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RAVEN | Dix-huit ans plus tard.

- Ensuite?

On est toujours assis au même endroit. Tous les ans.

Il s'allonge sur le dos, il s'en fiche des regards qu'on peut lui porter dans ce lieux qui n'est pas fait pour se... Détendre. Mon coeur bat fort, je veux connaitre la suite... Je ne peux y croire.

- Ensuite? répété-je.

- Ensuite, deux ans se sont écoulés... Il n'a plus jamais été le même. Il faisait des cauchemars tous les soirs, il avait perdu du poids, il se laissait mourir...

Mes larmes coulent... Pourquoi ça me fait si mal? Comme si j'étais à sa place.

Lui aussi pleure, sa voix tremble. Je déglutis, le vent souffle sur nous.

- La bratva... Elle s'est dissoute petit à petit... Il vendait toutes les parts, il ne voulait plus rien avoir avec ce monde. Il a mis du temps à bien faire le travail pour qu'aucun de ses proches ne soit touché par les événements. La dernière chose qu'il voulait, c'était que ces hommes soient en danger une fois que tout soit terminé.

Il se lève et dépoussière son jean avant de me tendre la main. Je la prends. On regarde devant nous, je veux le fin mot de l'histoire.

- Il ne lui restait plus qu'un seul ami. Un seul, les autres étaient morts ou l'avaient trahi. Un jour... un jour, cet ami est allé le réveiller comme tous les jours. En entrant dans la chambre, il a retrouvé le corps de son ami par terre, sans vie. Il est tombé à côté du corps, Ivan ne respirait plus. Il s'était enlevé la vie... En s'empoisonnant.

J'étouffe un sanglot.

- Non... dis-je en pleurs.

Il hoche la tête.

- Ivan était étalé sur le sol, avec une photo de sa femme contre la poitrine. Mais il avait laissé une lettre... Tu veux la connaître?

Je secoue la tête en signe de négation pourtant le paradoxe est tel que ma bouche prononce autre chose.

- Dis moi...

La bile monte dans ma gorge, j'ai envie de vomir. On vient ici tous les ans, mais c'est la première fois qu'il me raconte l'histoire. Je ne me suis jamais douté d'une telle tragédie. Finalement... Je pense que j'aurais préféré ne pas savoir.

- Je sais que c'est toi, qui trouvera cette lettre ce matin. N'essaye pas de me sauver, laisse moi la rejoindre. Ça fait tellement longtemps que j'ai attendu ce moment, alors laisse moi saisir cette opportunité. Mais je te remercie, toi, mon fidèle homme et ami, je te remercie d'avoir été à mes côtés pendant tout ce temps. Pardonne moi de te laisser seul. Pardonne moi de ne plus pouvoir être là pour toi, même si soyons honnête, cela fait longtemps que je suis mort. Prends tout ce qui m'appartient, fonde une famille, continue ta vie... Et n'oublie jamais qu'on veillera sur toi...

Il commence à pleuvoir et je me demande si c'est fait exprès. Je me demande s'il pleure sous les gouttes d'eau qui s'écrasent sur son visage. Moi, je ne cache pas la douleur qui assaille ma poitrine, qui m'empêche de respirer.

- Parce que c'est ce qu'on est... Ta famille.

Je secoue la tête de droite à gauche comme si c'est moi qui suis en train de mourir.

- Papa... Ça fait mal... J'ai tellement mal au coeur....

Il penche la tête sur le côté et ses sourcils se tordent d'un air compatissant. Ses yeux sont rougis, je regarde sa pupille blanche, il est aveugle de l'œil gauche. Je me suis toujours demandé comment il est devenu aveugle car il m'a affirmé qu'il n'a pas toujours été handicapé de cet œil.

IGOR Where stories live. Discover now