32 | Funérailles

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RAVEN

Trois jours se sont écoulés.

Le premier jour, lorsqu'on est rentré en Russie, j'ai passé la nuit à pleurer. Mon cœur me criait d'arrêter de lui infliger cela... Mais c'était plus fort que moi. Jamais. Jamais je n'avais ressenti ça auparavant. C'est la même sensation que quand on ferme un livre. On c'est que c'est fini. Mais ça fait quand même mal.

Le deuxième jour, je n'ai pas parlé. Je ne voulais voir personne. Enfermée dans la chambre, je demeurais dans le déni le plus sombre. Je ne pouvais pas arrêter d'imaginer dans quel état était Cade. On lui avait volé sa moitié...

Le troisième jour, je suis allé lui rendre visite dans sa chambre. Mais quand j'ai pénétré l'antre... Je me suis mise a trembler en humant l'odeur encore présente de mon meilleur ami. Il était là... Allongé dans le lit de son frère, et je l'entendais pleurer. Je le sentais se briser à mesure que mes pas s'approchaient de son corps. Et quand Cade avait fini par relever la tête vers moi, je l'ai pris dans mes bras le rejoignant à mon tour dans les cascades de larmes.

Ivan aussi était silencieux, comme jamais je ne l'avais vu. Tous les soirs, lorsqu'il s'allongeait près de moi, son regard était posé sur ses mains qui tremblaient légèrement. On aurait dit qu'il y voyait quelque chose. Nos regards se croisaient de temps en temps. Mais nous n'avions pas eu de vraie conversation depuis le drame.

Aujourd'hui ce sont ses funérailles.

Mais je ne peux pas... Je ne veux pas y croire. Je frissonne à l'idée de revoir son corps sans vie. Parce que je ne sais pas comment je vais réagir.

Je remonte la fermeture eclair de ma longue robe noir et me regarde dans le miroir. Morte. C'est de quoi j'ai l'air.

- Алмаз... (diamant)

Mes yeux se dirigent vers le reflet d'Ivan à travers le miroir. Il était vetu d'un ensemble noir. Les yeux rougis, comme s'il avait pleurer.

Il s'avance vers moi pour finalement poser ses mains sur mes épaules. Il murmure qu'il est désolé...

Mais ça ne changera pas ce qu'il c'est passé. Ça ne le ramènera pas... Jamais.

...

Nous nous tenions là, moi, Cade, Niguel, Ivan et ses hommes. Devant le cercueil où repose le corps pâle de Cassian. Ses yeux clos, il ne verrait plus jamais la lumière du jour.

Et je suffoquais. J'étouffais dans cet air en voyant Cade s'effondrer par terre et Niguel se précipiter pour le rattraper. Parce que ça rendait le moment encore plus réel.

Ça me faisait comprendre que rien ni personne ne pouvait changer la donne. Que je ne peux pas prendre sa place pour le remettre sur pieds.

Il était l'heure des derniers adieux. Et égoïstement je voulais être la dernière à quitter ses funérailles. Je ne voulais pas ouvrir la porte des discours.

Je tourne la tête vers Ivan quand je sens sa prise sur ma main se desserrer. Il ne me regarde pas. Il avance tout droit, se frayant un passage vers le cercueil de Cassian.

Il baisse la tête et dos à nous, il reste debout ainsi pendant de longues secondes. Je ne pourrais pas dire s'il pleure ou non.

- J'ai longtemps pensé que ce monde n'était que chaos et malédiction... Que dans cet enfer il n'y avait rien de bon...

Il ne se retourne pas vers nous pourtant les paroles nous sont destinés.

- Quand je n'étais encore qu'un adolecent, ce sont deux garçons, des jumeaux qui me sont venues en aide... Quand je leurs ai demandé de m'aider à retrouver la femme que j'aime, un des deux n'était pas d'accord. C'était le plus grand, le plus fort aussi, il disait que c'était trop risqué et que si mon père le découvrait, cela les mettrait en danger. Le petit, qui n'avait pas la force de son frère, était bien plus malin et intelligent que nous tous. Il a insisté pour m'aider et le grand a fini par céder. Ce n'est que plus tard que j'ai appris leur nom... Cade et Cassian. Cassian était l'enfant fou, celui qui amusait la galerie, qui ne montrait jamais ce qu'il avait dans le cœur... Et pourtant, c'était le plus sensible de nous tous. Et maintenant il est parti...

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