39 | Right person...

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RAVEN

Devant l'hôpital psychiatrique, j'admire de l'extérieur ces personnes qui ont eu le courage de s'abandonner aux médecins. Ces médecins qui jour après jour endort leur subconscient sans jamais les laisser s'exprimer.

Est-ce que je serais capable d'y rester seulement une semaine ?

Je pense que la question est vite répondue.

Mais ma génitrice, elle, habite cette demeure morbide depuis cinq ans... Cinq ans durant lesquels son cerveau n'a pas pensé à moi... Ne s'est jamais demandé pourquoi je m'étais volatilisé.

Ivan m'a expliqué que lui et son père l'ont incarné ici après qu'elle eut fait une overdose. Un sourire agacé étire mes lèvres... C'est cette même substance qu'elle m'envoyait chercher chez son dealer alors que je ne savais même pas ce qu'était l'amour d'une mère.

Beaucoup ne comprendront pas ce que je m'apprête à faire. Parce qu'une mère reste une mère, disent certains. Le lien du sang passe avant tout, aussi dur qu'elle soit.

Mais ma vision des choses était autre.

On ne peut attitré le rôle d'une mère à une femme seulement et seulement si elle en rempli les fonctions. Ma génitrice, elle... Ne m'a jamais dit je t'aime, ne m'a jamais embrassé, ne me nourrissais pas, ne m'accordait pas même un regard quand je rentrais des cours.

Mais Ivan l'a fait. Il me disait je t'aime, embrassait mes joues mouillées quand j'allais en courant chez lui après que ma mère m'ait frappée, m'attendait à la fin des cours quand il terminait plus tôt avec un sac rempli de nourriture et plus que tout, m'observait comme si j'étais la chose la plus merveilleuse dans ce sombre monde.

Amelia Savin est une femme qui n'aurait jamais du mettre un enfant au monde. Mon geniteur, anciennement le compagnon de celle-ci, s'est tiré quand il a vue à quel point ma mère était folle... Mais à aucun moment ne s'est dit « Et si j'emmenais ma fille avec moi ? ». Voila comment je n'ai jamais connu l'existence de ce que je suis censé appeler papa dès l'âge de trois ans.

À l'entrée du collège j'ai dû rapidement aller voir un psychiatre, à l'école j'étais un enfant assez calme de nature mais dès que quelqu'un s'approchait trop de moi, je devenais violente. Je n'avais pas d'amis, tout le monde avait peur de moi parce qu'en primaire, les peu de fois où ma mère était venue me chercher à la fin des classes, elle était défoncé et il était même arrivé qu'elle me gifle devant tout le monde. Depuis, au collège les rumeurs se sont rapidement répandues à mon sujet...

Le diagnostic est tombé rapidement... À l'époque ma mère qualifiait ça comme « un probleme du cerveau » et me répétait sans cesse que j'étais un monstre, que même être comme les autres je ne savais pas le faire ou encore que j'étais tout simplement folle.

Moi je ne comprenais pas ce que j'avais, naïve que j'étais. Les cours ne m'arrangeaient rien car après le collège je devais vite rentrer à la maison pour prendre soin de ma mère. Avant je me disais que c'était juste une phase, que ça s'arrangerait.

Puis le manque d'énergie, la fatigue se remarquait de plus en plus sur mon visage. Soit je passais la nuit à rester éveillée, soit je dormais comme une masse, tant que ma mère ne le remarquait pas.

Très tôt j'ai commencé à voir la mort comme ma seule porte de sortie.

Jusqu'au jour où Ivan est entré dans ma vie. Dès que le monde a vu l'intérêt qu'il me portait, plus de murmure incessant dans les couloirs, plus de regards mauvais en cours et surtout... Il a remarqué dès le premier coup d'œil que je n'allais pas bien.

IGOR Where stories live. Discover now