils que je réponde ?

Le temps passe et chacun attend patiemment ma réponse, qui ne vient pas. Ils me fixent tous et je baisse la tête.
Jones me tapote le bras et chuchote discrètement par dessus mon siège.

- Tu es muette ou quoi ? Frapper t'es capable mais ouvrir la bouche non ?

Je me lève en poussant assez fort ma chaise pour faire discrètement mal à Jones.

- Une chanson, clamai-je. Une chanson avec des paroles qui touchent.

- C'est du rock, s'oppose Kiara avec présomption. Le public n'aimera pas.

J'élève la voix.

- Comment pouvez-vous le savoir si vous ne l'avez jamais tenté ? C'est un concept nouveau, surtout pour Jones.

Pour entrer dans le manège de l'arrogant et me moquer, je m'approche de lui et caresse doucement son bras.

- C'est un concept dont Jones n'a pas l'habitude vous comprenez ? C'est de l'amour.

Les membres du groupe éclatent de rire et Jones m'attrape le bras avec violence.

- Je te préviens Délia, arrête tout de suite de-

- Ou sinon quoi ? Coupai-je en le fixant dans les yeux.

Avant qu'il ne riposte, Kiara prend son sac, se lève puis s'adresse au groupe.

- Bon courage, vous foncez droit dans le mur. Il n'empêche que je vous veux au studio dans cinq jours. Faites le nécessaire.

Tout le monde ouvre la bouche de stupéfaction.
La gérante, suivie du père de Jones, partent du restaurant, nous laissant maintenant seuls avec le groupe.

- Merci, prononce Mathias d'un air sincère.

- Comment ça merci ? Hurle Jones incompréhensif. On a aucune chanson. De l'amour ? Qu'est ce que vous en avez à faire ?

Il prend son verre de vin et le boit cul-sec.

- Je vous aiderai, balançai-je timidement. Trouver un texte ça doit pas être si compliqué. Mais en contre partie, vous m'aidez avec vos groupies et ma polémique de l'autre jour.

Jones se redresse et s'assoit sur la table en regardant droit devant lui.

- Marché-conclu, répondit Uzan en croisant les bras.

- Vous n'y croyez plus au point de faire un accord avec cette étrangère ? Râle Jones avec mépris.

- Toi tu ne crois plus en rien, riposte Gabriel avec une colère affreuse. Si on agissait comme tu agis, il ne resterait plus rien de ce groupe depuis que tu as cassé avec ta meuf. Remets toi-en mon pauvre.

Jones serre les poings et s'avance déterminé vers Gabriel, puis articule avec perfection.

-Si tu ouvres trop ta gueule une seconde fois Gabriel, je suis pas certain qu'il pourra y en avoir une troisième.

Mathias fait reculer Gabriel en le prenant par l'épaule et poursuit.

- C'est assez pour ce soir. Si tu continues comme ça Jones, je laisse tomber, comme Olivia l'a fait avec toi>.

Tous les musiciens sortent d'une démarche anéantie du restaurant.
Jones les regarde partir sans émotion distincte.